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La Izquierda Diario
1er de février de 2018 Twitter Faceboock

10 000 manifestants à Paris
De Jussieu à la Sorbonne : en marche contre la sélection !

« Vider le plan Vidal ». Comme on pouvait le lire sur des pancartes, depuis l’université de Jussieu jusque la place de la Sorbonne, les personnels de l’éducation des universités et des lycées, les étudiants et lycéens, ont battu le pavé pour s’opposer à la sélection à l’université et la réforme du lycée et du bac. Des revendications et une mobilisation unitaire qui lance les festivités contre le projet d’éducation Made in Macron. Reportage dans les cortèges à Paris.

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« En 1986, un projet de sélection similaire tenté d’être mis en place à l’Université. C’était le projet Devaquet. Et ce projet a été enterré devant la mobilisation massive des étudiants et des lycéens. Il ne faut pas se résigner. Ça montre bien que la mobilisation ça peut fonctionner ! » Julia, militante au NPA sur la fac de Jussieu-Paris VI, cherche à convaincre les étudiants qui prennent place dans l’amphithéâtre de les rejoindre pour la manifestation qui démarrera à 14h devant la fac. « Plus de sélection à l’entrée de la fac, mais aussi dans la fac, avec la suppression des rattrapages : comment vont faire les étudiants qui doivent travailler ? ». Quelques étudiants décident discrètement de se joindre au groupe de militants qui fait le tour des amphis, souvent avec l’aval de l’enseignant prêt à commencer son cours. Ils sont pour l’instant peu nombreux. Il faut dire que dans cette université de sciences, une des meilleures de France, peu concernée par le risque de devenir la « fac poubelle » suite à la mise en concurrence des universités que devrait renforcer le plan Vidal, la mobilisation démarre en douceur.

Ce matin, en Assemblée Générale, c’est une soixantaine de personne, personnels enseignants, administratifs et surtout étudiants qui ont échangé sur le contenu de la loi « Orientation et Réussite des Etudiants », le plan Vidal, qui instaure Parcoursup et supprime le principe de non-sélection des bacheliers du code de l’éducation, ouvrant la voie au tri à l’entrée des facs. En effet, rien à voir pour l’instant avec les Assemblées Générales monstres qui ont rassemblé plus de 1000 personnes à l’université du Mirail à Toulouse, ou encore celles de Paris I qui a fait salle comble avec près de 800 mobilisés. Ces derniers ont rejoints la place de Jussieu depuis la rue de Tolbiac, emportant sur leur passage les lycéens de Claude Monet qui jouxte le centre PMF.

14h, Jussieu, le cortège s’organise. Devant on retrouve la Coordination Nationale de l’Education, un cortège intersyndical et unitaire regroupant les organisations syndicales de l’enseignement supérieur – le Snesup-FSU, la CGT Ferc’, FO, Sud Education – et des organisations lycéennes et étudiantes –Unef, UNL, Solidaires Etudiants. C’est de cette coordination qu’a émané l’appel du 20 janvier qui a lancé la date du 1e février. Des enseignants-chercheurs, des sociologues de l’ASES, l’association de Parents d’Elèves, la FCPE, s’étaient également joints à cet appel, élargissant le cadre initial et appelant de nouveau à se mobiliser au côté des enseignants du secondaire, le 6 février prochain.

Même si le SNES-FSU, syndicat majoritaire du secondaire n’avait pas appelé à la grève ce 1er février – préparant la contestation de la réforme du baccalauréat et la réforme du lycée pour le 6 février – étaient présents plusieurs enseignants du secondaire. A Vitry et Ivry, depuis quelques jours, les lycéens et enseignants sont largement mobilisés. En Seine-Saint-Denis, plusieurs établissements ont été touchés par la grève des enseignants qui s’opposent, parfois avec leurs élèves, à la sélection. « C’est prêt d’un tiers des enseignants qui ont voté la grève mardi dernier en heure d’information syndicale » assure cette enseignante d’allemand au lycée Mozart. « Même si on peut considérer notre équipe comme mobilisée, c’est tout à fait exceptionnelle. De même que le blocage du lycée Jean Moulin, voisin ». Elle refuse le principe de la sélection qui va particulièrement toucher ses élèves, mais également la réforme du lycée : « moi je suis prof d’allemand. Cette réforme, c’est la fin du groupe classe avec des possibilités de changement à chaque semestre, la fin de l’organisation en équipe pédagogique. C’est une désorganisation dans la continuité pédagogique qui s’applique déjà à la fac, avec les dégâts que l’on connait. » Pour le bac, tout en reconnaissant qu’il n’est pas idéal en l’état, elle assure que son caractère national constitue un « garde-fou. Le danger, c’est le bac local, qui n’a pas d’autres objectif que d’être moins couteux et de trier les élèves par leur établissement d’origine ».

Quelques enseignants de Drancy sont également venus manifester. E., prof de français reconnait qu‘au « Lycée de Drancy, les enseignants n’étaient que quelques uns en grève aujourd’hui. Mais les choses se préparent pour mardi prochain. Dans le collège Jorissen voisin, ce sont les parents qui se mobilisent contre la baisse des DHG (Dotations Horaires Globales) qui sont en baisse. Demain, il y aura une opération collège désert. Les parents n’enverront pas leurs enfants à l’école pour soutenir les enseignants dans leur mobilisation ». Parmi les établissements les plus mobilisés, le lycée Utrillo de Stains en Seine-Saint-Denis également, bien visible avec sa banderole et les lycéens dynamiques qui les accompagnent. C’est le réseau « Touche Pas à ma Zep » mobilisé depuis deux ans contre la suppression des moyens supplémentaires pour les lycées qui s’est réactivé ce jeudi. Mais de nouveaux secteurs se mettent également dans la bataille, notamment avec des enseignants travaillant dans les lycées de Seine-et-Marne, de Mitry-Claye et de Provins.

Même constat parmi les étudiants, la mobilisation a pris massivement dans des universités qui s’étaient peu mobilisées lors de la loi travail. Au-delà de Paris 1 et Paris 8, très actives contre la loi Travail, on trouve parmi les rangs des manifestants des cortèges de l’Institut des Hautes Etudes en Amérique Latine (IHEAL), ou encore Paris V, et Paris XIII- Villetaneuse. L’Unef, grande absente des mobilisations de septembre 2016 sous François Hollande, fait elle aussi son grand retour avec un cortège fourni dans la manifestation… Mais c’est surtout autour de la question de la suppression des rattrapages que l’organisation étudiante proche du Parti Socialiste cherche à mobiliser. Beaucoup moins sur l’enjeu de la sélection disent ses détracteurs.

Enfin, à l’avant, c’est aussi le « cortège de tête » qui se remet en selle au son des « Anti-anti-anti-capitalistes ! » en décalage avec le corps des revendications concernant l’ouverture à l’éducation, et contrebalancés par les cortèges par facs, structurés et dynamiques qui battent le pavé quelques mètres derrière et cherchent à se regrouper.

La pluie vient dissoudre la manifestation, restée stagnante quelques temps boulevard Saint-Michel, plus que les lacrymos des CRS, vers les coups de 16h. Mais la suite se passe ailleurs. Le soir même d’abord, à 18h pour une Assemblée générale inter-facs à la bourse du travail appelée par les étudiants de Paris 1 et qui a réuni 300 personnes. Mardi 6 février prochain, surtout. Pour poursuivre dans la rue le combat avec les enseignants du secondaire et construire la jonction.

 
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