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La Izquierda Diario
5 de février de 2018 Twitter Faceboock

Edito jeunesse
Le 6 février, descendons dans la rue contre le plan étudiant !
Enora Lorita

Malgré les tentatives acharnées du gouvernement pour faire passer coûte que coûte le plan Vidal, un vent de contestation souffle sur les lycées et les universités. Mardi 6 février, à l’appel d’une large intersyndicale, les professeurs, personnels, étudiants et lycéens seront en grève partout en France.

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Mettre l’université au service du patronat

Le gouvernement a mis beaucoup d’efforts pour que la réforme qu’il s’apprête à imposer dans le secondaire et le supérieur passe comme une lettre à la poste : mise en avant du caractère « injuste » du système actuel, dégradation des conditions d’études qui nécessiterait de sucrer des places à l’université, un soi-disant choix plus grand pour les étudiants ou encore le principe de méritocratie. Autant d’arguments fallacieux pour légitimer les attaques d’ampleur qui nous attendent. Car nul ne peut contester que l’université d’aujourd’hui ne fonctionne pas, et c’est l’argument principal qui est mis en avant par le gouvernement. Mais ce constat n’est que la conséquence d’une réduction croissante des moyens accordés à l’éducation qu’ont opéré les gouvernements successifs. Le chômage des jeunes ne se résoudra aucunement par la solution qu’apporte Macron.

La logique globale dans laquelle aimerait s’inscrire le gouvernement, c’est celle du processus de Bologne qui, à échelle européenne, met l’Enseignement Supérieur au service du patronat. Le projet est très clair : transformer les universités en des lieux compétitifs et élitistes, en sélectionnant les élèves en fonction de critères, en fin de compte sociaux, et réformer le baccalauréat pour renforcer la ségrégation sociale, le tout en réduisant les budgets. La volonté d’aligner la France au niveau d’autres pays européens, tel que l’Italie, qui ont déjà franchi le cap de la transformation complète de l’université, apparait clairement dans un rapport divulgué à la presse, dont s’est inspiré le gouvernement pour le plan Vidal. Dans ce texte, écrit par Robert Gary-Bobo et remis à l’équipe de campagne d’En-Marche lors de l’élaboration de son programme pour les présidentielles, ce dernier expliquait par exemple qu’il était nécessaire d’augmenter les frais d’inscriptions des étudiants à l’université jusqu’« entre 4000 et 8000 euros par an et par étudiant ». Si les plus précaires n’ont aujourd’hui déjà pas leur place sur les bancs de la fac, demain, ce qu’il reste de l’université de masse sera complètement rayé de la carte.

Mise en place d’une sélection sociale

Alors que le gouvernement refuse toujours d’évoquer le mot « sélection », les critères et les attendus, récemment publiés, parlent d’eux-mêmes et vont figer définitivement une reproduction sociale déjà bien ancrée à l’université.

Cette sélection sera enclenchée dès l’entrée au lycée, comme l’a confirmé le rapport de Pierre Mathiot, rendu au ministre de l’Education nationale la semaine dernière. Les licences L, ES, S seront supprimées au profit d’un « tronc commun », complété par des combinaisons de matières proposées par chaque établissement. Dès le second semestre, les élèves de seconde devront se spécialiser. Le baccalauréat subira également une refonte : alors que l’examen permettait un alignement des diplômes des lycéens quel que soit leur établissement, le gouvernement souhaite instaurer un contrôle continu qui constituera 40% de la note finale. Ces transformations seront une façon de pousser les lycées à la concurrence, et enfermeront les élèves dans une ségrégation sociale accrue. Car le diplôme d’un élève d’un lycée d’élite ne sera évidemment plus l’équivalent de celui d’un lycée moins réputé aux yeux des universités.

La logique est également d’instaurer un contrôle permanent sur les lycéens car les professeurs devront remplir une « fiche avenir » qui déterminera leur acceptation dans les études supérieures. Une façon pour le gouvernement de canaliser la jeunesse et de la mettre au pas, dans la même logique que l’instauration du service militaire obligatoire qui sera mis en place très vite, comme l’a récemment rappelé le président. A cette fiche avenir se cumuleront des critères et des attendus pour chaque filière. Par exemple, avoir « goût pour le voyage » ou encore « disposer d’un très bon niveau rédactionnel », qui montrent une fois de plus le tri que veut faire Macron à l’université, évinçant les enfants des classes populaires.

Et même une fois sélectionnés, les étudiants devront se plier à une « licence modulable », qui renforcera le fossé entre les facs d’élites et les facs poubelles individualisant chaque diplôme, et qui enlevera aux étudiants le droit des compenser leurs différentes unités d’enseignement (UE) pour valider leur semestre, ainsi que le droit aux rattrapages et au redoublement. La réforme du lycée et celle de l’université sont donc en réalité les deux faces d’une même pièce.

Le 1er février était une réussite : continuons le combat !

Le gouvernement tente de mettre toutes les chances de son côté pour faire passer sa réforme, en agissant très vite, demandant aux enseignants de mettre en place la nouvelle plateforme qui remplace APB, « Parcoursup » dès cette année alors que la nouvelle loi n’est pas encore entrée en vigueur. Et pour cause, Macron est plus que conscient du caractère imprévisible, mais surtout indomptable des mobilisations lycéennes et étudiantes qui sont très difficiles à canaliser, et qui ont prouvé par le passé qu’elles sont souvent l’étincelle qui déclenche des mobilisations d’ampleur.

Le refus massif du plan Vidal commence à faire peur au gouvernement. Le 1er février avait lieu la première date de mobilisation nationale, qui fut une réussite, notamment à l’université du Mirail à Toulouse qui se sont réunies 1200 étudiants et personnels en Assemblée générale, ou encoreà Paris 1 qui a rempli un amphithéâtre de 700 étudiants, professeurs et personnels pour discuter des revendications, et d’un plan pour gagner. Plus de 20 000 personnes ont manifesté partout en France : des mobilisations ont également eu lieu à Marseille, Bordeaux, Montpellier, Rouen ou encore Caen. Dans des dizaines d’universités les traditions de mouvement et d’auto-organisation se réactivent par des assemblées générales, et les organisations politiques unissent leurs forces contre le plan étudiant. Mardi 6 février, à l’appel de Sud éducation, Snes-FSU et SNFOLC-FO, ainsi que des syndicats étudiants et lycéens, les professeurs, personnels, étudiants et lycéens seront en grève. Des assemblées générales sont d’ores-et-déjà planifiées pour préparer la journée, et une coordination nationale programmée à jeudi.

A plusieurs reprises, des gouvernements ont tenté d’instaurer la sélection à l’université, à l’image de Devaquet dont le décès a fait naître le slogan : «  Devaquet est mort, enterrons l’université !  ». C’est en construisant un mouvement massif où marchent ensemble étudiants, professeurs, personnels, enseignants-chercheurs et lycéens que nous pourront faire échouer le plan étudiant sans négociation, à commencer demain, mardi 6 septembre, dans la rue !

 
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