http://www.revolutionpermanente.fr/ / Voir en ligne
La Izquierda Diario
13 de février de 2018 Twitter Faceboock

Édito jeunesse
Dans la rue le 15 contre la sélection : Nous ne sommes pas de la chair à patrons !
Anna Ky

Façonner une main d’œuvre bon marché, adaptée aux besoins du patronat : voilà l’objectif affiché du plan étudiant, récemment adopté par le Sénat. Jeudi 15 février, nouvelle date de mobilisation, sera l’occasion de battre à nouveau le pavé contre la sélection sociale en marche forcée.

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/Dans-la-rue-le-15-contre-la-selection-Nous-ne-sommes-pas-de-la-chair-a-patrons

Cela fait de longues décennies que les gouvernements successifs cherchent à adapter le flux d’étudiants et les diplômes aux besoins du patronat, après que mai 68 a ouvert en grand les portes de l’université. C’était notamment le cas dès 1986 avec la loi Devaquet, mais la mobilisation massive de la jeunesse et la mort de Malik Oussekine mettront temporairement un terme aux projets du gouvernement.

Pourtant, depuis les années 2000 et avec l’application du processus de Bologne (les lois LRU 1 et 2, la fusion des universités…) c’est l’intégralité des acquis de la jeunesse en matière d’accès à l’enseignement supérieur qui est foulé au pied, au profit du patronat. L’amendement à la loi ORE (Orientation et Réussite des Étudiants) voté par le Sénat, qui veut contingenter les filières en fonction du marché, n’est qu’un pas supplémentaire en ce sens. Le pas de trop ?

Le gouvernement veut nous faire croire qu’il n’y a plus le choix, l’université est en crise, elle étouffe. La sélection via Parcoursup et les attendus seraient la meilleure solution pour éviter le tirage au sort et ainsi garantir plus de justice aux bacheliers qui veulent intégrer l’université. Mais qui peut parler de justice quand on sait que l’accès aux études supérieures est déjà un parcours du combattant pour les jeunes issus de milieux populaires ? Et quelle est cette crise de l’université, si ce n’est l’asphyxie consciemment orchestrée par les gouvernements en investissant à budget constant alors que le nombre d’étudiants croît chaque année ?

C’est une rhétorique similaire qui vient justifier un amendement polémique à la loi ORE voté par le Sénat. Un discours qui voudrait nous faire croire que le problème du décalage entre le nombre de diplômés du supérieur et leur embauche, le problème du chômage, découle avant tout du manque d’adaptation de l’enseignement supérieur aux besoins du marché du travail. « La modification des capacités d’accueil prend en compte les taux de réussite et d’insertion professionnelle observés pour chacune des formations » décrète l’amendement présenté par Jacques Grosperrin (LR) et adopté en suivant.

Mais là encore, il ne s’agit certainement pas d’assurer à tous les étudiants un enseignement de qualité et encore moins de répondre à la question du chômage. Cet amendement va dans le sens de fouler au pied l’idée d’un enseignement libre et gratuit, critique, et accessible à tous. Il subordonne toujours plus l’université aux besoins du patronat, et va servir de prétexte à la fermeture de nombreuses filières jugées « non rentables ». Fermetures de filières qui vont engendrer des suppressions de postes, continuant à dégrader les conditions de travail de celles et ceux qui œuvrent au bon fonctionnement de l’université – les enseignants mais aussi et surtout les personnels BIATSS.

Un amendement qui va toujours plus loin dans l’ignominie et le saccage des conditions d’études et de travail, qui vise à faire des universités des usines à mains d’œuvre adapté aux besoins de Vinci, EDF, Airbus et autres grandes firmes, au détriment d’une université publique qui dispense un savoir critique, accessible à tous.

Pourtant, des solutions existent, face à une sélection injuste et à un manque de moyens évident. C’est la construction de nouvelles universités, l’embauche de nouveau membres du personnel et pour ce faire, un investissement massif de l’État dans l’enseignement supérieur. Et la solution au chômage de masse, ce n’est pas de réduire le nombre de diplômés du supérieur ou d’adapter les études selon le bon vouloir du patronat, mais c’est la réduction du temps de travail, de répartir le temps de travail entre toutes et tous. Car, alors que des milliers de sans-emplois attendent désespéramment qu’un poste se libère, certains triment plus de 45 heures par semaine.

Brisons le cou à cette logique qui voudrait que ce soit normal d’être mis sur le banc de touche quand on est enfant d’ouvriers, qui voudrait transformer les universités en entreprises. Ce n’est pas à nous de payer leur crise !

Et pour cela, comme c’est le cas dans plusieurs lycées et facs de France, il faut s’organiser pour préparer la riposte. La prochaine date de mobilisation dans l’éducation est déjà posée, et il s’agit de s’y retrouver en nombre pour contrecarrer les attaques du gouvernement et porter nos revendications.

Rendez-vous le 15 février contre la loi ORE, la sélection, la casse de l’enseignement !

Crédits photo : FIDL

 
Revolution Permanente
Suivez nous sur les réseaux
/ Révolution Permanente
@RevPermanente
[email protected]
www.revolutionpermanente.com