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La Izquierda Diario
14 de février de 2018 Twitter Faceboock

Culture du viol et consentement
Viol de Sarah, 11 ans : Le tribunal correctionnel demande de requalifier les faits en viol
Lili B

En avril 2016, un homme âgé de 28 ans a violé Sarah, une fillette de 11 ans. Face à l’évidence des faits : viol et abus de faiblesse, la justice avait pourtant requalifié les faits d’« atteintes sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans », considérant en effet que Sarah était consentante car cette dernière avait... subi l’acte sans protester. Ce mardi, le tribunal de Pontoise a finalement renvoyé l’affaire au parquet, lui demandant de requalifier les faits en viol. « Une victoire » pour la famille de Sarah, qui n’est que le début du long parcours du combattant auquel s’affronte les victimes de viol pour obtenir justice.

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Ce mardi, se tenait au tribunal de Pontoise le procès de cet homme de 28 ans, qui a violé en avril 2016 Sarah, âgée de 11 ans au moment des faits. Ce dernier était en connaissance de l’âge de sa victime, et a profité justement de l’autorité dont il jouissait en tant qu’adulte face à cet enfant. Ainsi, ce dernier a abordé Sarah à plusieurs reprises aux abords de son collège, l’a emmené jusqu’à chez lui, lui a demandé à deux reprises qu’elle lui fasse une fellation, puis l’a pénétré. Tout en l’enjoignant ensuite à taire ce qu’il venait de se passer et de n’en parler à personne... Alors qu’il paraît évident qu’une fillette de 11 ans ne peut avoir de relation sexuelle consentie avec un homme de 28 ans, et que les faits témoignent bel et bien d’un abus de faiblesse et d’un viol, le parquet de Pontoise en avait quant à lui décidé autrement, jugeant que Sarah était consentante, requalifiant les faits en « atteinte sexuelle envers mineurs de moins de 15 ans ». D’où le procès en correctionnel et non aux assises. Sarah avait été considérée comme consentante car elle avait subi le viol sans signe de protestation... Est ce qu’un quelconque magistrat a essayé de chercher des explications psychologiques ou psychiques au silence de la victime, telle que la sidération ou la dissociation, phénomènes qui envahissent les victimes de violences sexuelles et qui aboutissent à une totale paralysie ? Non, car pour la justice française, se taire, subir, c’est consentir.

Mais face à l’insistance de l’avocate de Sarah et de sa famille de requalifier les faits en viol par surprise et par contrainte morale en raison de leur différence d’âge, l’abus de faiblesse étant ici mis en avant, mais également face aux diverses voix qui se sont indignées face à cette décision de justice – associations, personnalités politiques, un appel a par ailleurs émergé sur Marianne, posant la question de la nécessité d’introduire dans le droit français un âge minimum de consentement (13 à 15 ans) à l’acte sexuel, qui n’existe pas aujourd’hui, ce qui constitue une exception juridique française et une possibilité pour la justice de couvrir les violeurs, en requalifiant ici le viol d’« atteinte sexuelle sur mineurs de moins de 15 ans » – le tribunal correctionnel de Pontoise a aujourd’hui demandé au parquet de requalifier les faits en viol, se déclarant de ce fait incompétent et ajournant le procès. Selon l’avocate de la plaignante, le « parquet va vraisemblablement devoir désigner un juge d’instruction pour mener une enquête plus approfondie sur le dossier », et « les magistrats se poser la question du viol », poursuit-elle.

Une enquête approfondie sera menée auprès de l’entourage de l’agresseur et de Sarah, avec des « enquêtes de personnalités », menées entre autre par des experts psychiatres et des psychologues. A savoir par ailleurs que, dans les affaires de violences sexuelles, ces « enquêtes de personnalités », ont été plus d’une fois utilisées contre la présumée victime. Dans le cas même de cette affaire, l’avocat de l’agresseur a en effet souhaité exposer à l’audience certains « traits de personnalité de Sarah », dessinant le portrait d’une « fille très connectée sur les réseaux sociaux, qui a admis avoir correspondu avec des garçons en envoyant des photos où l’on distingue sa poitrine et en provoquant la conversation sur le plan sexuel  ». Ceci dans le but de responsabiliser en quelque sorte la victime : l’idée d’une provocation, le fameux « elle l’a cherché... ». Une défense abjecte mais classique.

Toute cette affaire n’est qu’une illustration supplémentaire et criante de la culture du viol qui structure notre société patriarcale, et de la manière dont les violences sexuelles y sont traitées. Pour commencer, la classique banalisation et sous estimation des violences sexuelles, de leur gravité : le viol, considéré comme un crime dans le droit français, étant ici requalifié en délit, ce qui fait passer la peine que le violeur encourt de 20 à 5 ans d’emprisonnement. Si ici l’affaire a fait du bruit au sein de l’opinion publique, suscitant de nombreuses indignations et réactions, légitimes et compréhensibles au vu des faits – la présomption de culpabilité infligée aux victimes de violences sexuelles, qui sont jugées comme responsables par la société, les médias, la justice, est d’autant plus choquante et difficile à accepter et avaler lorsqu’elle s’abat sur des enfants - celle-ci n’est en réalité pas une exception et reflète un fait structurant à notre société : une justice qui se fait le relai et le maintien de l’ordre social dominant et qui se range de ce fait, quasi systématiquement du côté des agresseurs, leur accordant une impunité qui est l’un des socles permettant aux violences sexuelles de se maintenir. Loin d’être une exception, le cas de Sarah met donc en avant une réalité prégnante : celle de la culture du viol, maintenue et véhiculée par les institutions comme la justice, l’Etat, les médias.. Une réalité mise sur le devant de la scène ces derniers jours, avec la suite du procès du viol de Sarah, mais également les affaires de Darmanin et Hulot, qui, accusés de viol, reçoivent le soutien inconditionnel du gouvernement. 


Crédits : LP/Marjorie Lenhardt

 
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