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La Izquierda Diario
20 de février de 2018 Twitter Faceboock

Battage médiatique et langue de bois
Épinglé pour ses propos polémiques, Wauquiez tente de rebondir
Anna Ky

Le numéro un des Républicains se trouve au cœur d’une tempête médiatique depuis plusieurs jours. Le Quotidien de Yann Barthès a diffusé des propos qu’il a tenus devant une classe d’étudiants en école de commerce à Lyon en fin de semaine dernière. Mais Wauquiez essaie désormais de tourner la situation à son avantage.

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A l’heure où Macron détruit l’université, les étudiants privilégiés d’EM Lyon ont eu le plaisir d’entendre Wauquiez s’épancher sur sa classe politique… Pour le plus grand bonheur des micros du Quotidien également.

Loin du « bullshit » que Wauquiez peut « sortir sur un plateau médiatique »

Jeudi et vendredi dernier, Laurent Wauquiez, patron des Républicains, était l’invité de l’école de commerce EM Lyon, où il donnait un cours à des étudiants volontaires. Malgré l’apparente volonté de discrétion quant au contenu de ce séminaire, c’était sans compter les micros du Quotidien, l’émission animée par Yann Barthès sur TMC.

« Il faut que tout ce que je dise reste entre nous, annonce d’emblée le numéro un des Républicains aux étudiants. Parce que sinon, ça ne peut pas être un espace de liberté et ce que je vais vous sortir sera juste le bullshit que je peux sortir sur un plateau médiatique. » Raté, puisque dès vendredi, sur le plateau de TMC, des extraits sont diffusés.

Et le moins qu’on puisse dire, c’est que tout le monde en prend pour son grade. De Valérie Pécresse aux députés En Marche, en passant par Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, les médias s’en sont donné à cœur joie pour décrypter les attaques virulentes de Laurent Wauquiez envers tout et tout le monde, et à plus forte raison, contre son propre camp politique.

On notera en passant que s’il attaque les hommes politiques sur le fond et la politique qu’ils mènent – par exemple Juppé qui a « cramé la caisse […], fait exploser l’endettement » à Bordeaux – se contente quand il s’agit de taper sur des femmes d’évoquer leur physique ou leur bêtise. Ainsi, Laurent Wauquiez déclarait devant une salle d’apprentis managers que « pour trouver du charisme [à Angela Merkel], il faut vraiment se lever de bonne heure », ou s’exclamait à propos de Valérie Pécresse : « Ah, le nombre de conneries qu’elle peut faire ! ». Un modèle de féminisme et de finesse, donc…

De grands discours dans de grandes écoles

Cette polémique n’en finit pas d’enfler, bien que les étudiants eux-mêmes aient essayé de la désamorcer durant le week-end. En effet, à l’initiative des futurs managers et autres cadres supérieurs ayant assisté au « cours » de Laurent Wauquiez, une tribune a circulé sur les réseaux sociaux, revendiquant les propos tenus par ce dernier.

L’émission Quotidien « compile des phrases choc, uniquement destinées à alimenter un buzz qui ne reflète en aucun cas le corps principal du cours qui concernait des sujets aussi vastes que l’histoire des médias, la formation de l’État-nation à travers les siècles ou le fonctionnement d’un conseil régional. De plus, ces phrases s’inscrivent dans les réponses aux questions que nous lui posions, sur un ton au moins équivalent » peut-on lire dans cette tribune.

Quoi qu’il en soit, on peut se demander si Wauquiez aurait tenu les mêmes propos face à des étudiants lambda, n’ayant pas payé 15 000 € leur année d’études. Car cette affaire est également révélatrice de ce qui se dit, ce qui s’enseigne dans les grandes écoles de commerce, haut lieu de reproduction sociale, formateur de hauts fonctionnaires d’État et de futurs PDG.

Laurent Wauquiez compte bien profiter des projecteurs

En définitive, Wauquiez pourrait bien tourner la situation à son avantage. Invité sur BFM et interviewé par Ruth Elkrief, il a tenté de se faire passer pour la grande victime de ce « procès médiatique », dénonçant la « violence et la manipulation » des journalistes. Il a longuement insisté sur le soi-disant « deux poids, deux mesures » des médias, qui épargneraient Macron tandis que lui serait devenu l’homme à abattre.

Après avoir déclaré qu’il assumait ses propos (à l’exception de ses déclarations vis-à-vis de Nicolas Sarkozy, auprès de qui il s’est excusé, leur base électorale étant trop similaire pour se la mettre à dos), Laurant Wauquiez a déclaré sur le plateau de BFM : « je n’ai pas insulté les Français, je ne suis pas Emmanuel Macron […] je défends les classes moyennes ».

Enfin, et par de nombreuses pirouettes, il a essayé de retourner sur son terrain de prédilection, « le terrorisme » et le manque de fermeté du gouvernement à ce propos. Ainsi, tirant à boulet rouge sur ses adversaires politiques et le gouvernement, mis en avant sur la scène politique et médiatique, Laurent Wauquiez tente de tirer son épingle du jeu et de préparer les prochaines échéances électorales.

Crédits photo : ROMAIN LAFABREGUE / AFP

 
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