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La Izquierda Diario
23 de février de 2018 Twitter Faceboock

Protéger les intérêts de la bourgeoisie française
Macron réussit sa levée de fond pour la force conjointe Sahel et confirme sa main mise sur la région
François Martin

C’était un des grands objectifs de Macron à l’étranger : créer une force conjointe capable de défendre les intérêts stratégiques de la France à l’étranger tout en diminuant l’intervention directe des forces françaises. Après la levée de fonds spectaculaire de vendredi à Bruxelles, c’est une réussite pour l’impérialisme français.

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Areva, Total, Lafarge, les entreprises d’armement françaises et leurs acolytes doivent se frotter les mains. En effet, après un sommet rassemblant de nombreux chefs d’État du Sahel et de l’Union Européenne, le projet initié en mars 2017 par François Hollande de créer une Force Conjointe Sahel, capable d’assurer la lutte contre le terrorisme et de protéger les intérêts économiques de la France dans son ex-empire colonial, vient de faire un pas en avant. L’idée a en effet pour but de renforcer la coopération militaire des pays concernés (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad), le tout sous l’égide de la France, pour supplanter à terme la présence de l’opération Barkhane sur le terrain, qui coûte énormément à la France. En 2016, les OPEX (opérations extérieures), ont coûté entre 1,2 et 1,3 milliards d’euros à la France, la majorité étant absorbée par la mission Barkhane au Sahel.

Le seul point d’interrogation qui demeurait était la question du financement, qui devait être à minima de 300 millions selon la France et de 430 millions selon le G5 Sahel pour lancer ladite force. Avant ce vendredi, 294 millions avaient déjà été réunis par la France, les USA, l’Union Européenne et l’Arabie Saoudite pour mettre en place une force de 5000 hommes sur tout le territoire. Une des grandes annonces de ce vendredi, c’est le doublement de la participation de l’UE, qui passe de 50 à 100 millions d’euros. « La paix n’a pas de prix dans le Sahel » s’est justifiée Federica Mogherini, la cheffe de la diplomatie européenne, pour légitimer le doublement des dépenses de l’Union. Ce n’est rien d’autre qu’une victoire de la diplomatie impérialiste française, qui a réussi à faire contribuer tous les pays membres à la préservation de ses propres intérêts au Sahel et ce malgré un contexte tendu, notamment avec l’Italie sur la question lybienne.

La Libye sera d’ailleurs une des principales missions de la FC-Sahel : « Tant que nous n’arriverons pas à éteindre le chaudron en Libye, il sera difficile de créer les conditions de la sécurité au Sahel » a expliqué Mahamadou Issoufou, le chef d’État nigérien et président du G5 Sahel. Un dossier complexe, d’autant plus qu’à l’échelle européenne, les concurrences inter-impérialistes pour le contrôle du pétrole libyen font rage, entre la France et l’Italie, à travers une lutte pour les puits de pétrole entre Total et ENI. Par ailleurs, la question des chantiers de reconstruction, estimés à 100 milliards de dollars, aiguise tout autant les appétits des géants européens du bâtiment.

La seconde question que cherche à régler l’Union Européenne, c’est la question migratoire. En effet, cette force aura un rôle particulièrement important dans le contrôle des frontières et des flux migratoires, d’où la volonté non seulement de renforcer l’arsenal répressif, mais aussi de pousser certaines régions à se développer économiquement. Ainsi, un des premiers projets devrait être un investissement pour l’enseignement de 10 millions d’euros au Mali, dans la région de Mopti. Le président nigérien a soutenu ainsi les volontés européennes, en pointant que le but était de « donner un avenir aux enfants du Sahel. Une jeunesse qui n’a que deux options à l’heure actuelle : mourir en mer ou répondre à l’appel de bandes criminelles, responsables du trafic d’armes ou du trafic de drogue.  » Cependant, la gestion de ces flux migratoires, loin de s’axer sur un pan éducatif, risque fort d’être à l’image des hotspots libyens que Macron veut mettre en place en collaboration avec le maréchal Haftar : des camps de réfugiés où les esclavagistes sévissent et où l’armée maltraite voir torture les réfugiés fuyant des régimes dictatoriaux tels que l’Érythrée ou le Soudan.

Quoiqu’il en soit, c’est donc une victoire pour l’impérialisme français, qui réussit à préserver ses intérêts en Afrique tout en limitant ses investissements en propre. Cependant, la question du financement est loin d’être close : en plus des 430 millions d’euros nécessaires au lancement de la FC-Sahel, il faudra chaque année débourser près de 75 millions d’euros pour la maintenir en fonctionnement. Un financement qui n’est pas encore assuré, mais que la diplomatie française compte bien rassembler à grand coup de « conférence sur la paix » et autres sobriquets hypocrites.

 
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