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La Izquierda Diario
5 de mars de 2018 Twitter Faceboock

Puigdemont refuse la présidence de Catalogne
Le Parlement catalan coincé entre les menaces de Rajoy et l’indécision du mouvement indépendantiste
Guillermo Ferrari

Après le refus de Puigdemont de briguer un nouveau mandat à la présidence de la Catalogne, les déclarations n’ont été que symboliques et l’investiture d’un nouveau président catalan reste en suspens.

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Traduit de La Izquierda Diario

Ce jeudi, le Parlement catalan, investi le 17 janvier dernier, a siégé et la séance s’est déroulée dans une atmosphère pesante entre les menaces sérieuses du gouvernement de Rajoy et les déclarations véhémentes des partis indépendantistes.

Après plus de sept semaines de négociations entre Juntos por Cataluña (JxCat) et l’Esquerra Republicana de Cataluña (ERC) pour tenter de trouver un accord autour d’une investiture, les parlementaires n’ont adopté que quelques mesures symboliques qui sont bien loin de la Déclaration unilatérale d’indépendance (DUI) du 27 octobre dernier.

Cette séance plénière s’est tenue sous les menaces et le chantage du gouvernement de droite de Mariano Rajoy. Le vice-roi a appelé les élections du 21 décembre dernier passant outre les institutions catalanes avec le coup du 155. Maintenant, il explique qui devrait être investi Président de la Catalogne : « Une personne qui est bien sûr en Espagne, qui n’est pas en prison et qui n’a aucun problème avec la justice ». Il faut entendre par là, « sa » justice, celle qui protège les corrompus. Si les parlementaires catalans font un choix allant à l’encontre de ces directives, ça sera le 155 permanent.

En effet, le gouvernement, la Cour constitutionnelle et le pouvoir judiciaire étudient de près ce qui a été voté en séance plénière, afin de trouver un moyen judiciaire d’annuler ces décisions démocratiques. C’est pour cette raison que Rajoy a qualifié de « folle » la session plénière tenue ce jeudi dans la capitale catalane. Si cela ne suffit pas, le tout est accompagné du verbiage de droite de Ciudadanos, du PSOE-PSC et des médias de Madrid.

Roger Torrent, président du parlement de Catalogne, a été prévenu qu’il serait destitué s’il permettait de traiter en plénière des propositions pro-indépendance et qu’il s’exposait à des poursuites pénales. Ciudadanos a tenté de retarder autant que possible l’achèvement de la séance plénière, soutenu par le parti de Rajoy, le PP et le PSC. Le gouvernement menace également de tout remettre en cause via la Cour constitutionnelle.

Cette session a également été précédée par quelques provocations que la CUP (Candidature de l’Unité Populaire, à gauche de l’arc indépendantiste) avait entamé la nuit précédente. Les membres du Congrès ont présenté un amendement à la motion de JxCat et ERC dans lequel une reconnaissance de la République déclarée le 27 octobre a été proposée. Amendement qui a été lu mais pas voté en plénière. Donc le CUP fait aussi partie de la République voulue par Junts pel Si : la République Symbolique de Catalogne.

La session plénière a approuvé la résolution présentée par JxCat, ERC et la CUP. Les trois formations catalanes se sont entendus autour d’un court texte de trois pages, qui revendique la légitimité de Carles Puigdemont à être président, le rejet de l’application de l’article 155 et la répression de l’Etat central. Cela débloquerait complètement la situation puisqu’elle annonce un accord entre les forces indépendantistes.

La CUP a justifié, via le député Vidal Aragonés, de ne pas soumettre au vote son amendement demandant la DUI et la reconnaissance juridique de la déclaration républicaine du 27 octobre, puisqu’ils ont décidé de se contenter de ce qui est inscrit dans la proposition de vote : « ... favorable à une action républicaine du gouvernement et à la constitution d’une Catalogne dans un Etat indépendant sous la forme d’une République ».

Il est regrettable que les députés de la CUP rejoignent des accords parlementaires avec ERC et JxCat après que leurs dirigeants aient accepté devant les tribunaux que le 27 octobre soit une déclaration symbolique de la République. Aucun de ces dirigeants n’a cru au référendum de 1er octobre et encore moins à la République catalane, de sorte que ce même vendredi 27, il y a eu une bousculade des dirigeants souverains.

La suite de l’investiture

Carles Puigdemont a renoncé à la présidence et a clairement pointé du doigt son successeur, Jordi Sánchez. Cela permettrait à Roger Torrent de rencontrer les forces politiques indépendantistes pour voir quel autre candidat peut être investi. Selon les médias, la semaine prochaine, il y aurait une autre session plénière. Cette fois-ci y aura lieu l’élection du président durant laquelle Jordi Sánchez de JxCat devrait normalement être choisi.

Maintenant, la question est de savoir ce que le gouvernement central fera pour éviter l’investiture de Jordi Sánchez. Il s’appuiera tout d’abord sur la décision du juge Llarena afin d’interdire sa présence en séance plénière. Certains parlent même d’aller devant la Cour constitutionnelle au cas où l’investiture serait effectivement adoptée en plénière. Cela nécessiterait la recherche d’un autre candidat. Surtout parce que JxCat et ECT veulent obéir au TC, au Suprême et au Vice-Roi Rajoy.

On parle de Jordi Turull, bien que ce soit temporaire, puisqu’il est également affecté par le rendu du juge Llarena. Et, si il est élu, il sera également destitué et il faudra trouver encore un autre candidat. Ça serait alors Elsa Artadi qui serait pressentie.

Un cadre institutionnel curieux

La stratégie des forces souverainistes est de trouver un équilibre délicat entre les institutions autonomes qui ont une autorité effective et une série de nouvelles « institutions » d’action à Bruxelles dans lesquelles Carles Puigdemont serait le maître. Bien que ceux-ci ne seraient pas officiels en Catalogne. Rien que ça c’est déjà étrange. Mais ce n’est pas la seule chose.

A Bruxelles, une structure « républicaine » serait créée, appelée « Brussels Free Space ». Une structure très étrange puisque tous les dirigeants d’ECT et du JxCat avaient dit clairement que la République était quelque chose de symbolique et sans conséquences juridiques. Trois organes en seront dérivés qui seront sous les ordres directs de Puigdemont.

Le 5 mars, une "Assemblée des représentants de la République" sera créée non pas en Catalogne, mais à Bruxelles. Cette Assemblée élira un « Conseil de la République », qui sera présidé par Puigdemont qui sera le président dudit Conseil, auquel sera intégré trois membres de JxCat et trois d’ECT avec un membre de la CUP. Avec ces noms pompeux, il semble qu’ils ont l’intention de faire une république catalane en Belgique.

Il n’y a pas de raccourcis

Ni ERC, ni JxCat n’ont l’intention de former un gouvernement qui respecte la volonté populaire exprimée lors du référendum du 14 octobre et ce, malgré les accusations de la police envoyées par Rajoy et compagnie. Depuis les mobilisations de masse et la grève du 30 octobre, les partis indépendantistes ont fait l’impossible pour contenir la mobilisation populaire. Et, maintenant, ils sont prêt a créer un gouvernement limité aux règles étroites du jeu que Rajoy et cette « dictacracy » nous imposent.

La CUP poursuit sa politique de rapprochement avec les représentants de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie de Catalogne. Cinq années de main tendues au nom de la convergence avec l’ECT, qui sont un signe d’un échec évident. Avec l’aide de l’ECT et du JxCat, représentants de la grande bourgeoisie catalane, le droit à l’autodétermination ne pourra pas émerger. Ils veulent obéir à la Cour constitutionnelle.

Il n’y a pas de raccourcis, nous devons faire face au Régime de 78. Ils utilisent la force des institutions, celle de cette démocratie blindée qui ressemble de plus en plus à une dictature. Pour faire respecter le mandat du 1er octobre, il faut organiser d’autres 3 octobre et 8 novembre encore plus puissants, créer des comités de défense de la République, à la fois dans les lieux d’étude et faire bouger la jeunesse ; et également sur les lieux de travail pour faire se lever les travailleurs.

Le droit à l’autodétermination ne pourra être réalisé et rendu effectif qu’en délogeant JxCat et ERCde la direction du mouvement indépendantiste avec leur stratégie impuissante. Ce sont les travailleurs et la jeunesse qui doivent se mettre à la tête de la République catalane indépendante. Une république qui serait essentielle pour mettre fin au régime de 78 et créer une fédération libre et volontaire des travailleurs et des peuples ibériques.

 
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