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La Izquierda Diario
5 de mars de 2018 Twitter Faceboock

Chantage sexuel
Syrie : exploitation sexuelle des réfugiées par des travailleurs humanitaires
Enora Lorita

Après le scandale qui avait éclaboussé Oxfam, révélant que de nombreuses victimes du tremblement de terre à Haïti en 2010 avaient été abusées sexuellement par des membres de l’ONG britannique, ce à quoi s’étaient ajoutées 120 plaintes contres des organisations telles que Save The Children ou la Croix Rouge, ce sont aujourd’hui des femmes syriennes qui racontent avoir subi de l’exploitation sexuelle par des membres d’agences de l’ONU.

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Il y a quelques jours était publié un rapport de la BBC absolument horrifiant, intitulé « Voices from Syria », mettant en lumière les violences sexuelles que subissent grand nombre de femmes dans le sud de la Syrie de la part de membres d’organisations internationales, et en particulier des agences de l’ONU.

Il y est en outre montré comment des membres d’organisations caritatives font du chantage sexuel aux femmes, notamment dans le sud du pays, contre de la nourriture. Le Fonds des Nations unies pour la population avait déjà enquêté sur ces agissements début 2017 et avait publié un rapport qui expliquait que « le harcèlement sexuel et l’exploitation sexuelle ont pris place dans le contexte des distributions » dans plusieurs régions où agissent différentes ONG. C’est ainsi que « en échange de services, comme passer une nuit avec eux » les femmes ont le droit à de la nourriture explique le rapport de la BBC. Certaines femmes sont même obligées, pour pouvoir survivre, de se marier avec des employés des ONG durant des courtes périodes, ce qui leur permet de bénéficier de repas. Ce sont les femmes ou les jeunes filles qui sont le plus en situation de détresse, et qui ont des enfants à charge, qui sont évidemment les plus vulnérables et qui subissent le plus de violences sexuelles de la part de ces hommes.

Danièle Spencer, conseillère humanitaire interrogée dans le cadre de « Voices from Syria » décrit un phénomène endémique, et témoigne que « plus une fille donne, plus elle recevra ». Car comme l’a révélé il y a trois ans un rapport de l’International Rescue Committe, ce sont 40% des femmes et filles interrogées à Daraa et Queneitra qui subissent des violences sexuelles lors de la distribution d’aide humanitaire. Et ces violences n’ont rien de spécifique à la Syrie : en février Oxfam était touché par un scandale révélant que des membres haut placés de l’ONG avaient abusé sexuellement de mineures à Haïti, profitant de la violence économique et sociale qui touchait le pays, ce à quoi s’étaient ajoutées des plaintes au Tchad, au Liberia ou encore au Soudan du Sud. Ces mêmes directeurs de missions accusés de violences sexuelles avaient par ailleurs été réembauchés quelques mois plus tard.

En effet, comme l’explique Danièle Spencer, ces pratiques sont connues de tous et « ignorées depuis sept ans […] Les Nations unies et le système tel qu’il est ont choisi de sacrifier le corps des femmes. Il a été décidé que le corps des femmes continuera d’être abusé, violé ». Ce nouveau reportage est donc l’illustration de violences sexuelles institutionnalisées, et de femmes contraintes à l’omerta pour espérer survivre. Elles mettent en lumière les pratiques structurelles d’ONG et de l’ONU qui agissent sous couvert "d’humanitaire".

Crédits photo : DELIL SOULEIMAN / AFP

 
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