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La Izquierda Diario
7 de mars de 2018 Twitter Faceboock

Parcoursup, réforme du lycée, baisse des DHG
Réforme dans l’éducation : Blanquer fait la sourde oreille à la contestation
Yano Lesage

Pour éviter les sujets qui fâchent : la réforme du lycée (et du bac), la baisse des moyens et Parcoursup, e ministre de l’Education Nationale, Jean-Michel Blanquer, s’est trouvé un nouveau hochet : l’interdiction des téléphones portables, qu’il évoque lundi 5 mars à la Matinale de France Inter. La colère est pourtant palpable dans les établissements de la région parisienne, et la contestation s’organise au retour des vacances en vue de la mobilisation nationale de la fonction publique du 22 mars.

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Réforme du lycée : un passage en force

La réforme du baccalauréat et du lycée, dont les grands traits ont été divulgués en janvier dans le rapport Mathiot a été annoncée à peine un mois plus tard, le 14 février, et représente une véritable blitzkrieg contre l’éducation. Pourtant, Jean-Michel Blanquer agit comme ci elle était déjà actée, les débats refermés, la contestation neutralisée. Le passage expéditif et en force de la réforme étonne d’autant plus qu’elle est loin d’être superficielle : en s’attaquant au baccalauréat, Blanquer remet en cause son statut de symbole mais aussi et surtout de garant du droit d’accès aux études supérieures bien loin du lycée « à la carte » dont on vante les mérites pour les jeunes têtes blondes, les lycées généraux sont en passe de devenir des offres locales de formations imposées . Pour la méthode, Blanquer a su rendre appui sur le calendrier scolaire : l’annonce du projet de loi, juste avant les vacances de février, lui a laissé (découpage par zones oblige) un mois de marge avant que les réactions ne se cristallisent en une véritable contestation.

Black-out et complaisance médiatique

Il est vrai que Blanquer jouit également d’une certaine complaisance journalistique et médiatique à son égard. Pour preuve, sa dernière invitation dans l’émission radiophonique « La Matinale » de France Inter, animée par Nicolas Demorand et Léa Salamé, au cours de laquelle il a pu dérouler ses éléments de langage sans rencontrer la moindre opposition. 20 minutes d’interview au cours desquelles aucune question ne lui a été posée sur la réforme du lycée, ni sur celle du baccalauréat, alors que de nombreux points de la réforme demeurent opaques et que le projet est loin de passer comme une lettre à la poste. Au lieu de cela, les journalistes ont repris a polémique ouverte par le Front National sur la question des suppressions de 200 à 300 classes dans les écoles rurales – une information au demeurant vraie – en les opposant au dédoublement des classes de CP dans les zones d’Education Prioritaire, légitimant ainsi le concept de clivage « ville/campagne ». L’émission a aussi été l’occasion pour Blanquer de développer une nouvelle polémique sensée faire cran de fumée à la contestation scolaire : l’interdiction des téléphones portables dans les collèges. Une mesure qui, au passage, s’avère à ce jour parfaitement irréalisable compte tenu des réductions de postes dans les établissements. Encore une contradiction que les journalistes de France Inter n’ont absolument pas été en mesure de soulever.

Une contestation et des inquiétudes qui restent fortes parmi les enseignants

Pourtant, les enseignants de lycées comme les syndicats sont inquiets sur le contenu d’une réforme qui est non seulement dangereuse, mais aussi très floue dans son application. Dans les faits, la logique du lycée dit « modulaire », avec la mise en place de 9 spécialités, dont les combinaisons dépendront des choix des chefs d’établissements, va pousser à une spécialisation des lycées, à une réduction de l’offre locale de formation pour les élèves, et à plus de polyvalence et une réduction de postes chez les enseignants. Les effets néfastes de cette réforme à objectif budgétaire vont tout d’abord se faire sentir au niveau local. Leïla Frouillou, maître de conférence en sociologie, souligne sur le plateau de Le Media que la réforme Blanquer risque de renforcer la logique de « circuit scolaire » : le choix du lycée (voire du collège) et des enseignements au lycée viendra déterminer le choix d’université ou l’exclusion de la poursuite d’études supérieures. Des lycées d’élite ouvrant vers des facultés d’élite, ou des lycées « poubelles » ouvrant sur des facultés « poubelles » ou pas d’université du tout. Cette réforme renforcera l’influence qu’ont le milieu social ou l’origine territoriale sur le destin scolaire des élèves, sans parler de ’instauration du contrôle continu, qui correspond dans les faits à la mise en place d’un « bac local ».

Des directions syndicales atones…

Blanquer pourra aussi compter sur un autre élément pour mener à bien sa guerre contre l’éducation : le manque de détermination syndicale à tout mettre en oeuvre pour s’opposer à la réforme. Ainsi, le SNES, syndicat majoritaire chez les enseignants du secondaire, et la FSU plus généralement, ont du mal à e mobiliser. L’échec rassemblement pour la défense du baccalauréat organisé devant la Sorbonne le 14 février dernier l’illustre bien : il n’a été relayé par aucune structure et n’a été doublé d’aucun appel à la grève, et est ainsi devenu pour la direction du SNES un argument de la future défaite. De même, pour la journée de grève du 22 mars, aucun mot d’ordre spécifique aux réformes en cours n’a été lancé par le SNES ; la FSU, à travers sa secrétaire générale, Bernadette Groison, a quant à elle préféré prendre publiquement ses distances avec l’appel des syndicats de cheminots à faire une action commune le même jour. a bataille commune pour la défense d’un service public d’éducation, de transport et de santé de qualité n’est visiblement pas la priorité des syndicats.

…mais en région parisienne, plusieurs établissements s’organisent localement

Cependant, localement, parmi les équipes enseignantes combattives, il y a une véritable colère qui s’exprime non seulement contre la réforme du bac et du lycée, mais aussi contre la sélection à l’université et la baisse des moyens dans les collèges, en particulier d’éducation prioritaire. À Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, une assemblée générale a réuni mardi 6 mars les personnels des établissements scolaires de la ville pour préparer la mobilisation des personnels enseignants pendant la semaine du 19 mars. Les mots d’ordre sont à la fois nationaux et plus spécifiques à la vague de gel budgétaire qui touchent les établissements des zones d’éducation prioritaire. Ce mercredi 7 mars, une assemblée générale était organisée à Saint-Denis pour regrouper l’ensemble des établissements de la Seine-Saint Denis.

A Marne-La-Vallée, en Seine-et-Marne (77), une initiative d’assemblée générale à destination des lycées des environs a été lancée par l’université, out comme dans le 94, où les lycées d’Ivry et de Vitry et de Créteil restent fortement mobilisés et appellent ce vendredi à des réunions publiques pour préparer la mobilisation.

Autant d’initiatives qui rappellent que l’épisode de la réforme du baccalauréat, tout comme celui de Parcoursup, sont loin d’être enterrés. Et que, si les directions syndicales de l’enseignement continuent de jouer les défaitistes et si le gouvernement fait tout pour l’étouffer, la contestation existe bel et bien, et elle s’organise.

 
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