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La Izquierda Diario
11 de mars de 2018 Twitter Faceboock

Coupure méridienne et ‘’sacoche’’
Gironde. La Poste attaque l’organisation du travail, Sud PTT monte aux créneaux

Le lundi 12 mars, Sud PTT a appelé à une journée de grève départementale, rejoint par la CGT et FO, qui devrait être le point de départ d’une mobilisation plus dure. Différentes modifications dans l’organisation du travail vont toucher les travailleurs et travailleuses de La Poste en Gironde. Willy, syndicaliste SUD PTT, nous a expliqué ces attaques et la riposte qu’ils organisent.

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La coupure méridienne

Jusqu’à maintenant, les postiers avaient une certaine diversité dans leur journée, à l’embauche, tu débutais par du tri, puis tu partais distribuer une tournée. Au milieu de cette demie-journée, pendant la vacation (distribution), 20 minutes de pause étaient à positionner, sans indication précise, dans la journée.
La nouveauté vient dans la mise en place d’une coupure méridienne, de 45 minutes minimum, pour se restaurer, vers 12 heures. Déjà, ça repousse l’heure de débauche : la durée de distribution va être plus longue l’après midi. Mais ce qui est grave, c’est que cette coupure pourra aller jusqu’à 4 heures, la direction a, d’ores et déjà, annoncé que son objectif est ‘’que vous travaillez le plus longtemps possible sur la journée que vous soyez le plus possible sur le terrain, on veut que vous soyez là l’après-midi, pour vendre de nouveaux services’’.
Cette mesure va être problématique pour différentes raisons. Les 20 minutes de pause que pouvaient prendre les travailleurs avant, étaient comprises dans le temps de travail, elles étaient payées, ce qui ne sera pas le cas avec une coupure méridienne, la direction ‘économise’ donc 20 minutes par agent, autant de perte pour eux. De plus, en terme d’organisation, les agents devront ‘’revenir à des endroits’’, ce qui laisse perplexe en terme de précision, il n’y a pas énormément de possibilités, soit un retour au poste de départ, soit dans ce que la direction appelle des ‘îlots’, par exemple des cantines, « ils ont parlé des cantines scolaires ou des maisons de retraite, la réalité c’est que personne ne sait comment ça va se passer, rien n’est prévu concrètement  »
 
Une autre problématique majeure est le travail d’après midi, jusqu’à maintenant la débauche s’effectuait vers 14 heures. Avec cette ré-organisation, les agents vont être exposés aux fortes chaleurs plus longtemps.

« Les gens qui ont pensé à ça, n’ont jamais livré de courrier, ou ça fait trop longtemps et ils ont oublié

Willy, qui travaille aux collectes, en après midi donc, nous explique la situation : "dans les voitures, il fait rapidement 50°, sans parler du ressenti réel. Les voitures n’ont quasiment jamais la climatisation, à part les véhicules de direction bien sur", d’après la direction c’est "un choix d’entreprise"
« J’ai déjà fait une insolation l’été dernier, la cause professionnelle a été établie : 2 jours d’arrêt. Je n’ai pas de problème de santé particulier, mais nous on s’inquiète pour ceux qui en auraient, des gens meurent à La Poste, suite à des insolations »
Que ce soit, en voiture sans clim, à vélo ou à pied, les risques d’une telle mesure sont réels, c’est un métier physique et la direction va augmenter les durées d’exposition aux fortes chaleurs. Les seules mesures qui ont été prises pour ces agents ; des bouteilles d’eau de 50cl et un brumisateur.
Sur un autre terrain, le facteur va devoir couper sa tournée pour retourner sur un lieu de restauration, ça augmente le nombre de kilomètres parcouru ‘pour rien’. Il y a également une remise en cause de la situation familiale, les agents s’étant adapter à ce rythme de travail, avec des activités associative, familial, voir un second emploi l’après midi.
Cette mesure a déjà été mise en place à Piton Saint-Leu (La Réunion), les résultats ont étés clairs : les agents n’en voulaient pas, les arrêts de travail ont augmenté… Les travailleurs ont demandé un référendum, qu’ils n’ont obtenu qu’après 5 jours de grève, la réponse a été tranchée : plus de 90 % ont voté contre cette coupure. Alors pourquoi appliquer la même chose ailleurs ?
"On voudrait que la boîte mette en place le référendum maintenant pour éviter que les gens souffrent et qu’ils fassent 5 jours de grève pour pouvoir retourner en arrière’’
Mais la direction ne veut rien entendre, Willy raconte que, lors des dernière commissions de dialogue social, la direction avait affirmé un nouveau grand principe ‘’c’est celui qui fait, qui sait", certes, mais quand la problématique de la coupure a été soumise au DRH de la région et que Sud PTT a proposé un référendum, la réponse fût tristement classique "Oui mais ce n’est pas celui qui sait qui décide"
 

Une autre ré-organisation : ‘’la sacoche’’

Ce qui est appelé ‘la sacoche’’, c’est la remise en place des brigades de tri, les agents seront donc soit au tri, soit à la distribution. Une organisation étrange puisque que La Poste avait fermé les centres de tri à cause des risques de troubles musculo-squelettiques causés par la répétition des tâches.
« À la Poste, on a beaucoup de salariés déclarés inaptes et qui sont ensuite licenciés. Ils nous disent qu’il n’y a pas de licenciement à la Poste, qu’ils trouvent toujours du reclassement. Mais on sait qu’il y a des licenciements abusifs pour discrimination, certains partent par ras le bol et d’autres restent chez eux pour inaptitude et se font, finalement, tout de même licencier.  »
La situation sera donc la suivante : soit passer des journées entière de distribution avec une exposition aux fortes chaleurs, soit être à la brigade de tri, ce qui certes fera échapper à la chaleur mais qui au bout de 5 ans, 10 ans, 15 ans, casse les travailleurs, c’est équivalent au travail à la chaîne, ce parallèle, Willy le voit à travers un autre angle, celui de l’aliénation :
« Aujourd’hui t’es professionnel, si quelqu’un veux remplacer un facteur demain en CDD il va galérer, on a beaucoup de gens qui arrivent sur de l’intérim ou du CDD et qui arrêtent au bout de quelques jours, c’est pas évident comme métier. Mais avec cette nouvelle organisation, ils nous spécialisent, ils rendent les tâches plus simples, plus besoin de réfléchir, moins besoin de formation. Cette aliénation conduit à la sous traitance. On sait qu’ils veulent sous traiter l’activité courrier, c’est un excellent moyen que de la rendre la plus abrutissante possible.  »
Une autre cause qu’aura la mise en place de la sacoche sera la fin du titulariat de tournée (positionnement sur des quartiers fixes), car pour être titulaire il faut également faire du tri, on voit bien qu’avec la séparation, ça ne sera plus possible.
 

Une sous-traitance qui a déjà débuté

Si l’enjeu, en plus d’aggraver les conditions de travail, est de sous traiter l’activité de distribution entièrement, il faut savoir que la distribution des colis est déjà en grande partie sous-traitée, en Gironde, cela représente 40 % des colis.
Les agences Colipost sont, au fur et à mesure, réunies dans un ‘hôtel logistique urbain’, c’est un immense bâtiment à Bassin à flot, qui est une plate-forme multi-entreprises, composée de La Poste et DPD (une filiale de La Poste). Chez ces sous-traitants, les conditions de travail sont bien moins bonnes, ils ne perçoivent pas les mêmes salaires et sont parfois payés à la tâche comme ça été dénoncé en région parisienne, ce qui est interdit.
«  Les collègues Colipost ils partent avec 100 colis par jour, les collègues sous-traitants peuvent partir avec 150 » 
Parmi les 60 % d’activité qui reste à La Poste, de nombreux employés sont intérimaires, au final, moins de la moitié de l’activité est réalisée par des postiers et des postières assermentés, avec la formation … « On pense que le colis c’est un laboratoire d’étude de la distribution, et que ce qui arrive là bas va nous arriver. »
 

Une riposte qui s’organise

C’est face à une mise en place locale que font face les travailleurs, mais à terme, ces ré-organisations seront appliquées partout en France. La direction attaque région par région, département par département, voire bureau par bureau, « Il y a très peu de réforme générale à La Poste, ils étalent au maximum  ». Un travail essentiel effectué par le syndicat, consiste à discuter avec les collègues que tout le monde va être touché à terme, il vaut mieux se battre tous ensemble maintenant qu’à l’échelle de son bureau à 20 quand ça nous tombe dessus.
Nationalement, cela a commencé depuis un certain temps. En Gironde, à Cauderan, ce fonctionnement est mis en place, la coupure méridienne a commencé. Ils ont du recourir à pas mal d’intérimaires pour finir les tournées car ils n’arrivaient pas à passer tout le courrier. La sacoche a également été mise en place à Castelnau-de-Médoc.
Un autre exemple est à Rennes, où les travailleurs mènent une grève depuis 50 jours, ils ont déjà fait annulé la sacoche, mais ils n’ont pas encore fait reculer la direction sur la méridienne. Mais la semaine dernière, la direction a annoncé qu’ils enlèveraient la méridienne, mais que pour les grévistes. Évidemment les camarades ont refusé, en pensant aux CDD, aux intérimaires et à tous les autres, ‘’on se bat pour tout le monde, pas juste pour nous’’. ‘’C’est vraiment vicieux, je n’avais jamais entendu ça avant’’.

Dès lundi, la mobilisation va donc se lancer. Avec un préavis de grève grève lancé par Sud PTT et rejoint par la CGT et FO. Le rendez vous est donné à partir de 9h30 sur le parvis de La Poste Mériadeck ! Le ton est donnée par Willy :
‘’On compte pas faire des journées saute-moutons, le 12 sera, on l’espère une démonstration, le but est aussi de montrer aux collègues que le camarade d’à côté est prêt à se battre aussi, que personne en veut de cette réforme. Et après, partout où les collègues peuvent, si les directions ne lâchent pas, on propose de partir en illimité !’’

Crédit photo : facebook Sud PTT

 
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