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La Izquierda Diario
19 de mars de 2018 Twitter Faceboock

Assassinat de la police militaire à Rio de Janeiro
Brésil. Ce sont bien des balles policières qui ont tué la militante afro-féministe Marielle Franco
Enora Lorita

L’assassinat de Marielle Franco, militante féministe noire qui avait ouvertement dénoncé la militarisation de Rio de Janeiro, ce mercredi 14 mars en plein centre-ville, a suscité une vague d’émotion et de colère aux quatre coins du monde. Alors que tous les soupçons étaient déjà portés sur la police militaire qui contrôle la ville depuis près d’un mois, l’information a été confirmée : les balles qui ont tué Marielle Franco proviennent d’un stock vendu à la police en 2006.

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Dessin : Cesar Lobo

Marielle Franco, 38 ans, revenait d’une rencontre organisée par des militantes afro-féministes dans le quartier de Lapa, au cœur de la ville de Rio, lorsque la militante et le conducteur de la voiture ont été pourchassés par un véhicule puis assassinés par plusieurs balles à la tête. La membre du Parti Socialisme et Liberté (PSOL), était une personnalité reconnue de la gauche radicale brésilienne, élue conseillère municipale en 2016 avec plus de 46 000 voix, figure LGBT et antiraciste, et de la lutte contre les crimes policiers dans les favelas de Rio, et notamment contre la mise sous tutelle militaire de la ville par le gouvernement Temer depuis mi-février. Elle menait notamment une dure campagne contre les crimes policiers du 41ème Bataillon, surnommé le « Bataillon de la mort » responsable de nombreux crimes dans les favelas de Rio. La veille de son assassinat, Marielle Franco postait le tweet suivant : « Combien d’autres devront mourir pour que cette guerre s’arrête ? ».

L’indignation provoquée par l’assassinat de la militante au Brésil et partout dans le monde ont obligé l’ensemble de la classe politique brésilienne à réagir, poussant même le président Temer à déclarer que « toute la lumière sera faite sur cet assassinat brutal », promesse cynique ne visant qu’à se déresponsabiliser en tant que commanditaire de l’intervention militaire dans la ville de Rio depuis le 16 février, un fait sans précédent depuis la Constitution de 1988.

Mais c’était sans compter la révélation de la chaîne de télévision brésilienne TV Globo dévoilant que les balles qui ont assassiné Marielle Franco et son chauffeur étaient issues d’un stock vendu à la police fédérale en 2006. D’autres balles du même stock avaient d’ailleurs été utilisées par la police lors du massacre d’août 2015 à Sao Paulo qui avait été responsable de la mort de 17 personnes. Cet assassinat est une nouvelle preuve de l’hypocrisie du président Michel Temer qui avait, pour justifier l’intervention militaire à Rio de Janeiro, expliqué en février que « La violence est une métastase qui s’étend à travers le pays » et prétendu vouloir la combattre. La semaine dernière, ce sont ces mêmes hommes, ceux qui étaient soi-disant présents pour combattre la « violence » qui ont tué Marielle Franco. Le ministre de la sécurité a, quant à lui, tenté une grossière manœuvre pour se dédouaner, en affirmant que ces balles auraient été volées « des années plus tôt à la police », ne faisant régner le doute chez personne. En réalité, l’extrême militarisation de Rio de Janeiro n’était qu’un moyen pour intimider et faire taire les voix s’élevant contre les attaques envers les travailleurs que tente de faire passer ce même gouvernement, par sa réforme du travail et de la sécurité sociale.

Dès mercredi dernier, le jour de l’assassinat, des manifestations ont émergé à Rio, et ce jeudi 15 mars, ce sont plus de 50 000 personnes qui ont manifesté dans les rues de la ville pour réclamer justice et vérité pour Marielle. D’autres manifestations rassemblant des milliers de personnes ont également eu lieu dans les autres villes du pays, mais aussi dans d’autres pays d’Amérique du Sud tels que l’Argentine, l’Uruguay ou encore le Chili, afin de dénoncer le crime de la police.

 
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