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28 de mars de 2018 Twitter Faceboock

A droite toute
Wauquiez en pleine radicalisation veut « une loi conte l’incitation à la haine de la République » et l’expulsion des fichés S
Sadek Basnacki

Laurent Wauquiez ne cesse de radicaliser son discours pour attirer l’électorat du FN. Après les attentats de Carcassonne et Trèbes, il dénonce la politique du gouvernement et veut une loi contre l’incitation à la haine de la République, et expulser les fichés S d’origine étrangère et enfermer ceux de nationalité française. Des propositions identiques de l’extrême droite qui ne font pas l’unanimité dans son propre parti.

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Laurent Wauquiez n’a pas perdu de temps pour passer à l’offensive après la prise d’otage et les attentats de Carcassonne et Trèbes, puisque celui-ci a expliqué que « la contagion islamiste doit être éradiquée ». Dans les médias et notamment dans les colonnes du Parisien, il a pu développé son propos.

Tout d’abord, il a expliqué que la déchéance de nationalité « aurait aidé » pour empêcher le passage à l’acte de Radouane Lakdim. Cela lui a permis de dénoncer la politique de Macron qui a l’époque s’était tenu à l’écart du débat lors de la présidence de Hollande. Cet argument est seulement populiste puisque le projet de François Hollande n’était pas de retirer la nationalité française aux fichés S mais visait les personnes reconnues coupables de terrorisme. Or Radouane Lakdim n’avait commis aucun acte terroriste avant vendredi 23 mars. Maintenant, il est mort donc difficile de lui enlever sa nationalité.

Autres idées mis en avant, l’expulsion de étrangers fiché S et la détention des fichés S de nationalité française. Dans l’interview donnée au Parisien, Wauquiez explique qu’il y « aurait 2 500 à 3 000 individus étrangers suivis sur le sol français pour radicalisme. ». Or il y a actuellement environ 20 000 fiches S (en comptant les militants politiques, écologistes, les black-blocks ou les hooligans). D’après le rapport du ministère de l’intérieur sur le bilan de l’etat d’urgence, il y aurait 9 700 fichés S pour radicalisation. Il ne parle pas du Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste,FSPRT, créé en mars 2015, qui recense les personnes identifiées comme étant des radicaux religieux susceptibles de nuire à la sécurité de l’Etat, qui en février 2018, comptait 19 745 noms, toujours selon le ministère de l’Intérieur.

Il est donc loin du compte. Mais cela ne l’empêche pas de demander à « agir en amont ». Il y aurait « trop d’individus étrangers radicalisés sur notre territoire » et la solution serait d’en faire baisser le nombre en faisant une grande rafle comme à la belle époque, après tout tradition française oblige, « tous les gens qui nourrissent les réseaux intégristes doivent pouvoir être expulsés » bien évidemment il parle ici des étrangers, et sans doute des bi-nationaux une fois déchus de leur nationalité française.

Si la personne fiché S est de nationalité française alors ça sera la détention. Dans tous les cas c’est l’arrestation de 9 700 à 20 000 personnes que réclame Wauquiez, c’est 7 000 de plus qu’entre le 16 et 17 juillet 1942, où la police française a raflé 13 152 personnes, des juifs d’origine étrangère, qui seront envoyées dans les camps nazis.

Les idées de Wauquiez sont les même avancées par Marine Le Pen, Ménard, Dupont Aigan et compagnie. Pour ne pas trop qu’on l’accuse de marcher sur les plate bande du FN, il se satisfait de l’évolution des consciences dans la classe politique et prend en exemple Manuel Valls, qui souhaite interdire le salafisme : « Je remarque d’ailleurs que sur ce débat, les choses bougent. Manuel Valls soutient cette mesure, alors qu’il était contre quand il était à Matignon. »

Comme si cela ne suffisait pas, Wauquiez réclame une nouvelle loi répressive, créer le « délit d’incitation à la haine de la République », sensé permettre « de protéger les Français ». Il n’ a pas plus développé cette idée nauséabonde qui vise à mettre la sacro-sainte république bourgeoise au dessus de tout (même si elle l’est déjà) afin qu’elle soit intouchable. Comment évaluer une incitation à la haine de la République ? Cela reste un mystère. Lorsque Philippe Poutou remet en cause les institutions républicaines et dénonce les politiciens véreux et les passe-droits des élus lors d’un débat rentre-t-il dans cette incitation à a haine de la République ? Tout est bon pour maintenir leur système en crise. D’ailleurs, Wauquiez souhaite le retour de l’état d’urgence, alors même que le gouvernement Macron a intégré dans la constitution des mesures de l’état d’urgence faisant de cet état d’exception un état permanent, et c’est Édouard Philippe lui même qui le dit.

Ces déclarations ne font pas l’unanimité dans son propre parti

Une nouvelle fois, des voix se sont aussitôt élevées contre lui. Frédéric Péchenard, vice-président LR de la région Ile-de-France et ex-directeur général de la police nationale a déclaré surEurope 1 que la rétention administrative des fichés S n’avait guère de sens car elle était « très difficile à mettre en œuvre » et qu’il était contre le retour à l’état d’urgence.

Même son de cloche chez Bruno Retailleau, chef du groupe LR au Sénat, qui sur Public Sénat a déclaré que « l’état d’urgence, très franchement, ce n’est pas le fond du problème […] Il faut d’abord l’application de l’arsenal juridique existant. » Il n’est pas contre l’expulsion des fichés S mais seulement « dès lors qu’il y a une condamnation ».

Rachida Dati, ex-ministre et maire LR du 7earrondissement de Paris, qui elle non plus n’est pas « forcément pour le retour de l’état d’urgence, qui par définition est toujours temporaire », n’y est pas allée de main morte en expliquant que la rétention préventive, ce serait « vouloir un Guantanamo à la française », Guantanamo qui est selon elle « un fiasco total. Ceux qui en sont sortis ont commis des actes ». Il est faux de faire une telle généralité mais il est vrai que ces prisons et les traitement qui y sont réservés aux détenus poussent à la radicalisation, d’ailleurs rappelons que l’État islamique a germé dans une prison américaine en Irak.

Mais comme ses coreligionnaires, ce qu’elle propose est tout aussi réactionnaire et répressif puisqu’elle propose « un plan national de perquisitions régulières » chez « les 10 à 20% de fichés S considérés comme les plus dangereux ».

Chaque homme ou femme politique de droite à sa petite idée réactionnaire à rajouter à l’arsenal répressif que les gouvernement de Hollande puis de Macron ont mis en place.

Face à ce désaveu public, puisque Wauquiez qui est trop occupé à fleurter avec le FN, n’arrive pas à faire front commun avec les membres de son parti. Ainsi, il a martelé ses députés LR mardi matin que sur ce « combat extrêmement important, il faut maintenir notre ligne constante ». Une sortie médiatique qui devait le montrer comme un homme de poigne mais qui de part les contradictions au sein même de son parti sonne bien creux et ne semble n’être qu’une manœuvre populiste pour rapprocher l’électorat du Front National, comme lui même l’a grossièrement expliqué en déclarant dansle Parisien « Ma ligne est très simple : jamais d’alliance avec Marine Le Pen. Elle est contre l’Europe, pas moi. Elle veut la sortie de l’Euro, pas moi. Ce qui ne veut pas dire que je ne prends pas en compte la colère des électeurs du FN ».

crédit photo : AFP

 
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