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La Izquierda Diario
30 de mai de 2015 Twitter Faceboock

Extrême gauche
Rencontre annuelle LO-NPA à Presles. A propos du dernier non-débat
Daniela Cobet

La réponse avait été donnée par avance puisque la porte-parole de Lutte Ouvrière, Nathalie Arthaud, avait déclaré dans un article du Monde du 23 mai, à propos des prochaines élections régionales, « qu’aucune alliance ne sera passée avec le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) comme ce fut parfois le cas dans le passé ». Une drôle de façon de clore toute discussion avant même qu’elle ne puisse avoir lieu.

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Après la tenue du dernier Congrès du NPA, en février 2015, où malgré l’absence d’une nouvelle majorité, la question des alliances électorales a été enfin tranchée par les militants en faveur de listes anticapitalistes et révolutionnaires excluant toute possibilité d’accord avec les composantes du Front de Gauche, le traditionnel débat entre les deux principales forces de l’extrême gauche ayant lieu, comme tous les ans, à la Fête de Lutte Ouvrière, avait pour une fois un enjeu concret : savoir si le bouleversement interne du NPA et sa délimitation par rapport au Front de Gauche pouvait ou non rendre possible la constitution d’un bloc de l’extrême gauche dans un contexte ou la visibilité politique de celle-ci est extrêmement affaiblie.

Représenté à la tribune par des membres des deux principales plateformes alternatives à celle de son ancienne majorité, Galia Trepère et Gaël Quirante (avec qui nous avons partagé, dans ce dernier cas, l’animation de la Plateforme 3), le NPA n’a pas manqué d’interpeller Lutte Ouvrière en ce sens… Pour que l’on resserve au NPA la sempiternelle défense abstraite des « idées communistes », de leur « implantation dans la classe ouvrière » et les caricatures d’un NPA quasi identique au Front de Gauche.

Des critiques fondées, mais…

Il est indéniable que Lutte Ouvrière s’appuie dans ses propos sur des faiblesses bien réelles du NPA, que nous n’avons par ailleurs pas manqué de critiquer depuis la fondation du parti : sa non-délimitation stratégique, son manque d’attachement à la centralité de la classe ouvrière et une démarche ambiguë à l’égard du Front de Gauche tout au long de ces dernières années. Mais au lieu d’explorer, à partir d’un rapport de force relativement favorable, les contradictions d’un NPA divisé et en crise, où l’orientation de l’ancienne direction vient d’être battue, LO semble n’avoir d’autre préoccupation que celle de « blinder » ses militants autour de son auto-proclamation en tant que seule organisation communiste révolutionnaire en France.

A partir de là, le dialogue de sourds s’est instauré, sorte de non-débat où l’échange des reproches mutuels sur les dérives des uns et des autres remplace toute discussion sérieuse. Car derrière l’apparente orthodoxie de Lutte Ouvrière, il y a bien aussi des choses tout à fait critiquables. Certaines ont été pointées par les représentants du NPA, telle que la participation de Lutte Ouvrière à des listes communes avec le Parti Socialiste en 2008. D’autres ne l’ont pas été, comme le manque de critique de l’organisation de Nathalie Arthaud par rapport aux directions syndicales ou encore son adaptation au programme des indemnités de départ dans le cadre des luttes contre les fermetures d’usines où Lutte Ouvrière a pu se trouver en position dirigeante [1].

Une lumière au bout du tunnel ?

Vers la fin du « débat », l’un des représentants de LO, Pierre Royan, a esquissé un geste d’ouverture en disant que si maintenant le NPA voulait « faire la même politique que LO » (sic) LO pourrait dire « chiche »… mais pour se voir aussitôt contredit par sa camarade de tribune, Geneviève Reimeringer, réaffirmant quant à elle pour la énième fois les mêmes arguments sur la différence de nature entre les deux organisations.

Un véritable gâchis si l’on tient compte du fait qu’il s’agit à peu près de la seule occasion où les directions du NPA et de LO discutent entre elles, mais aussi à l’heure où des expériences à l’échelle internationale, telle que celle du Front de Gauche et des Travailleurs et (FIT) en Argentine [2], évoquée par Gaël Quirante dans l’une de ses interventions, montre qu’au-delà des divergences, l’unité des organisations de l’extrême-gauche sur un terrain d’indépendance de classe peut porter des fruits considérables en termes d’élargissement de l’audience, non seulement électorale mais aussi sur le terrain de l’organisation et de la mobilisation des travailleurs.

Dans un contexte où l’extrême gauche a, au contraire, beaucoup reculé en France ces dernières années, alors que ceux qui capitalisent le plus la crise du gouvernement et du bipartisme sont les forces d’extrême droite et réactionnaires, il s’agit à l’évidence d’une occasion ratée. Espérons que l’esquisse d’hésitation exprimée par le représentant de LO puisse trouver des échos et qu’un dialogue puisse s’entamer… avant le prochain « débat » à la Fête de 2016 !

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29/05/15

 
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