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La Izquierda Diario
9 de avril de 2018 Twitter Faceboock

Vous avez dit durcir le mouvement ?
En grève reconductible illimitée dès le 13 avril ! L’appel des cheminot.e.s de Gare du Nord
Corinne Rozenn

La grève, à la SNCF, commence à prendre une autre tournure. A l’AG de Paris Nord, ce midi, c’est à la majorité que les cheminots en lutte ont voté d’être massivement en grève et de reconduire de façon illimitée à compter du vendredi 13 avril.

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24,9% de grévistes, selon la direction, pour l’ensemble du personnel SNCF. Dès le début, Monique, commerciale à Gare du Nord et qui ouvre l’AG qui commence, à 11h, en bout de quai 36, remet les choses au clair : avec un TGV sur 5, un TER sur 3 et un Intercités sur 6, avec 74% de grévistes chez les conducteurs et 67% chez les contrôleurs (selon les chiffres de la direction) la grève est massive. « C’est bizarre, d’ailleurs, enchaîne une cheminote qui prend la parole. Il paraît qu’on est tous des fainéants, mais quand on arrête vraiment le travail, plus rien ne circule », déclare-t-elle dans l’hilarité générale.

L’AG, un peu plus réduite que celle du 3 avril, mais avec 250 présents, reste néanmoins très importante. Et c’est surtout la colère, parmi les drapeaux FO Cheminots et SudRail, très présents sur le secteur, qui est au rendez-vous, clairement palpable. C’est Karim, du technicentre du Landy, accompagné d’un gros cortège de grévistes, qui prend la parole pour dire que « se faire brader à la concurrence », « être le dos au mur pour accepter n’importe quel transfert ou se faire dégager », « devoir travailler avec une réglementation au rabais », c’est tout simplement inacceptable. Ce n’est pas un tract de son syndicat, SudRail, qu’il lit, mais tout simplement un « copié-collé » des « propositions » faites par le gouvernement. C’est en effet ce qu’il y a décrit noir sur blanc, dans les textes que la ministre a soumis aux organisations syndicales vendredi dernier.

Gauthier, conducteur sur Gare du Nord, n’y va pas non plus par quatre chemins : si la « réforme » est inacceptable, il faut se donner les moyens pour « plier le Macron ». Pour cela, il faut pouvoir être en grève en continu, « pour aller voir les collègues, pour aller voir les étudiants en lutte, aller voir les éboueurs et les soignants, pour construire le ‘tous ensemble’ ».

Car si 95 est dans toutes les têtes, « il se peut bien que le printemps 2018 leur fera oublier novembre-décembre, dit Anasse Kazib, du Bourget, en référence à la grande grève victorieuse du milieu des années 1990. Pour cela, il faut que l’on puisse être en grève reconductible. Ce que l’on paie, c’est le fait, précisément, d’avoir levé le pied quand il fallait continué, en 2014 ou en 2016 ». L’expérience des « 2 sur 5 » et de ses limites, pur construire la mobilisation, commence à se faire sentir. Nombre de mécaniciens, contrôleurs, aiguilleurs, agents de maintenance et de commerciaux du secteur ParisNord se rendent compte que si il faut « durcir le mouvement », comme en ont appelé les organisations syndicales, vendredi dernier, ce n’est pas pour « perler la grève jusqu’en décembre », mais pour « taper un grand coup ».

« Il faudra dépasser le calendrier [fixé par les organisations syndicales] pour faire plier Macron », avait annoncé d’entrée de jeu Monique, déléguée SudRail, en ouverture, peu après 11h. C’est bien pour cela qu’au nom des grévistes du Bourget, Anasse Kazib propose de soumettre à l’AG interservices de ParisNord le principe d’une reconductible à partir du vendredi 13 avril, en lieu et place de 48 heures de grèves entre le 13 et le 15.

Au moment du vote, avec 134 voix pour, c’est la majorité qui s’engage à radicaliser le mouvement avant le prochain week-end. « En 86, l’appel à la lutte est parti de Gare du Nord », rappelle Anasse. Sur l’AG de la gare d’Europe qui a le plus gros trafic, c’est un appel clair qui a été lancé aux autres cheminots et aux organisations syndicales. « On les fera plier si on est en grève reconductible », souligne Laura, aiguilleuse au Bourget également. C’est bien pour cela que les mains se lèvent pour voter la grève, une cinquantaine étant prêts par ailleurs à remettre le couvert dès demain, mardi 10, pour faire des tourner de grévistes.

Qui a dit que les cheminots étaient fatigués ? Que le moral des grévistes commençait à s’user ? Pour ce quatrième jour de grève, l’état d’esprit est encore plus à la colère. Et les usagers, en gare du Nord et en Gare de l’Est, où sont passés les grévistes en cortège après l’AG du quai 36, sont toujours à la solidarité. Après cette manif improvisée entre les deux gares, les grévistes de ParisNord rejoignaient leurs collègues des autres sites et chantiers parisiens devant le Palais Bourbon, avec un seul et même mot d’ordre : « convergence et rejet en bloc du Pacte ferroviaire ! ».

[Crédit photos : JP Clech-RévolutionPermanente.fr]

 
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