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La Izquierda Diario
11 de avril de 2018 Twitter Faceboock

Ineptie et foutage de gueule
Parcoursup. Les lettres de motivation des candidat.e.s ne seront même pas lues !
Dom Thomas

Pour prétendre espérer avoir une place à la fac à la rentrée 2018, les lycéens de terminale et les étudiants en réorientation en première année d’études supérieures ont dû, cette année, rédiger une lettre de motivation pour chacun de leurs 10 vœux. En réalité, faute de personnel pour les examiner correctement, ces lettres risquent de ne même pas être lues !

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Dix vœux par candidat à la première année d’études supérieures à la rentrée 2018 : c’est le quota instauré par le désormais fameux Parcoursup, venu remplacer l’ancienne plateforme APB. Le dépôt des vœux était clos depuis le milieu du mois de mars, les dossiers doivent maintenant être examinés par des commissions d’enseignants-chercheurs au sein de chaque université.

Heures sup’ dans les commissions d’examen des dossiers

Mais la nouveauté de Parcoursup, c’est que contrairement à APB, ces 10 vœux ne sont pas hiérarchisés : les commissions sont donc dans l’obligation, explicitement rappelée par le ministère dans une lettre envoyée ce mercredi 11 avril aux vice-présidents « formation » des universités, d’examiner tous les dossiers en parallèle. Pour un même candidat, le travail est donc à refaire à dix reprises – éventuellement par la même commission si les formations sont demandées dans la même structure, mais plus fréquemment par des commissions différentes en cas de vœux dans différentes universités ou autres lieux de formation. Pour chaque vœu d’un étudiant, la commission doit ainsi se pencher sur un dossier constitué non seulement des résultats scolaires, mais aussi de la « fiche avenir », des notes des épreuves anticipées du baccalauréat, d’une lettre de motivation et éventuellement d’un CV.

Depuis la clôture du dépôt des dossiers, des chiffres commencent à arriver, dessinant une situation dramatique pour les commissions en charge de l’étude des candidatures. A Paris 3, c’est pas moins de 37 920 dossiers qui ont été reçus. Un enseignant-chercheur de Rennes 2 explique pour sa part que dans son département, les enseignants-chercheurs doivent étudier 2400 dossiers ; à 10 minutes minimum par dossier, ce qui est peu, cela représenterait une semaine de travail à plein temps (sans une minute de pause) pour une équipe de dix personnes. Evidemment, très peu voire aucun recrutement supplémentaire n’a été prévu pour cela. A Paris 3, la somme débloquée par le ministère correspond à 1,8€ par dossier... dont une partie pour financer le système informatique. Dans la pratique, cette tâche s’ajoute donc, aux tâches habituelles des enseignants-chercheurs, sans autre forme de compensation : cours à donner, aux examens à organiser, surveiller et corriger, aux stages et aux mémoires à diriger... sans même parler de l’éventualité de pouvoir faire de la recherche.

Déminage chez les enseignants-chercheurs... et mépris total pour les candidats

Cet aspect de la mise en place de Parcoursup donne donc des raisons supplémentaires aux personnels des universités pour se mettre en mouvement autour de leurs conditions de travail. En réponse, le gouvernement s’est empressé de désamorcer la contestation, en annonçant la mise en place d’un algorithme qui transformera en équivalents chiffrés les différents éléments du dossier... y compris, pourquoi pas, la lettre de motivation, résultat des efforts acharnés des candidats et de leurs professeurs, qui conscienseusement les ont souvent corrigé. Certains parents ont même investi dans des conseillers d’orientation privés, pour la modique somme de 320€ minimum, pour aider leurs rejetons à écrire leurs lettres de motivation. Tout cela pour que la lettre si chèrement payée finisse par être ramenée à un simple chiffre, le même pour toutes et tous, car l’algorithme est incapable de tenir compte de la qualité du texte qui lui est soumis !Une preuve de plus, s’il en fallait, du mépris incommensurablement profond de Macron pour les jeunes des classes laborieuses.

On l’aura compris : la méthode Macron, c’est d’aller vite dans les contre-réformes. Assommer l’adversaire en lui assénant coup après coup, en faisant croire à des concertations tout en validant les lois par ordonnance, ou encore en appliquant les mesures avant même que les lois soient votées, comme cela a été le cas pour Parcoursup. La faiblesse de cette méthode, c’est que quand l’adversaire se réveille de son étourdissement, les raisons de sa colère n’en sont que plus nombreuses.

 
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