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La Izquierda Diario
14 de avril de 2018 Twitter Faceboock

Stop aux bombardements !
La coalition occidentale a bombardé la Syrie
Philippe Alcoy

La coalition occidentale composée par la France, les Etats Unis et la Grande Bretagne a finalement lancé son bombardement contre le régime syrien. C’est une attaque plus importante encore que celle de l’année précédente.

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Plus de cent missiles ont été lancés dans la nuit du 13 au 14 avril par la coalition occidentale. Cette attaque visait trois cibles : deux cibles militaires (des stocks d’armes chimiques) et un centre de recherche où l’on produirait des armes chimiques. « Nous avons été très précis et la réponse était proportionnée, mais en même temps ce fut une frappe lourde », a déclaré le ministre américain de la défense Jim Mattis. La ministre de des Armées, Florence Parly, a quant à elle déclaré que « c’est la capacité de développer, de mettre au point et de produire des armes chimiques qui est atteinte ».

Cependant, comme l’a confirmé Joe Dunford, chef d’état-major américain, l’offensive est terminée. Elle était limitée aux armes chimiques du régime ; une « réponse » ponctuelle à l’attaque chimique attribué à Assad. Comme l’explique la première ministre britannique, Theresa May, les bombardements occidentaux ne cherchaient pas à « intervenir dans la guerre civile. Il ne s’agit pas de changer le régime ».

En effet, Trump, Macron et May ont bien calibré leur attaque pour éviter de toucher des objectifs militaires russes et iraniens. De cette façon ils essayent apparaître comme « tenant leurs engagements » (lignes rouges) sans toutefois déclencher un conflit majeur impliquant des puissances telles que la Russie et l’Iran.

Depuis une semaine le ton montait entre les occidentaux et la Russie et le risque d’un conflit de grande ampleur apparaissait très important, notamment si la Russie était touchée par l’attaque qui s’annonçait. Malgré la dégradation des rapports avec Poutine, on ne peut pas exclure qu’il y ait eu des échanges préalables entre Moscou et les occidentaux pour éviter le plus possible une escalade.

De son côté le régime assure qu’un « grand nombre de missiles » ont été interceptés et que les dégâts sont minimums. On dénonce une « agression barbare ». L’ambassadeur de Russie à Washington, Anatoli Antonov, a considéré que les frappes contre la Syrie signifiaient « insulter le président russe » et que de telles actions « ne resteraient pas sans conséquences ». Pour sa part l’ayatollah iranien Khamenei a considéré que « les Etats-Unis et leurs alliés ne tireront aucun avantage des crimes commis en Syrie. Attaquer la Syrie est un crime. Le président américain, le premier ministre britannique et le président français sont des criminels ».

Malgré toute cette rhétorique il reste à voir quelle sera la réponse du régime et de ses alliés, si elle a finalement lieu. De leur côté une escalade n’est pas souhaitable non plus.

Les « Faucons » à Washington déçus

Avec cette frappe aussi bien Trump que Macron et May réussissent à renforcer une image de « dirigeants déterminés » à tenir leurs « engagements » à un moindre prix géopolitique (au moins pour le moment). Cependant, leur opération pourrait se révéler peu payante d’un point de vue politique.

En effet, après les frappes nord-américaines en avril 2017, également en réponse à une attaque chimique attribuée au gouvernement Assad, le régime syrien n’a nullement été affecté dans sa course meurtrière. Certains observateurs affirment même qu’il a réalisé d’autres attaques chimiques depuis cette date, sans trop de réaction des occidentaux.

C’est pour cela que les ailes les plus guerrières à Washington espéraient que la réponse cette fois soit plus dure et visant plus d’objectifs militaires, non seulement d’Assad mais aussi de ses alliés, notamment l’Iran. Et les déclarations de Trump et ses alliés pendant la semaine laissaient espérer une réponse de ce type.

Cependant, malgré le ton « faucon » de Trump la réponse occidentale a été très « colombe ». En effet, face aux dangers qu’une attaque plus déterminée et aux craintes de la France qui voulait éviter de toucher des objectifs iraniens pour ne pas compliquer les négociations sur le traité nucléaire iranien, aujourd’hui on constate qu’une ligne moins agressive a été adoptée.

Comme on peut lire dans le Financial Times : « La portée limitée des cibles a déçu certains faucons de Washington qui espéraient que l’intervention américaine marquerait un effort plus large pour combattre l’influence de l’Iran et de la Russie sur la Syrie. Behnam Ben Taleblu, de la Foundation for Defense of Democracies, a déclaré que la sélection des cibles avait montré que l’administration Trump avait décidé de ne pas défier l’influence de l’Iran en Syrie. ‘La frappe n’est pas vraiment un signal contre l’Iran, le Hezbollah, les milices chiites ou la Russie, mais plus pour défendre la norme de ne pas utiliser des armes chimiques (…) Pour moi, cela signifie que la machine de guerre conventionnelle d’Assad n’a pas été entravée par la frappe’ ».

Plus encore, les frappes occidentales ne toucheront même pas le moral de l’armée syrienne ou encore des soutiens d’Assad et ses alliés. Au contraire, elles donnent l’opportunité à Assad d’apparaitre comme une « victime » et d’adopter une posture cynique « anti-impérialiste ».

Halte à la campagne impérialiste en Syrie ! Stop à la guerre !

La réalité c’est qu’aussi bien Trump que Macron et May visaient avant tout des objectifs politiques internes. Trump cherche désespérément améliorer sa popularité d’ici les élections au congrès de l’année prochaine pour éviter de subir un revers électoral qui ouvre une importante crise politique dans la principale puissance impérialiste.

Macron quant à lui se trouve au milieu d’une contestation sociale grandissante à ses politiques antisociales. Face au conflit cheminot et dans les universités le gouvernement français a en effet opéré un tournant répressif cette semaine avec l’intervention brutale à Notre Dame des Landes, la répression accrue dans les universités occupées et une contre-offensive médiatique face à la grève des cheminots. Tous ces fronts rencontrent une résistance acharnée de la part de la jeunesse et des travailleurs. L’offensive en Syrie était supposée renforcer son image.

Quant à Theresa May, son gouvernement se trouve embourbé dans de difficiles négociations pour le Brexit et la pression sur elle grandissante. Avec l’affaire Skripal et le large front de soutien international qu’elle avait réussi à obtenir elle avait eu une victoire importante. Logiquement, elle espérait renforcer son image avec cette offensive impérialiste.

Ces interventions réactionnaires en Syrie des puissances impérialistes se combinent avec les massacres perpétrés par le régime d’Assad et de ses alliés. L’aviation meurtrière de la Russie et les exactions contre les populations civiles des milices chiites financées l’Iran, notamment le Hezbollah, ont été fondamentales pour le maintien d’Assad au pouvoir et pour la victoire militaire du régime, au moins dans la première phase de la guerre.

Dans ce cadre totalement réactionnaire, il est fondamental de revendiquer le retrait immédiat de toutes les puissances internationales et régionales impliquées dans la guerre depuis 2011 : les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, la Turquie, la Russie, l’Iran, l’État israélien, l’Arabie Saoudite et les monarchies du Golfe.

Pour cela, les travailleurs, la jeunesse et l’ensemble des classes populaires doivent mettre en place un grand mouvement international, à commencer par les pays impliqués dans le conflit, pour la fin de la guerre en Syrie, contre l’intervention de l’impérialisme et de toutes les puissances régionales et internationales, contre le régime d’Assad et ses complices. C’est une tâche internationaliste fondamentale pour les exploités et opprimés.

Illustration : “Bombs Kill People Painting” de Pepijn Simon.

 
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