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La Izquierda Diario
1er de mai de 2018 Twitter Faceboock

Les faiseurs de guerres
Israël et les États-Unis à l’offensive contre l’Iran
Philippe Alcoy

À quelques jours de la décision de Trump sur le maintien de l’accord sur le nucléaire iranien, Benjamin Netanyahu a essayé d’influencer la décision américaine. Une manœuvre qui n’a rien à voir avec l’arme nucléaire iranienne mais plutôt avec son influence grandissante dans la région.

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En grande pompe le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a « révélé » à la planète que « l’Iran a menti » sur son programme d’enrichissement d’uranium et de recherche pour se doter de l’arme nucléaire. Selon les Israéliens, grâce à l’action de leurs services secrets, ils détiennent plus de 100 000 documents attestant des intentions nucléaires du régime de Téhéran.

Ces prétendues preuves montrent que l’accord sur le nucléaire iranien de 2015 ne reposerait sur rien d’autre que des « tromperies » de la part de l’Iran. Selon Netanyahu, tout au long des années 1990 l’Iran aurait cherché à se procurer l’arme nucléaire, un programme abandonné en 2003.

Cependant, ces « révélations » n’ont rien d’un scoop. En effet, l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) avait déjà mentionné ce programme dans un rapport et lors de la signature de l’accord de 2015 les différents acteurs avaient décidé de ne pas exiger de Téhéran la reconnaissance de tel programme comme condition préalable.

D’ailleurs comme on peut lire dans Le Monde, « la principale faiblesse de la dramaturgie du premier ministre israélien réside dans l’absence de preuves claires d’une violation par l’Iran des termes de l’accord signé en 2015 avec l’Allemagne et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU — États-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne ».

Une opération de com’

En réalité la conférence de presse de Netanyahu portait moins sur la présentation de prétendues preuves mais était plutôt une tentative de toucher l’opinion publique aux États-Unis et en Europe. L’objectif c’est de pousser les dirigeants européens à mettre fin à l’accord sur le nucléaire iranien ou au moins à imposer des règles bien plus dures et contraignantes à l’Iran.

C’est cet agenda réactionnaire que Trump et son gouvernement semblent avoir adopté ces derniers mois. Et c’est aussi derrière cet agenda que Macron semble s’être complètement aligné lors de sa visite aux Etats Unis la semaine dernière.

La conférence de Netanyahu a effectivement eu lieu quelques jours avant la date fatidique du 12 mai, où Trump devra décider s’il se retire ou pas de l’accord nucléaire. Aussi, elle se déroule le lendemain de la visite du nouveau secrétaire d’État nord-américain, Mike Pompeo. En prenant en compte ces éléments, on ne peut pas exclure que ces « révélations » soient une manœuvre pensée conjointement entre Israël et les services des affaires étrangères nord-américaines.

Contrer l’influence iranienne dans la région, des manœuvres dangereuses

Évidemment, cette dernière offensive anti-iranienne n’a rien à voir avec le développement de l’arme nucléaire par Téhéran. Même en cas de développement d’armements nucléaires, il est peu probable d’ailleurs que l’Iran les utiliserait contre Israël étant donné la proximité géographique des pays alliés de Téhéran.

Le vrai objectif d’Israël et des États-Unis dans leur politique anti-iranienne est de contrer l’influence que Téhéran a gagnée dans la région, notamment au cours de la guerre en Syrie. Pour Israël il est hors de question d’accepter que l’Iran possède des installations et du personnel militaire dans le pays voisin.

En effet, Israël et les États-Unis ne sont pas prêts à reconnaître le rapport de forces en faveur de l’Iran sur le terrain en Syrie et essayent de prolonger le conflit pour rendre plus difficile au régime iranien de recueillir les fruits de sa victoire militaire en Syrie. Or, ni les nord-américains ni les Israéliens ne sont capables aujourd’hui de présenter une alternative viable à Assad et ses alliés en Syrie. Leur seule réelle option c’est donc la poursuite d’un conflit meurtrier jusqu’à l’obtention de quelques concessions ou avancées sur le terrain. Ils utilisent ainsi la question de l’accord nucléaire iranien pour faire reculer Téhéran, avec la complicité de l’Arabie Saoudite et l’Égypte.

L’Iran se trouve donc dans une situation de plus en plus compliquée et mis sous pression, à l’extérieur comme à l’intérieur du pays. En effet, l’offensive israélienne ne se limite pas seulement à ce type de « spectacles » mais aussi à des actions militaires. Ce week-end par exemple, une attaque avec des missiles, attribuée à Israël, a tué deux douzaines de membres des forces militaires iraniennes en Syrie.

Une rupture de l’accord nucléaire iranien de la part des États-Unis pourrait pousser Téhéran à répondre à ce type d’attaques israéliennes, ouvrant une situation de guerre très dangereuse pour l’ensemble de la région. Cela pourrait passer par une attaque directe contre des objectifs israéliens mais aussi par des attaques à travers les milices liées à Téhéran comme celles du Hezbollah libanais.

On voit donc comment la politique des impérialistes et de leur client sioniste au Moyen-Orient pourraient amener à encore plus de catastrophes humanitaires et à des guerres réactionnaires dans une région déjà meurtrie par des années de conflit.

 
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