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La Izquierda Diario
10 de mai de 2018 Twitter Faceboock

Le dîner des rapaces
Évacuation du Mirail : l’offensive médiatique contre les étudiants mobilisés s’amplifie !
Barbara Reiner

Le lendemain de l’intervention des CRS à l’université du Mirail, journalistes, directeurs d’UFR, administrateurs et responsables régionaux y vont tous de leur petit mot, se félicitant du calme lors de l’évacuation, s’insurgeant de la « violence » des soi-disant « dégradations » estimées à... 400 000 euros. Une mise au clair s’impose !

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Crédits photo : Solidaires EtudiantEs Mirail

Après l’évacuation violente de la fac du Mirail dans la nuit du 8 au 9 mai, le processus de diffamation médiatique s’est enclenché, se superposant ainsi à la propagande anti-mobilisation ayant déjà cours depuis plusieurs mois contre celles et ceux qui s’opposent au gouvernement et à ses réformes. Que ce soit du côté des cheminots et de leurs prétendus privilèges ou de celui des étudiants, qui, reprenant les mots de Macron, sont des « agitateurs professionnels » ou bien des « professionnels du désordre ».

Les derniers articles relatant l’intervention des forces de répression au Mirail abondent dans ce sens. On entend tour à tour le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc, des représentants de la région ou encore l’administrateur provisoire de l’université Richard Laganier, nommé directement par le gouvernement pour « administrer la fac ingouvernable ».

200 CRS contre 80 personnes, une intervention dans le calme ?

Ce que Frédéric Rose, directeur de cabinet du préfet de la région Occitanie prétend au micro de La Dépêche, c’est que l’évacuation s’est faite dans le calme, sans heurt et sans violence. Pourtant – et les vidéos prises par les étudiants eux-mêmes le prouve – les CRS n’ont pas hésité à jouer de la matraque, à assener des coups de pieds chaussés de bottes coquées dans les jambes, à étrangler une étudiante mobilisée et à presser les étudiants et personnes présentes en soutien contre les murs de la fac avec les boucliers anti-émeutes causant plusieurs contusions sur la poitrine de ceux-ci.

Ce qui est également à noter, c’est l’insistance avec laquelle les forces de répression, mains sur la matraque, ont cherché à provoquer les étudiants et leurs soutiens par des blagues et des insultes allant de « punk à chien » jusqu’à diverses insultes sexistes à l’encontre de camarades femmes.

On est donc bien loin de l’évacuation calme, revendiquée par les représentants des diverses institutions d’État. C’est dans la violence que sont intervenus les quelques 200 CRS face à 80 étudiants stressés, épuisés mentalement et physiquement après plusieurs jours de menace d’intervention imminente, au cours desquels les heures de sommeil se sont faites rares. La violence était présente dès le début de l’intervention, à 3h30 du matin : 200 CRS armés jusqu’aux dents face à 80 étudiants pacifiques, retranchés dans les locaux où les forces de répression les avaient acculés.

S’il n’y a pas eu de blessures graves au cours de l’opération qui s’est déroulée au Mirail même, les forces de répression ont continué à suivre les étudiants dans le métro et au delà. Aux abords de la gare Matabiau, ils ont grièvement blessé un étudiant, certainement par l’explosion d’une grenade de désencerclement après une interpellation brutale. Ce dernier se trouve encore à l’hôpital à l’heure actuelle, atteint de fractures et d’une hémorragie au thorax.
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La rhétorique de l’intervention pacifique est récurrente dans ce genre de cas. La majorité des médias ont relayé les discours des directeurs de fac expliquant aux journalistes que les évacuations s’étaient passées dans le calme. Comme à Paris 1 Tolbiac, où les étudiants ont trouvé devant eux des CRS armés de FAMAS et de tronçonneuses pour défaire les barricades.

La fac de Vinci en lambeaux ?

Le deuxième acte de l’offensive médiatique et diffamatoire s’articule autour des « dégradations » commises par les occupants du Mirail, et dont les réparations coûteraient... 400 000 euros ! Le directeur de l’UFR d’Histoire a fait une intervention larmoyante, évoquant la nécessaire « restauration de l’image de l’université » qui a été gâchée selon lui, en qualifiant les occupants de « personnes qui n’avaient rien à voir avec l’université ».

Si les murs ont bien été décorés de peinture (textes, illustrations, etc.) on peine à imaginer ce qui coûterait plusieurs centaines de milliers d’euros pour les recouvrir. En effet, quelques pots de peinture et une main d’œuvre en sous-traitance surexploitée par l’université n’ont jamais coûté près d’un demi million d’euros... C’est à se demander si l’administrateur provisoire ne ferait pas passer les rénovations de bâtiments déjà insalubres bien avant l’occupation, comme celui de l’Arche (l’un des seuls bâtiments ne faisant pas partie du partenariat public-privé avec Vinci) dans les frais concernant les « dégradations ». Car c’est bien à l’entreprise Vinci qu’appartiennent la plupart des locaux de la fac, et c’est dans la poche de ses dirigeants qu’iront les milliers d’euros surfacturés pour la « remise en état » d’une université dont les étudiants sont dépossédés.

L’ensemble des autres dégâts réels constatés dans les heures qui ont suivi l’évacuation ont été l’œuvre de l’intervention violente des CRS qui n’ont pas hésité à fracasser une porte vitrée pour entrer dans un bâtiment, ou encore à fracasser la vaisselle des occupants par terre. Et si l’administrateur provisoire a d’ailleurs déclaré que des plaintes avaient été déposées à l’encontre de personnes dont « l’identité a été repérée sur place », on doute qu’il s’agisse de policiers…

L’enjeu de ce genre de propos diffamatoires est simple, il s’agit d’une bataille de l’opinion public, faisant passer les grévistes pour des personnes violentes, sauvages, et égoïstes vis-à-vis des autres étudiants et des personnels. A mille lieux de ce discours, les étudiants du Mirail et leurs soutiens continueront à se battre pour une université ouverte à toutes et tous, et leur situation « d’exil », hors du Mirail, ne fera que renforcer les liens qu’ils ont déjà tissé avec plusieurs autres secteurs en lutte, à commencer par les travailleurs de la santé et les cheminots.

 
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