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La Izquierda Diario
21 de mai de 2018 Twitter Faceboock

Incertitudes au cœur de l’Europe
Italie. Le populisme de droite au gouvernement
Philippe Alcoy

Les populistes de droite du Mouvement 5 Etoiles et la formation xénophobe Ligue du Nord ont présenté un candidat au poste de premier ministre suite à un accord de gouvernement. De grandes incertitudes planent sur l’UE mais se pose aussi la question de savoir s’ils auront les « moyens de leurs promesses électorales ».

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Luigi Di Maio (Mouvement 5 Etoiles – M5E) et Matteo Salvini (Ligue du Nord) ont présenté lundi au président italien, Sergio Mattarella, leur candidat au poste de premier ministre, Giuseppe Conte, après que les deux organisations soient arrivées à un accord de gouvernement. Le président italien doit maintenant valider la proposition, au milieu d’une situation qui ouvre plein d’interrogations et d’incertitudes au cœur de l’Union Européenne.

En effet, ce qui crée de la nervosité dans les capitales européennes c’est que ces deux formations, clairement les gagnantes des élections de mars dernier, ont mené une campagne aux tons « eurosceptiques » et « anti establishment ». Ces discours étaient également accompagnés d’un discours sécuritaire et profondément raciste et xénophobe notamment contre les réfugiés et migrants sans-papiers.

L’accord de gouvernement du M5E et la « Ligue » reprend effectivement ces thématiques racistes promettant des expulsions massives (certains parlent de 500 000) mais aussi une baisse des impôts pour le patronat, une restructuration de l’UE et un assouplissement des sanctions contre la Russie. Cet accord qui fait plus de 50 pages a été validé par les adhérents de ces formations à travers un vote en ligne pour le M5E et par un vote « traditionnel » pour les membres de la Ligue.

Ils entendent mener une politique « mettant fin à l’austérité » et ainsi l’une des mesures « phares », c’est un revenu universel pour l’ensemble des citoyens italiens. Celui-ci sera de 780 euros et soumis à plusieurs conditions en plus de la nationalité italienne, déjà mentionnée. Par exemple, les chômeurs ne pourront en bénéficier que pour deux ans et à condition d’accepter l’une des trois propositions d’emploi qu’on lui formulera. Autrement dit, ce sera une façon d’exercer une pression sur les chômeurs avec un discours « social ».

Les retraités pauvres pourront également bénéficier de ce revenu en tant que complément de leurs retraites. Cette mesure a permis au M5E de gagner beaucoup de voix parmi les classes populaires, notamment dans le sud du pays.

Cette situation amène certaines voix parmi l’establishment à demander au président italien d’exercer son droit de veto sur la proposition de gouvernement des formations populistes.

Cependant, malgré ces craintes et nervosité, les positions du M5E et de la Ligue ont connu une certaine modération, notamment après les pressions des marchés mais aussi des différentes fractions de la bourgeoisie italienne qui malgré leur souhait d’avoir plus de marges de manœuvres vis à vis de l’UE continuent à profiter du marché commun.

Ainsi, le M5E et la Ligue du Nord doivent jongler entre ces intérêts de secteurs capitalistes et leur base populaire. Ainsi, comme on affirme dans un article récent de Geopolitical Futures  : « La Ligue (…) a historiquement représenté les intérêts du nord de l’Italie, et alors qu’elle avait besoin de toucher une audience nationale plus large dans cette élection, elle est consciente des liens économiques entre le nord, qui reste sa base électorale, et le reste de l’UE  ».

En ce sens, le choix d’un total inconnu, venu de dehors du monde politique, pour le poste de premier ministre, bien qu’il réponde en grande partie réponde à la querelle entre les leaders des deux mouvements, pourrait être vu aussi comme une tentative de présenter une figure le plus proche d’un « premier ministre technocratique  », comme le président italien l’exigeait. Ainsi, Giuseppe Conte, bien qu’il ait un lien direct avec Di Maio, le leader du M5E, entend éliminer 400 lois « inutiles » pour « réduire la bureaucratie et libérer l’économie ».

La situation ouverte en Italie actuellement rappelle fortement la Grèce quand Syriza était arrivée au gouvernement en 2015. Cependant, bien que Syriza a formé un gouvernement avec un parti souverainiste de droite (ANEL), la situation italienne se différencie par le fait que ce sont deux partis ce sont des formations ouvertement réactionnaires et de droite. Cependant, il s’agit dans les deux cas d’un processus de radicalisation qui trouve un débouché électoral, sur la gauche et la droite, et qu’il s’agit pour les classes dominantes de faire rentrer dans le rang de l’ordre capitaliste normal. Le programme « social » du nouveau gouvernement italien pourrait rapidement se retrouver confronté aux exigences du marché.

Cependant, une grande différence entre les deux situations c’est que l’Italie n’est pas la Grèce. L’Italie est l’une des plus importantes économies de l’UE et les répercussions et conséquences de comment évolue la situation auront un impact sur tout le continent. Une autre chose qui est sure c’est que la répression et la brutalité xénophobe vont se multiplier à des niveaux très importants.

 
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