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La Izquierda Diario
4 de juin de 2018 Twitter Faceboock

Crime raciste en Calabre
Tué par balle. Un syndicaliste assassiné en Italie
Ciro Tappeste

« La fête, c’est fini ! ». Les mots sont de Matteo Salvini, le nouveau ministre de l’Intérieur italien et homme fort du gouvernement. Selon lui, les migrants et les réfugiés sont trop bien accueillis, dans la péninsule. Devançant son discours de quelques heures, au cours de la nuit de samedi, des coups de fusil étaient tirés contre un groupe de jeunes travailleurs agricoles africains près de Rosarno, dans le Sud du pays. Bilan : un jeune syndicaliste de 29 ans tué et un autre ouvrier blessé à la jambe. Lundi, les travailleurs agricoles de la plaine de Gioia Tauro ont répondu par la grève et la mobilisation.

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[Photo/USB-photo d’identité de Soumaila Sacko]

C’est la région dont provient une partie des fruits et légumes, parfois même estampillés « bio », que l’on retrouve sur nos tables : agrumes, kiwis, tomates, en particulier. Cultivés dans le Sud de l’Italie, notamment dans la région de Gioa Tauro, en Calabre, ils sont récoltés par des milliers de travailleurs agricoles, originaires d’Afrique Sub-saharienne, rétribués à la journée. La paie tourne autour de 20 à 25 euros, pour dix heures de travail. Ceux qui ne sont pas contents sont invités à aller se faire voir ailleurs et ne sont de toute façon pas réembauchés, le lendemain, par les « caporali », les contremaitres qui font office de garde-chiourme et de bureau d’embauche. Dans les plaines agricoles du Mezzogiorno, c’est l’esclavage qui a été rétabli. Et le patronat mafieux qui fait régner l’ordre.

Le nouveau gouvernement italien, issu de la coalition extrême droite-droite populiste entre la Ligue et le Mouvement Cinq Etoiles, a promis des gestes forts contre les migrants, les réfugiés, les sans-papiers. Une façon de désigner, à bon compte, des boucs-émissaires, en amplifiant un peu plus les mesures prises, ces dernières années par les gouvernements du Parti Démocrate. Certains ont ainsi devancé les déclarations de Matteo Salvini, chef de la Ligue, ministre de l’Intérieur et vice-Président du Conseil. A 20h30, samedi soir, parmi les champs d’agrumes et les oliviers, près de Rosarno, des coups de fusil ont été tirés en direction de trois jeunes Maliens à proximité d’une vieille fabrique abandonnée. Ils cherchaient à récupérer des plaques tôle pour se faire un abri dans le camp de tentes et de baraquements de fortune de San Ferdinando où dorment, la nuit, jusqu’à 4000 ouvriers agricoles. Soumaila Sacko, touché à la tête, est mort.

Que les coups de feu aient été tirés par un agent de la mafia chargé de surveiller un bâtiment aux mains de la criminalité organisée où étaient entreposés des déchets illégaux et toxiques, ce que les trois jeunes ne pouvaient savoir, ou par l’un des « caporali » ou leurs hommes, chargés de faire régner la discipline dans les champs de la plaine agricole de Gioia Tauro, l’objectif était clair : tirer sur trois jeunes migrants africains. Le fait que Soumaila Sacko ait été un militant actif de l’Union Syndicale de Base (USB) laisse penser la plupart des observateurs de la situation dans la région que la seconde hypothèse est la plus probable. Les commanditaires du crime, en revanche, se trouvent au gouvernement : ce sont l’ensemble des ministres, de la Ligue comme du M5S, qui ont fait dans la surenchère raciste et xénophobe, au cours des dernières semaines. C’est en tout cas ce qu’ont scandé, en manifestation, à Vibo Valentia, les camarades de Soumaila, qui sont descendus dans la rue, lundi.

Lundi matin, en effet, aucun travailleur agricole n’était visible aux croisements des routes de la plaine agricole où sont embauchés, dès l’aube, les ouvriers. La grève appelée par l’USB a été totale. L’activité a également été paralysée dans la région de Foggia alors que des rassemblements ont eu lieu ailleurs en Italie, notamment à Turin, à Potenza et à Rome. Mardi et mercredi, ce sera au tour des travailleurs du secteur logistique, très en pointe dans les luttes et organisés par les syndicats de base, comme le SiCOBAS et l’USB, à débrayer pour protester contre le racisme, le travail au noir, le patronat mafieux et la politique de Salvini-Di Maio, en vue de la grande mobilisation appelée pour le 16 juin contre le nouveau gouvernement. Soumaila Sacko, lui, dont la femme et la petite fille de 5 ans étaient restées au Mali, est le premier mort du cabinet italien qui a prêté serment samedi.

 
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