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La Izquierda Diario
7 de juin de 2018 Twitter Faceboock

Après le renversement de la droite au Parlement
Les socialistes de retour au pouvoir. Quoi de neuf sous le soleil de l’Etat espagnol ?
Ciro Tappeste

Après le renversement du gouvernement Rajoy, empêtré dans des scandales à répétition, le nouveau gouvernement socialiste espagnol a prêté serment jeudi. Le Premier ministre socialiste, Pedro Sánchez, a présenté un cabinet au féminin, mais dans la droite ligne des recommandations de la Troïka, de la défense de l’article 155 qui a placé la république de Catalogne sous tutelle et fidèle, surtout, aux intérêts de l’Ibex 35, le CAC 40 espagnol.

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Beaucoup de promesses, mais rien de concret, si ce n’est la poursuite de l’existant. C’est ce qui ressort du nouveau gouvernement. Ce devrait être, tout d’abord, un gouvernement en CDD –deux ans, au plus, pour les plus optimistes. En effet, le PSOE est minoritaire au Parlement, avec ses 84 députés. Et il sera bridé, en grande partie, par le budget 2019 qui a déjà été voté par le Parti Populaire avant la démission de Rajoy.

La grande nouveauté, c’est avant tout la féminisation du conseil des ministres, qui compte une majorité de femmes, au point où la presse espagnole se demandait, jeudi matin, s’il allait désormais falloir parler de « Consejo [conseil] de ministras » et non de « ministros ». L’autre projet est celui de réduire la brèche de rémunération entre hommes et femmes à travers une loi sur l’égalité salariale, mais également de prendre à bras le corps la question des violences de genre à travers un « Pacte d’Etat ». Sur le front de l’emploi, d’ailleurs, l’autre promesse, c’est la réforme du marché du Travail, décidé sous Zapatero (socialiste), et que l’équipe de Sánchez a promis de retoquer. Mais les promesses n’engagent que ceux qui y croient.

Il en va de même sur la Catalogne. Si certains avaient fait semblant de croire que le dossier allait se débloquer, il n’en sera rien. Josep Borrell, unioniste convaincu, qui a participé à toutes les manifestations anti-indépendance, est à la tête des Affaires étrangères. Le PSOE, artisan du Pacte de la Moncloa, qui a organisé le post-franquisme à travers la constitution de 1978 et le régime des autonomies régionales, va défendre « son » régime.

L’autre ministère d’Etat important, celui de l’Intérieur, a été confié à l’ex juge Grande-Marlaska, connu pour son combat contre la gauche aberztale basque et contre l’organisatuon de jeunesse Segi. Les observateurs les plus critiques n’ont pas manqué de rappeler que c’est lui qui, en 2007, alors qu’il était à la tête du Tribunal Suprême (« Audiencia Nacional ») avait fait renvoyer devant la justice deux journalistes de la revue humoristique Jueves pour « insulte au prince héritier », celui qui occupe aujourd’hui le trône sous le nom de Philippe VI.

Pour compléter le tableau, le ministère de la Justice será conduit par l’ancienne juge anti-terroriste Dolores Delgado. Elle aussi ennemie jurée des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Un gouvernement, donc, en parfaite continuité avec les orientations précédentes, sous le PSOE et le PP, par-delà le toilettage cosmétique. Les socialistes espagnols ont deux ans devant eux pour essayer de recoller les morceaux et regagner leur électorat.

Côté Parti Populaire, c’est la guerre ouverte. Le conflit pour la succession a commencé, notamment sur la droite du parti, autour de l’ancienne vice-présidente, Soraya Sáenz de Santamaría, de la ligne dure anti-catalaniste, et l’ancienne ministre de la Défense et actuelle secrétaire générale du PP, María Dolores de Cospedal. Même l’ancien Premier ministre, José María Aznar, l’homme de Bush et de Blair dans la guerre contre l’Irak, en 2003, a refait surface, proposant ses services et accusant Rajoy d’avoir « cassé la droite », à savoir de ne pas avoir cherché un accord entre le PP et Ciudadanos. La recomposition risque de durer longtemps et pourrait être pilotée par Alerto Nuñez-Feijoó, qui ferait consensus, dans un premier temps.

Indépendamment de la joie qu’a pu susciter, dans les classes populaires, dans la jeunesse et à gauche, la motion de censure contre Rajoy, le nouvel exécutif conduit par Sánchez vise à rassurer les partenaires de Madrid et à faire le service après-vente post-PP pour le patronat. Et, comme le soulignent Federico Grom et Iván Vela, de LaIzquierdaDiario.es, même Podemos aura apporté sa pierre à l’édifice. D’abord en affirmant que « c’est le peuple qui a fait tomber Rajoy », et en repeignant en rose un gouvernement qui ne tardera pas à montrer son vrai visage austéritaire.

 
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