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La Izquierda Diario
18 de juin de 2018 Twitter Faceboock

« Grande cause du quinquennat » ?
Macron ne veut définitivement pas d’égalité pour l’accès aux congés parentaux
Enora Lorita

Alors qu’il y a quelques mois, Macron se targuait de proclamer l’égalité entre les femmes et les hommes « grande cause du quinquennat », ses actes politiques s’avèrent être aux antipodes des promesses électorales. Dernier exemple en date : face à un projet de directive européenne qui prévoyait d’augmenter l’indemnisation des congés parentaux, la France s’est empressée de vider le texte de sa substance lors des négociations, jugeant le coût trop élevé.

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La France en première ligne pour contrer la directive européenne

Depuis plusieurs semaines, la France s’oppose bec et ongle au projet de directive européenne sur le congé parental, et ses efforts commencent à porter leurs fruits : le texte, qui n’apportait pourtant que des avancées minimes, a été complètement vidé de sa substance à l’issue d’une réunion préparatoire mercredi 13 juin.

A l’origine, le projet comportait plusieurs mesures qui auraient dû s’appliquer à l’ensemble des pays membres de l’Union Européenne tels que l’instauration d’un congé parental de quatre mois au minimum rémunéré au niveau des indemnités maladie, et avec la possibilité de le fractionner ou de le prendre en tant que temps partiel jusqu’à l’âge de 12 ans de l’enfant. D’autre part, le texte établissait le congé paternité obligatoire de dix jours au moment de la naissance, alors qu’aujourd’hui le droit européen ne prévoit rien pour les pères, ainsi qu’un congé « aidant » de cinq jours minimum par année afin que le parent puisse s’ « occuper de proches gravement malades ou en situation de dépendance ».

Mais voilà, les négociations entre les pays ont abouti à un texte qui supprime le congé « aidant » de cinq jours, qui n’impose plus aucun niveau de rémunération pour les différents congés, et réduit leur durée.

Et Macron a été le premier à s’opposer à ces mesures. En outre, en France le congé parental est aujourd’hui indemnisé à 396 euros par mois au maximum, mais avec la directive qui prévoyait de rémunérer le parent à hauteur d’un congé maladie (soit 50% du salaire), la somme aurait été élevée à 950 euros en moyenne. Le président s’était donc empressé en avril de dénoncer « un coût potentiellement explosif », appuyé par Marlène Shiappa, secrétaire d’Etat à l’égalité femmes-hommes. Quant au congé paternel de 10 jours, il existe déjà en France. Cependant seulement 3,5% de hommes français prennent ce congé après la naissance de leur enfant.

Ce sont les réformes de Macron qui précarisent les femmes

Comble de l’indécence, la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, a tenté de justifier l’opposition de la France en affirmant que le texte pourrait « éloigner les femmes du marché du travail », référence à la possibilité de fragmentation du congé parental sur douze ans prévue par le texte original. Mais cet argument ne tient par la route étant donné d’une part que la rémunération n’était prévue que sur une durée totale de quatre mois, et que cette mesure était surtout prévue pour les situations spécifiques, tel que la détection d’un handicap chez l’enfant.

Cette directive ne représentait en réalité que quelques miettes, qui n’auraient pas réellement eu d’impact dans la répartition des tâches domestiques. Avec seulement 600 euros par mois pour les femmes qui touchent le SMIC, la mesure s’avère être bien en deçà de leurs nécessités lorsqu’elles sont jeunes mères. En réalité si seulement 3,4% des hommes en France prennent un congé paternité c’est dans un premier temps parce que la société impose aux femmes de le faire, mais aussi car ce sont les hommes qui touchent un meilleur salaire et qui continuent donc à travailler après la naissance d’un enfant.

Et ce n’est pas la première fois que le gouvernement, qui adore s’auto-proclamer « féministe » pour se donner bonne image, trouve l’excuse du « coût » pour justifier des politiques sexistes. En réalité, ce qui « éloigne les femmes du marché du travail », pour reprendre les mots de la ministre, ce sont les mesures austéritaires que Macron enchaîne depuis le début de son mandat. En effet, l’acharnement de la France pour abandonner à tout prix ce projet de directive européenne est en parfaite cohérence avec la série de réformes qu’a déjà faite passer le Président et qui vont toucher en premier lieu les personnes les plus précarisées : les femmes et les personnes LGBTI.

La loi Travail XXL, passée par ordonnances à l’automne dernier, supprimait par exemple la hiérarchie des normes induisant la suppression de toute une série de droits, comme les congés enfants malades pris en majorité par les femmes, ou encore l’allongement du congé maternité et le maintien de leur rémunération à 100%. De même, la disparition du CHST, instance permettant de poursuivre en justice l’employeur, a réduit les capacités des travailleuses pour s’organiser face à leur patron. Plus généralement, la destruction du code du Travail touche en premier lieu les femmes et personnes LGBTI car ce sont déjà elles les plus précaires. Et pour finir, la réforme du Rail s’ajoute à la liste des causes d’une précarisation accrue des femmes en France.

 
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