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La Izquierda Diario
26 de juin de 2018 Twitter Faceboock

Retour de bâton pour Trump
Premières conséquences de la guerre commerciale, Harley-Davidson délocalise sa production
Lili B

Afin d’échapper aux tarifs douaniers instaurés par Bruxelles en représailles à ceux de Washington, l’entreprise Harley-Davidson a décidé de délocaliser une partie de sa production de motos en dehors du territoire américain. Premier retour de bâton pour Trump et sa politique unilatérale et agressive du « America first ».

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Crédits photo : SCOTT OLSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

On se souviendra qu’après avoir annoncé sa décision d’imposer des taxes de 25 % sur les importations d’acier, et de 10 % sur celles d’aluminium en provenance de l’Europe, du Mexique, du Canada et de la Chine, Trump avait déclaré que « les guerres commerciales sont bonnes et faciles à gagner pour les États-Unis ». Cependant, les ripostes et les effets que ces dernières commencent à produire démontrent que cette stratégie comporte tout de même des risques pour le président américain.

En effet, suite à la décision de Washington d’imposer ces tarifs supplémentaires sur les importations d’acier et sur celles d’aluminium, Bruxelles avait riposté en instaurant elle aussi des taxes douanières de 25 % sur des produits typiquement américains tels que les jeans, le bourbon, le beurre de cacahuètes, ou encore ces motos made in USA que sont les Harley-Davidson. Selon un document publié ce lundi, l’entreprise Harley-Davidson estime que ces taxes douanières augmenteraient le coût du prix au détail de chaque véhicule entrant sur le marché européen de 2200 dollars.

Afin d’échapper à ces taxes – qui mettent l’entreprise face au choix de réduire ses bénéfices ou de perdre une part de sa clientèle en augmentant le prix de ses motos, et ce à l’heure où l’Europe est un marché stratégique pour elle – la direction de l’entreprise a annoncé qu’elle délocaliserait une grande partie de sa production hors du sol américain : « C’est la seule option durable pour rendre ces motos accessibles aux clients dans l’UE et maintenir une activité viable en Europe ».

Si l’entreprise n’a pas précisé si des emplois sur le sol américain allaient être supprimés, il semble évident que la délocalisation d’une part importante de la production va avoir des conséquences néfastes sur les travailleurs américains, avec des suppressions de postes et du chômage à la clé.

Alors que Trump vend sa politique protectionniste comme celle qui serait à même de protéger les Américains et leurs emplois, avec sa devise « America First », on s’aperçoit ici que les victimes collatérales de la politique de Trump sont les travailleurs américains eux-mêmes, et que le protectionnisme ne représente absolument pas une solution progressiste pour les travailleurs.

La guerre commerciale lancée par Trump et les ripostes qu’elle a engendrées, qui commencent ici à produire leurs premiers effets, peuvent affaiblir politiquement ce dernier de manière significative. Si d’autres entreprises américaines se voient elles aussi touchées par ces taxes douanières, les implications économiques et politiques risquent de coûter cher à Trump. Si d’autres entreprises décident comme Harley-Davidson de délocaliser afin d’échapper aux taxes instaurées par Bruxelles, cela pourrait à terme affaiblir sa base électorale, notamment celle provenant des classes populaires qui ont vu dans la politique protectionniste et nationaliste de Trump une issue pour eux.

De plus, certains secteurs de l’industrie américaine sont déjà montés au créneau contre la politique nationaliste et protectionniste de Trump, à l’instar des constructeurs automobiles. Si ces derniers, et d’autres secteurs de l’industrie américaine, se retrouvent, comme aujourd’hui Harley-Davidson, victimes collatérales de la guerre commerciale menée par ce dernier, ceci pourrait avoir comme conséquence d’approfondir les dissensions au sein de la bourgeoisie américaine.

Suite à la décision d’Harley-Davidson, des voix au sein de son propre camp se sont par ailleurs élevées pour critiquer à nouveau la politique économique de Trump. Ainsi, après que Trump se soit indigné du manque de patriotisme d’Harley-Davidson, « la première à hisser le drapeau blanc », le sénateur républicain Ben Sasse a réagit : « Le problème n’est pas qu’Harley n’est pas patriotique, c’est que les taxes douanières sont stupides », ajoutant que ces « mesures ne fonctionnent pas ».

Ainsi, s’il est encore trop tôt pour analyser les conséquences que cette guerre commerciale aura sur Trump, ce dernier se retrouve cependant aujourd’hui face à son premier retour de bâton et commence à se confronter aux conséquences de sa méthode de bulldozer, de sa gouvernance unilatérale et agressive du « América First ». Ceci démontre également que le scénario d’une escalade dans la guerre commerciale n’est pas à exclure. D’autant plus que ce dernier a ouvert le conflit commercial sur plus d’un front, et que le conflit sino-américain représente également un risque de taille pour Trump.

Ces escalades dans la guerre commerciale entre les États-Unis et l’Union Européenne ravivent toujours un peu plus les tensions économiques et l’instabilité politique à l’échelle mondiale.

 
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