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La Izquierda Diario
10 de juillet de 2018 Twitter Faceboock

Le droit à l’avortement en danger
USA. Trump nomme un juge conservateur à la Cour suprême
David Labica

Le choix de Brett Kavanaugh pour succéder à Anthony Kennedy à la Cour suprême des États-Unis marque un temps fort du mandat de Trump. Le président américain entend marquer durablement l’institution judiciaire suprême des États-Unis en y nommant un juge connu pour ses positions traditionalistes et réactionnaires sur l’avortement ou encore les armes à feu.

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Crédits photo : Saul LOEB / AFP

C’est le deuxième renouvellement de poste à la Cour suprême auquel procède Trump depuis le début de son mandat. Début 2017, le président des États-Unis nommait Neil Gorsuch, un juge connu pour être un fervent partisan anti-avortement. Le choix récent de Brett Kavanaugh pour succéder à Anthony Kennedy poursuit cette logique qui vise à rendre la Cour suprême plus réactionnaire que jamais. Comparé à un « Gorsuch 2.0 », Brett Kavanaugh, qui jouit d’une image plus consensuelle en raison de son travail au sein de l’establishment, notamment auprès de George W. Bush, le nouveau juge de la Cour suprême n’en reste pas moins un soutien de poids à la ligne des Républicains. Âgé de seulement 53 ans, son influence sur les décisions de la Cour suprême et sur les questions de sociétés qu’elle arbitre pourraient être significatives et de longue durée.

Moins clivant que Amy Coney Barrett, fervente opposante au droit à l’avortement, adorée de la base évangéliste mais critiquée pour ses convictions religieuses qui prennent le pas sur le respect de la Constitution, comme le lui a reproché la sénatrice démocrate de la Californie, Dianne Feinstein, l’année dernière, Brett Kavanaugh ne semble pas vouloir mener une orientation très différente de celle avec qui il était en concurrence pour le poste.

Comme le souligne l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU), faisant part de ses inquiétudes suite à la nomination de Kavanaugh, « cette nomination peut mettre en danger le droit à l’IVG, qui a bénéficié depuis plus de quatre décennies à des millions de femmes et de familles ». Cette question de l’IVG, qui depuis 1973 et l’arrêt Roe v. Wade proclamé par la Cour suprême a rendu légal l’avortement aux États-Unis, pourrait revenir au centre des débats de société puisque l’arrivée en poste de Kavanaugh fait passer le nombre des Républicains conservateurs à cinq parmi les neuf membres que comporte le sommet du pouvoir judiciaire des États-Unis. Dans la seule affaire qu’il a eu à juger dans ce domaine, Kavanaugh s’est montré intransigeant en refusant l’IVG à une immigrante. Jusqu’à présent, le juge Anthony Kennedy avait arbitré la Cour en se rangeant tantôt du côté des démocrates tantôt du côté des républicains et s’était montré favorable au droit à l’avortement.

Le portrait du nouveau juge favori de Trump ne serait pas complet sans mentionner son soutien sans faille au droit de posséder des armes, son soutien à la peine de mort, sa défense inconditionnelle du pouvoir exécutif du président, notamment contre les procédures d’impeachment, et ses avis favorables à la déréglementation que les grandes entreprises voient d’un bon œil. Il professe également des positions qui s’opposent au plafonnement des financements électoraux, ce qui n’est là encore pas pour déplaire à un Trump qui feint d’avoir choisi les prétendants non « sur leurs opinions personnelles mais sur leur capacité de mettre celles-ci de côté pour faire ce qu’exigent la loi et la Constitution ».

La nomination de Brett Kavanaugh n’est qu’une première étape dans le tournant que le président opposé à l’avortement entend faire prendre à l’institution judiciaire suprême des États-Unis. Le Sénat doit encore valider cette décision, ce qui n’est pas chose faite. Les démocrates vont monter au créneau pour empêcher qu’une majorité vote pour Kavanaugh en jouant sur les élections de mi-mandat généralement défavorables au gouvernement en place tandis que quelques républicains favorables à l’avortement peuvent encore faire pencher la balance du côté démocrate. Néanmoins, la décision rendue par Trump de manière très solennelle lundi dernier face aux caméras marque une orientation politique clairement réactionnaire qui s’inscrit dans une vision de long terme des enjeux de société. Les femmes sont une nouvelle fois en première ligne des attaques faites par le gouvernement états-unien.

 
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