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La Izquierda Diario
11 de juillet de 2018 Twitter Faceboock

Témoignage
Foot, grenades et lacrymos. Un soir de demi-finale devant l’hôtel de ville de Rouen
Correspondant-e

Nous publions ci-dessous un témoignage qui nous a été envoyé sur la violente répression policière qui a eu lieu ce mardi 10 juillet au soir dans le centre-ville de Rouen, après la victoire de la France en demi-finale de la coupe du monde.

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Avec des copaines, hier, nous avons regardé le match à la maison. Quand nous avons compris que nous avions gagné, nous avons couru vers l’hôtel de ville afin de fêter la victoire avec d’autres supporters. L’hôtel de ville étant devenu le lieu pour fêter les victoires des Bleus. Nous arrivons au début. Les voies réservées aux voitures et aux bus se remplissent rapidement. Slogans, chants, fumigènes, pétards, c’est la fête ! Mais l’effervescence populaire va vite se transformer en une rage envers celles et ceux qui ont voulu empêcher que la fête se passe bien.

Vers 22h15 - 30, un petit groupe de personnes est arrivé, avec de gros fumigènes rouges, faisant monter un peu plus l’euphorie. Les personnes venues fêter la victoire ont commencé à remonter la voie des bus, vers la statue de Napoléon. C’est alors que les policiers, situés un peu plus loin, ont envoyé les premiers gaz lacrymogènes, énervants les supporters un peu éméchés, ainsi que celles et ceux qui avaient en tête les récents événements qui se sont passés à Nantes, où un jeune a été tué à bout portant par un policier. Envoyer les gaz était-il nécessaire alors qu’il n’y avait alors aucune raison apparente à cela ?

Un grand nombre de personnes ont alors spontanément, après la dispersion des premiers gaz, marché ou couru en direction des policiers. Une deuxième rafale de lacrymogène bien plus importante a alors déferlé, faisant monter encore plus la tension. A ce moment précis, la joie d’une victoire de l’équipe de France s’est transformée en une rage contre les forces de l’ordre. Les chants de supporters se sont transformés en "tout le monde déteste la police", "justice pour Aboubakar", "la police mutile, la police assassine" et j’en passe. Des projectiles ont été envoyés vers les forces de l’ordre (ou du désordre, nous ne savons plus) les tenant en respect quelques petites minutes.

La réponse a été hardcore de la part de la police. Des dizaines de grenades de gaz lacrymogène ont été envoyées, ainsi que des grenades désencerclantes. La foule énervée se dispersait, mais des groupes ont continué d’exprimer leur joie mélangée à leur colère. Rue de la République les évènements ont continué, puis se sont déplacés vers le bar tabac le Socrate, pour se terminer par des feux de poubelles rue Jeanne D’arc.

Avec des amis, choqués par le comportement de la police, nous avons décidé de ramasser le plus de grenades possible (voir la photo). Malheureusement, nous n’avons pu ramasser qu’une partie de ce qui a été lancé. Le gaz et la présence policière autour de nous nous foutant un peu la frousse. C’est au total 21 grenades de Gaz "CS", des dizaines de palets, ainsi qu’un morceau de grenade désencerclante que nous avons pu récupérer. Nous avons voulu témoigner de la violence dont la police a fait part lors d’une victoire de l’équipe de France. Et le jeu de la tension qu’elle a imposé, provoquant a lui seul, les émeutes qui ont suivi.

Le contexte actuel où la police est pointée du doigt pour son augmentation de 50% en un an de l’usage des armes à feu, que cette police vote majoritairement à l’extrême droite, que cette police tue, mutile, viole... Aboubakar, Maxime, Théo. Que jamais les bavures ne sont condamnées, que sur l’assassinat d’Aboubakar, le policier, sa hiérarchie, son syndicat et même Gérard Collomb ont menti et continueront de mentir. Tout cela doit nous questionner sur ce qu’est la police dans son essence. Nous devons, à chaque fois que celle-ci fait de la merde, la pointer du doigt.

 
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