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La Izquierda Diario
15 de juin de 2015 Twitter Faceboock

Nouveau paysage politique espagnol
La gauche radicale au pouvoir à Madrid et Barcelone ?

Diego Lotito

C’est ce samedi qu’ont eu lieu les investitures des maires dans l’État espagnol, à la suite des élections régionales et municipales du 24 mai. La nouveauté est l’arrivée de listes estampillées Podemos, classées, dans la presse, au sein de la gauche radicale, à la tête des villes les plus importantes du pays comme Madrid et Barcelone. Dans ces deux villes, Podemos s’empare des municipalités en passant des accords avec les vieux partis de « la caste », que ce soit avec le PSOE ou avec les nationalistes catalans de centre-gauche. Décryptage du nouveau paysage politique, fait de négociations et d’accords, qui se met en place dans l’État espagnol.

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Manuela Carmena, ancienne magistrate, au pouvoir à Madrid avec le soutien du PSOE

La liste municipale « Ahora Madrid », issue de la jonction entre Ganemos et Podemos, l’a effectivement emporté sur Esperanza Aguirre, baronne du Parti Populaire (PP), après plus de 24 ans de domination de la droite madrilène.

Ce vendredi, lors d’une conférence de presse, Manuela Carmena et Antonio Miguel Carmona (PSOE) ont officiellement annoncé l’accord entre Ahora Madrid et les socialistes qui permet à l’ancienne magistrate d’être investie en tant que maire de la ville. Aux 20 élus d’Ahora Madrid, s’ajoutent désormais les 9 élus du PSOE, dépassant ainsi les 21 élus du PP. Néanmoins, l’accord ne concerne que l’investiture. Le PSOE ne fera pas partie du gouvernement, mais pourra tout de même évaluer la mise en place des mesures prises par la nouvelle majorité municipale.

L’accord affiche comme principe la perspective d’une « mairie transparente et honnête », basée sur « la réalisation immédiate des audits de la dette et de la gestion municipale », « une administration plus proche [des administrés] et ouverte » et la mise en place de « budgets participatifs, d’initiatives législatives populaires et de consultations citoyennes ». De plus, les signataires s’engagent à « renforcer les compétences des districts et des quartiers » et à « adopter un pacte pour la culture ». Un autre point de l’accord stipule que « le logement est un droit » et pour cela la nouvelle mairie cherchera à « paralyser des expulsions » en créant un service municipal de médiation sur les hypothèques. Ahora Madrid et le PSOE ont dit, enfin, qu’ils étaient d’accord pour construire « une municipalité égalitaire », « une ville durable et équilibrée » et une administration « professionnelle et efficace ».

Carmena propose notamment d’aborder deux thèmes immédiats : l’arrêt des expulsions, par le biais de ce service municipal de médiation sur les hypothèques et de régler la question de l’urgence alimentaire dans les cantines scolaires.

Lors de la conférence de presse, la nouvelle maire et le chef des socialistes madrilènes se sont montrés très proches et n’ont pas fermé la porte à d’éventuels accords dans les mois à venir, notamment après les élections générales. Carmona du PSOE est même allé jusqu’à déclarer qu’entre lui et Carmena il y avait « plus qu’un contrat de mariage, [il y avait] un réel rapport d’amitié ».

Ada Colau, la militante anti-expulsions, investie à Barcelone

La nouvelle maire de Barcelone (capitale de la Catalogne), Ada Colau a été investie ce samedi avec le soutien des cinq élus de la Gauche républicaine de Catalogne (ERC, centre gauche), d’un des trois élus de la Candidature d’unité populaire (CUP) et des 11 élus de sa propre liste, « Barcelona en comu ». Le Parti des Socialistes de Catalogne (PSC, lié au PSOE national) n’avait pas encore décidé s’il apporterait ses 4 voix à la nouvelle majorité.

Colau a remercié l’ERC de son soutien depuis le compte Twitter de Barcelona en Comu : « Merci à l’ERC pour son vote de confiance. Ce sera un mandat basé sur le dialogue et les accords pour le bénéfice de la ville ».

Bien que le chef de l’ERC, Alfredo Bosch, ait déclaré que le soutien de son parti était un geste politique qui ouvrait la porte à de nouveaux accords et qu’il ne cherchait aucune contrepartie, il avait annoncé quelques jours plus tôt que son soutien serait effectif en échange d’un engagement de la part de Colau en faveur du processus de souveraineté en vue du 27 septembre, quand les élections régionales auront lieu.

Ada Colau a ajouté à son équipe gouvernementale l’ex-dirigeant du PSC, Jordi Marti, en tant qu’adjoint. Il s’agit d’une première décision qui revient à tendre la main vers l’aile « gauche » de la caste politicienne et balayer d’un revers de la main les fantasmes quant à une « rupture » qui inquiétait l’establishment politique de la ville.

Un nouveau paysage politique

Si le PP a réussi à garder la main sur de nombreuses mairies avec l’aide des « Ciudadanos », alter-égo centre-droit de Podemos, il reste tout de même la force politique qui a le plus perdu. Le PSOE, lui, a pu conserver plusieurs communes en s’appuyant sur la Gauche Unie (IU), soit en intégrant des gouvernements communs soit en passant des accords d’investiture avec Podemos.

Le nouveau paysage politique espagnol a fini par se dessiner ce samedi, malgré les inconnues qui pesaient sur les scrutins municipaux, avec la menace (le « Tamayazo », pour reprendre le lexique journalistique espagnol), dans certains cas, de voir des transfuges faire peser la balance dans un sens ou dans l’autre.

Les négociations et les accords qui ont occupé la scène politique ces derniers jours continueront sûrement dans les semaines à venir dans le cadre de la constitution des gouvernements régionaux. Dans diverses régions, plusieurs accords ont déjà été passés : entre Ciudadanos et le PP à Madrid ou Ciudadanos et le PSOE en Andalousie. Dans d’autres cas, Podemos a déjà promis son soutien au PSOE.

Les prochains mois seront déterminants pour comprendre jusqu’à quel point les pactes de Podemos avec « la caste » du PSOE conditionneront ses programmes gouvernementaux et accentueront son « virage vers le centre » et sa modération politique.

Les espoirs des millions de travailleurs, de jeunes et de personnes issues des classes populaires, qui cherchent à en finir avec les politiques d’austérité, le chômage et la précarité et qui ont voté Podemos risquent fort d’être douchés devant la « gestion » municipale par ces nouveaux partis politiques dans les grandes et petites villes du pays, où les vrais pouvoirs et les capitalistes chercheront à tout faire pour que rien ne change.

13/06/15.

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