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La Izquierda Diario
8 de juillet de 2019 Twitter Faceboock

Un business lucratif
Tour de France. La pub influe t-elle sur la stratégie de course des équipes ?
Julian Vadis

Nous republions ci-dessous un article de l’an passé. Alors que le peloton du Tour de France est arrivé en France, les différents sponsors et organisateurs de la grande boucle se frottent les mains. Troisième épreuve sportive la plus suivie au monde, le Tour est un véritable aimant à sponsors et à profits. D’où la question, légitime : la publicité influe t-elle sur la stratégie de course des différentes équipes engagées ?

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Crédits photo : tourdefrance.cholet.fr

Le Tour : une machine à billets bien rodée

On le sait, le Tour de France est l’épreuve sportive à rayonnement international la plus populaire au monde. Trois semaines de course et, selon les chiffres publiés sur letour.fr 10 à 12 millions de spectateurs sur le bord des routes et 3,5 milliards de téléspectateurs cumulés, pour une diffusion dans 195 pays, entre autres. De quoi poser les bases pour un business lucratif.

Et pourtant, il y a un hic. Le cyclisme a cette particularité, dans le déroulement des épreuves, rendant logistiquement impossible de faire payer les spectateurs sur les routes. C’est pourquoi Amaury Sport Organisation (ASO), la société organisatrice du Tour de France, a mis en place une machine désormais bien rodée pour maximiser les profits. Ainsi, pour qu’une ville accueille le départ d’une étape, la facture s’élève à 65 000€. 110 000€ pour une arrivée et 160 000€ pour les deux, selon les chiffres publiés sur Le Point en 2016. Des prix qui ne dissuadent pas de nombreuses municipalités, puisque ce sont chaque année plus de 200 villes qui se portent candidates. Mieux, pour accueillir le grand départ du Tour, la facture s’envole : de 2 à 10 millions d’euros !

Mais il ne s’agit là que de la pointe émergée de l’iceberg. En effet, le (très) gros du gâteau se situe dans les contrats de sponsoring. Ainsi, 35 marques sont présentes au sein de la très convoitée et populaire caravane du Tour, qui précède le passage des coureurs et distribue des « cadeaux » aux 12 millions de personnes amassées sur les routes. Les marques se disputent également les différents maillots distinctifs (LCL pour le maillot jaune du leader du Tour, Škoda pour le maillot vert du meilleur sprinteur, Krys pour le maillot blanc de meilleur jeune et Leclerc pour le maillot blanc à pois rouge de meilleur grimpeur). Au final, si l’on cumule l’ensemble des profits générés, le chiffre d’affaire obtenu est on ne peut plus confortable pour ASO : environ 150 millions d’euros en 3 semaines !

Les coureurs, grands oubliés du partage du gâteau

Les coureurs sont, au moins pour les spectateurs, au centre de la course. Et pourtant, il sont aussi les grands oublié du partage de ce fructueux gâteaux.

Ainsi, au total, les cyclistes du Tour se partagent 2,3 millions de primes en cumulé, selon les chiffres disponibles. Le vainqueur du Tour empoche la somme de 500 000 €. Pour un coureur classé entre la 20ème et la dernière place, la prime s’élève à seulement 1000 € . Des chiffres qui restent constants d’année en année, malgré les profits toujours plus grands à chaque édition. Face à cette situation, et comme le cyclisme est le plus collectif des sports individuels, les primes sont généralisées au sein des équipes, pour une répartition plus équitable.

Au niveau des salaires, là aussi, les rémunérations peuvent paraître dérisoire au vue des profits générés par les coureurs, d’autant plus que dans la majorité des cas, les droits d’images sont rétrocédés au sponsor de l’équipe.

Ainsi, selon Les Echos, les superstars de peloton Peter Sagan et Christopher Froome touchaient 5 millions d’euros par an en 2017. Des chiffres qui s’effondrent graduellement au sein du peloton. Ainsi, un néo-pro touche entre 21.853 et 43.428 € bruts à l’année. Ainsi, « d’après un rapport de la DNCG, un coureur de première division (UCI ProTeams) a gagné en moyenne 211.881 € bruts (hors primes) en 2016, contre 47.701 pour un cycliste de deuxième division (UCI Continentale Pro) et 29.586 pour un athlète de troisième division (UCI Continentale) ». Pour faire un parallèle avec le football, toujours dans l’article des Echos, « hors ASO, tous les salaires des coureurs, budgets des équipes et revenus des organisateurs réunis sont inférieurs au seul budget du PSG » selon Pascal Chanteur, ex-cycliste et président du syndicat français des coureurs cyclistes, l’UNCP.

Pour les équipes, l’important, c’est l’exposition médiatique !

Selon Sportune.fr, en 2017, le budget des équipes engagées sur la grande boucle variait de 3,5millions d’euros (Fortuneo-VitalConcept et Wanty-Groupe Gobert) à 37 millions pour la Team Sky.

Bien évidemment, les objectifs de course diffèrent selon le budget, et conditionnent directement la stratégie de course. De la victoire finale au tour... jusqu’au simple fait de chercher à passer un maximum de temps à l’antenne. Il faut dire que le Tour de France, c’est aussi 105 heures de direct sur 3 semaines diffusé dans 195 pays ! Yvon Breton, directeur du Sponsoring d’AG2R La Mondiale, ne s’en cache d’ailleurs pas. « Le sponsoring cycliste est extrêmement rentable pour nous. Le Tour de France offre une exposition considérable pour notre marque et le modèle du naming est attractif » a-t-il ainsi déclaré dans les colonnes de Challenges en 2017.

Alors que le Tour de France, au delà des performances sportives, alimente généralement la polémique avec les affaires de dopage, comme cela a été encore le cas avec le cas Christopher Froome sur l’édition 2018, ce sont bien les profits et la course aux sponsors qui gangrènent l’épreuve. Et ce jusqu’à la feuille de route des équipes, où une potentielle victoire d’étape passe après un temps d’exposition maximale devant les caméras de télévision, ou bien encore en cadenassant totalement la course pour atteindre les objectifs, au renfort de moyens technologiques (capteurs de puissance, oreilletts, etc.). Et dans ce cadre, c’est le cyclisme qui passe au second plan.

 
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