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La Izquierda Diario
22 de juillet de 2018 Twitter Faceboock

Le tonton Macoute de l’Elysée
Selon BFMTV, Benalla « pilotait un projet de service secret à la française »
Yano Lesage

Tout juste sorti ce dimanche de ses 48 heures de garde-à-vue, les révélations continuent de s’enchainer sur le cas d’Alexandre Benalla. Jusqu’alors décrit comme un chargé de la sécurité du président, il semblerait que ses fonctions (et ses passe droits) aient été bien plus étendues : à en croire sa place au cœur du dispositif d’organisation du maintien de l’ordre le 1er mai, son badge d’entrée à l’Assemblée et désormais, selon des révélations de BFMTV, ses responsabilités dans l’organisation d’un « projet de service secret à la française ».

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Au cœur du dispositif de police le 1er mai, Alexandre Benalla a-t-il simplement outrepassé les droits que son statut d’« observateur » accordé par la DOPC – Direction de l’Ordre Public et de la Circulation –, donc par la préfecture de Paris, à la demande de l’Elysée, lui ouvrait lors de cette manifestation du 1er mai à Paris ? Si c’est une partie de l’axe de sa défense, de celle de la préfecture de police de Paris, de la République en Marche et de l’Elysée, il y a pourtant matière à en douter.

Sur les vidéos d’abord. Après celle de Taha Bouhafs, le montrant molestant un jeune homme, la seconde sur laquelle il s’en prend à une jeune femme, une troisième vidéo recueillie par Mediapart atteste du rôle central qu’occupait Alexandre Bellana, place de la Contrescarpe, dans l’interpellation des manifestants.

Loin d’avoir une place d’observateur, il semblerait qu’il soit aux commandes et qu’il procède lui-même à l’interpellation. Mais encore, il semblerait qu’Alexandre Benalla ait été au cœur de la gestion du dispositif policier – exceptionnel – en cette journée du 1 er mai. Il a aussi été identifié, sur des vidéos prises par Gaspard Glanz, plus tôt durant cette même journée du 1er mai. Présent boulevard de l’Hôpital, devant le Mac Donald du pont d’Austerlitz où la manifestation du 1er mai avait été coupée en deux, on l’y voit aux côtés de Vincent Crase, le « deuxième homme » mis en garde à vue, d’un responsable de la BAC et de Philippe Mizerski, responsable de la DOPC, assurant la liaison avec l’Elysée.

Des privilèges que n’explique pas sa fonction officielle

On sait aussi, désormais, que le « bodyguard » de la présidence ne s’est pas tenu, depuis sa sanction du 2 mai, à la sécurité des événements organisés à l’intérieur du Palais, comme l’Elysée l’avait annoncé, mais qu’il a été aperçu lors de nombreuses cérémonies officielles, notamment celle du 14 juillet. On sait également qu’il touchait un salaire de 10 000 euros, avait à disposition une voiture de fonction avec chauffeur et un badge d’accès à l’Assemblée Nationale (où le président de la République ne se rend pas), des privilèges importants qui tranche avec l’intitulé de sa fonction officielle.

Et il y a aussi ce logement de fonction, au quai Branly, face à l’Elysée, dont on sait qu’il servait de résidence à Mazarine, la fille cachée de Mitterrand, tenue dissimulée pendant ses années de septennat et dont seule la « cellule de l’Elysée », véritable service privé de sécurité et de renseignement de Mitterrand, sorte d’Etat dans l’Etat,
était au courant. Le symbole est fort. Et les suspicions de barbouzerie au sommet de l’Etat, dans la grande tradition de la Vème République, sont de plus en plus crédibles.

Benalla, tonton Macoute de Macron ?

Tout porte à dire que Benalla, ce « fils caché » de Macron dont on vient de découvrir l’existence, avait des relations privilégiées avec l’institution policière, et en particulier avec la préfecture de Paris, qui lui avait accordé un mandat pour le port d’arme à feu et dont des responsables l’ont laissé tabassé, place de la Contrescarpe, deux jeunes gens, s’il n’en ait pas d’autres…

Avant d’être le « monsieur sécurité » de l’Elysée, il avait prêté ses services à plusieurs éléphants du PS, dont Martine Aubry et Arnaud Montebourg, mais aussi, en tant que chef de cabinet, à Jean-Marc Momerck, à la tête de la délégation interministérielle des Outre-Mer au cours de l’année 2016. A la même époque, il fonde avec le « deuxième homme » de la vidéo, officiellement employé d’En Marche, Vincent Crase, la Fédération française de la Sécurité privée. Rapidement dissoute selon le Huffington Post.

Les MacronLeaks avaient dévoilé que, durant la campagne, ces deux collaborateurs de l’Elysée avaient insisté à plusieurs reprises pour commander des révolvers et des flashballs pour En Marche…

Avec un tel profil, Benalla a été promu au sein du cabinet élyséen. Il était, selon des révélations de BFMTV, dans le cadre de ses fonctions, en charge d’organiser « la fusion des différents services qui s’occupent de la sécurité du Président : gendarmes et policiers à l’intérieur et à l’extérieur du Palais », « un projet de service secret à la française » selon les mots du journaliste. A la cellule élyséenne, il n’y a peut-être qu’un pas.

Crédits photos : (ETIENNE LAURENT / EPA)

 
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