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2 de août de 2018 Twitter Faceboock

Déjà trois morts
Zimbabwe. Manifestations réprimées par l’armée pour la première élection post-Mugabe
François Martin

Les premières élections de l’ère post-Mugabe ne réussiront pas à convaincre la communauté internationale et les citoyens zimbabwéens de la réussite d’une « transition démocratique ». Alors que les résultats sont toujours attendus, l’armée a réprimé des manifestations, causant 3 morts au moins.

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Crédits photos : Tsvangirayi Mukwazhi / AP

La capitale du Zimbabwe, Harare, s’est embrasée mercredi 1er juillet, alors que la population attendait avec impatience les résultats de la première élections présidentielle depuis la chute de Robert Mugabe, démis de ses fonctions en novembre après 27 années au pouvoir. Son successeur, l’ancien vice-président Emmerson Mnangagwa, partisan d’une ouverture du pays à un néolibéralisme effréné, faisait face à 13 autres candidats, dont un seul se détachait du lot, à savoir Nelson Chamisa, candidat du MDC (Movement for Democratic Change), parti issu des mouvements sociaux du début des années 2000 et de l’opposition syndicale à Mugabe.

Dans l’attente des résultats pour la présidentielles, les partisans du MDC ont annoncé la victoire de leur candidat en début de semaine, provoquant l’ire des partisans d’Emmerson Mnangagwa et de son parti, le ZANU-PF, qui ont menacé toutes celles et ceux qui proclameraient des résultats avant la commission électorale d’arrestation. Dans cette situation tendue, scrutée de près par les observateurs internationaux qui attendent de voir comme le pays pourrait accélérer son ouverture aux grandes entreprises notamment américaines, les partisans du MDC ont manifesté hier devant la commission électorale, réclamant tout simplement la publication des résultats des élections du 28 juillet.

Alors que cette commission a annoncé que les résultats seraient publiés jeudi ou vendredi, l’armée est alors intervenue pour réprimer les manifestants, tirant parfois à balles réelles, comme le montre cette photographie pris par un journaliste de l’AFP.

Crédits photos : Zinyange Auntony // AFP

Cette répression survient au moment où Emmerson Mnangagwa, vice-président déchu par Mugabe, tentait de montrer des gages de crédibilités aux investisseurs internationaux. Comme le notait Jean Nanga, correspondant de la revue Inprecor en Afrique centrale, dans une interview en janvier, « en vue de la prochaine élection présidentielle, malgré sa triste réputation de cruel complice du dictateur Mugabe, Mnangagwa est appelé à jouer au dirigeant respectueux des droits et libertés, à celui qui est préoccupé par la situation des pauvres constituant l’écrasante majorité de la population. Il n’est pas exclu que, au cas où il serait élu, en guise d’achat de la « paix sociale » il lui soit accordé, par la Banque mondiale et les partenaires occidentaux, un cosmétique programme de « lutte contre la pauvreté » en accompagnement des « réformes structurelles », comme ce fut le cas en Afrique du Sud après l’apartheid (dans une situation économico-sociale beaucoup moins critique que la zimbabwéenne). Même si le néolibéralisme est bien compatible avec une politique très répressive, faire d’emblée le choix de celle-ci risque de compromettre la prétendue relance de l’économie zimbabwéenne et la stabilité.  »

En face de Mnagagwa, l’opposition, même si elle feint de défendre un Zimbabwe plus « démocratique et social », semble cependant défendre peu de changement structurel pour le pays, dominé par les grandes puissances impérialistes, avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne comme « puissances tutélaires ». Si le régime de Mugabe est issu de la lutte contre l’État raciste des colons rhodésiens, et que l’ancien président s’est toujours adonné à des exercices discursifs « anti-impérialistes », le Zimbabwe reste dépendant de ces pays, pieds et poings liés aux institutions internationales dirigées par Washington, FMI et Banque Mondiale en tête. Le MDC n’a jamais cherché à opposer une alternative au néolibéralisme assumé de Mnangagwa, en témoigne leur participation au gouvernement d’unité nationale entre 2009 et 2013.

 
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