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La Izquierda Diario
10 de septembre de 2018 Twitter Faceboock

Premières conséquences du Pacte Ferroviaire
Nouvel’R : le plan pour faire de SNCF Réseau une "entreprise comme les autres"
Enora Lorita

Le plan Nouvel’R concernant SNCF Réseau, fruit de l’application du pacte ferroviaire voté en juin dernier au Sénat, était dévoilé par son PDG jeudi 6 septembre. Les mots de Patrick Jeantet sont clairs, l’objectif du plan est de transformer SNCF Réseau en « une entreprise à part entière ». Au programme ? Concurrence, suppression des petites lignes et licenciements …

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L’Assemblée nationale votait en avril dernier le changement de statut de la SNCF, prévoyant de transformer l’entreprise au 1er janvier 2020 en Société anonyme à capitaux publics. Ce nouveau statut actera la fin de la structuration de la SNCF en trois établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC), dont l’un est SNCF Réseau. Ce dernier va en effet passer à un statut bien moins protecteur et donc plus attractif pour les entreprises, un premier pas vers l’ouverture à la concurrence et donc la privatisation du système ferroviaire. C’est dans cette logique que s’inscrit le plan Nouvel’R.

Nouvel’R, vers la transformation en société anonyme

SNCF Réseau est l’une des trois EPIC de la SNCF : elle a pour objectif de gérer la maintenance, l’entretien et le renouvellement des infrastructures ainsi que de gérer la circulation des trains. L’entreprise semblerait être la première à subir les conséquences du Pacte Ferroviaire, malgré les trois mois de grève cheminote du printemps dernier.

En effet, son PDG, Patrick Jeantet, a dévoilé ce jeudi 6 septembre son plan pour transformer la future société anonyme. Ce dernier a expliqué devant la presse que « Notre objectif fondamental est de préparer le réseau du futur pour faire regagner des parts de marché au mode ferroviaire, le seul à permettre une mobilité de masse décarbonée. Pour cela, nous devons diminuer les coûts structurels de l’infrastructure afin de pouvoir baisser le prix des péages, tout en améliorant le service rendu aux entreprises ferroviaires ».

Derrière une communication minutieusement élaborée autour de l’idée de « mettre au client au cœur des préoccupations », le PDG a également affirmé à plusieurs reprises vouloir « maitriser les coûts ». Une formulation qui cache en réalité un pas de plus vers l’ouverture à la concurrence.

Cette mutation de statut n’était possible que si l’Etat était prêt à reprendre 35 des 47 milliards d’euros de la dette de la SNCF, le statut de société anonyme imposant un plafonnement de 12 milliards. En juin dernier, certains syndicats se disaient « satisfaits » des négociations avec le gouvernement qui avait accepté de reprendre une partie de la dette. Mais aujourd’hui, Patrick Jeantet affirme que c’est précisément parce qu’une partie de la dette a été effacée de l’ardoise de la SNCF qu’en contrepartie l’entreprise se doit d’être d’autant plus productive et de « maitriser les coûts ». Autrement dit, alors que la dette est due à des investissement colossaux qui étaient surtout des coups de com’ politique pour les gouvernements successifs, ce sont les cheminots et les travailleurs en général qui devront encore une fois se serrer la ceinture.

Les petites lignes et des centaines de postes sur la sellette

Alors que tout au long du printemps dernier le gouvernement n’a cessé de répéter que les petites lignes ne subiraient pas les conséquences de la réforme ferroviaire, le plan Nouvel’R est une nouvelle preuve du contraire. Comme l’a souligné le PDG de SNCF Réseau lui-même, le projet prévoit une baisse de 30% du coût des petites lignes, et « les discussions se feront au cas par cas ». Autrement dit, les lignes les moins rentables seront soit supprimées soit complètement délaissées. Encore une fois, ce sont les millions de personnes qui chaque jour n’ont pas d’autre possibilité que de prendre le train pour aller travailler qui devront endosser les coupes budgétaires.

De plus, un autre aspect du plan Nouvel’R va toucher de pleins fouet les emplois des cheminots, et en particulier les aiguilleurs. La « révolution numérique » comme solution de la direction pour économiser sera accompagnée d’une politique de suppression de postes chez SNCF Réseau, et en particulier dans l’aiguillage. En effet, des Commandes Centralisées du Réseau (CCR) remplaceront les différents postes d’aiguillages pour les regrouper dans un même lieu, ce qui aura comme conséquence la diminution du nombre d’emplois dans l’aiguillage, mais surement aussi dans d’autres secteurs.

Toutes ces conséquences désastreuses pour les travailleurs et les usagers, les cheminots l’avaient eux bien compris dès la publication du rapport Spinetta. C’est en ce sens que leurs revendications allaient justement à l’encontre de la volonté de faire de la SNCF une « entreprise à part entière » (P. Jeantet) ou « comme les autres » (Le Monde). Ce qui ressortait des assemblées générales cheminotes, ou encore des rencontres inter-gares, c’était la défense du service public et plus encore, la possibilité d’un contrôle des travailleurs et des usagers sur la SNCF, les seuls capables de diriger un service public qui serait réellement adapté aux besoins de la population sans être soumis aux impératifs marchands.

 
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