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La Izquierda Diario
21 de septembre de 2018 Twitter Faceboock

Nos vies valent plus que leurs profits
Reportage. Entre maltraitance et course aux profits, la réalité des EHPAD privés

Le magazine d’investigation d’Elise Lucet présentait jeudi 20 septembre une nouvelle enquête édifiante sur la situation des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) privés à but lucratif. En France, il existe 2000 établissements privés de ce type, sur un total de 7400. Un recours au privé en augmentation régulière, austérité oblige. D’autant que pour les actionnaires, il s’agit d’un placement particulièrement lucratif.

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Le reportage donne à voir des cas de maltraitance systématique dans de nombreux établissements, où le manque de personnel conduit à des situations dramatiques : des pensionnaires mal nourris, livrés à eux même au sein des établissements, dormant dans des draps souillés. Le tout pour des tarifs allant de 3000 € à 4000 € mensuels !

Les établissement à but non lucratif plafonnent quant à eux leurs tarifs à 1500 € mensuel en général. Les résidents y bénéficient, selon le reportage de conditions d’accueil moins dégradantes, même si celles-ci sont loin d’être satisfaisantes.

En effet, pour faire des économies sur leurs frais de fonctionnement, on apprend que les établissements privés ont recours au SAMU pour soigner leurs résidents, à défaut d’embaucher du personnel compétent sur place. Les interventions du SAMU dans les EHPAD privé ont ainsi augmenté de 63% en 5 ans Seine-Saint-Denis. Dans un souci d’économies et d’accroissement de leurs marges, ces établissement font appel à un service public pourtant déjà saturé.

Envoyé Spécial ne révèle ici rien de nouveau, mais vient rappeler la réalité structurelle alarmante des EPHAD, qui s’aggrave chaque année. Une réalité qui se poursuit dans l’indifférence générale des différents gouvernements successifs qui condamnent ces structures, leurs salariés et leurs pensionnaires à un manque de moyens criant, et dans un contexte d’augmentation de la durée de vie et d’évolution démographique. En France, 9% de la population est âgée de plus de 75 ans, un chiffre en constante augmentation. Face au désengagement de l’Etat et à la baisse des budgets, le nombre d’EHPAD privés ne devrait donc cesser d’augmenter.

Les travailleurs du secteur sont victimes de plein fouet de ce scandale sanitaire et social, emblématique de la dérive d’une gestion financiarisée de ces établissement de santé. Sept organisations syndicales ont ainsi appelé à la grève en janvier dernier, réclamant plus de moyens humains et dénonçant les cas de maltraitance dont font l’objet les pensionnaires. Face au déficit de personnel et à des budget ne permettant pas de disposer de moyens matériels adéquats, les personnels de ces établissement se mobilisent sans relâche pour obtenir les conditions d’un accueil digne, en réclamant notamment un professionnel par résident, ce que préconisait par ailleurs un rapport parlementaire en mars dernier.

Filiales de fonds de pensions étrangers affichant des taux de rendement à deux chiffres, les EHPAD sont devenus des produits d’investissement comme d’autres. Le chiffre d’affaire du groupe Orpea, qui a tenté en vain d’empêcher la diffusion du reportage, a par exemple bondi de 61 % en 3 ans. 

Le gouvernement a promis de débloquer une enveloppe 150 millions d’euros pour éteindre l’incendie et calmer la grogne des familles et des salariés du secteur.Un pansement sur une jambe de bois, qui n’est pas à la hauteur des besoins. Il est ainsi évident que la recherche effrénée de la rentabilité et le dégagement de marge pour les actionnaires sont incompatibles avec une prise en charge respectueuse des résidents. Face à un désengagement généralisé de l’État dans les structures de soins depuis des années, encore accentué par les politiques ultra-libérale du gouvernement d’Emmanuel Macron, les établissement publics sont saturés. Les familles n’ont alors guère d’autres choix que de s’orienter vers ces structures maltraitantes et toujours plus onéreuses. Et ce, pour le bénéfice des actionnaires.

Crédits Photo : GEORGES GOBET / AFP

 
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