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La Izquierda Diario
22 de octobre de 2018 Twitter Faceboock

Sur fond de contre-réformes dans l’éducation nationale
Une enseignante menacée avec une arme factice : le gouvernement répond par le tout-sécuritaire
Cécile Manchette

Une vidéo publiée sur Snapchat dans laquelle on voit un adolescent braquer son enseignante avec une arme factice pour qu’elle le note présent circule sur les réseaux sociaux. Macron s’est saisi du fait et a posté ce weekend un Tweet déclarant qu’il s’agit d’un acte "inacceptable", annonçant que son ministre de l’éducation et son nouveau ministre de l’intérieur allaient "prendre toutes les mesures" pour bannir la violence des écoles.

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Par cette déclaration, le gouvernement élude sa responsabilité dans cette violence qui est le reflet de la violence institutionnelle et de la dégradation - si ce n’est la destruction - de l’école publique. Un gouvernement occupé à protéger ceux qui commettent des violences dans ses propres rangs, Benalla étant le dernier en date.

Un fait révélateur de la violence sociale dans l’éducation nationale

Sur la vidéo, dans une classe de cours d’un lycée de Créteil, un jeune homme pointe un pistolet à billes en direction de sa professeure et la menace pour qu’elle le note "présent". Un camarade de classe le filme en direct sur Snapchat. Des scènes qui sont nombreuses et finissent par être banalisées tant du côté des élèves que des professeurs. Mais cette violence "entre les murs" de l’école, qui dépasse de loin cette vidéo et touche tant les élèves que le corps enseignant et éducatif, trouve ses causes dans une violence institutionnelle qui se situe « hors des murs » de l’école – une violence que l’on peut difficilement capter dans une vidéo.

En effet, l’école "républicaine" est, depuis longtemps et de plus en plus, une école de la ségrégation et de l’exclusion qui discrimine les élèves en fonction de leur origine sociale et géographique. Pour exemple, l’éducation nationale dépense 47% de plus pour un lycéen parisien que pour un élève de Créteil. Des élèves qui subissent une éducation, des cours au rabais dans des lycées et collèges surchargés et en manque de moyens. Dans ces mêmes lycées, l’éducation nationale envoie de jeunes professeurs fraîchement diplômés sans expérience, quand ce ne sont pas des contractuels (dont le nombre a explosé).

Et le cocktail est explosif. Les adolescents retournent régulièrement cette violence contre le personnel enseignant - représentants de l’autorité dans l’enceinte de "l’école républicaine" - qui eux-mêmes exercent, souvent malgré eux, la violence de l’institution qui les emploie (sanctions, exclusions, discriminations). Les professeurs sont nombreux à venir travailler la boule au ventre, subissent également le manque de moyens humains (manque de professeurs et de personnel) et financiers (dégradation des locaux, classes surchargées), et sont maltraités par le gouvernement qui face à leur détresse leur promet de supprimer des postes.

Face à une telle situation qui semble inextricable, il est tentant de pointer la responsabilité des élèves "mal éduqués" et "violents", des parents qui "éduquent mal leurs enfants", ou encore des professeurs qui "ne font pas bien leur boulot". Mais la question est celle d’une institution qui ne respecte ni les élèves, ni les professeurs, ni le personnel. Celle d’une école républicaine inégalitaire, raciste et coercitive - entre autres - et des attaques sans cesse menées par le gouvernement tant sur le plan financier, humain qu’idéologique (les enseignements et leurs contenus) contre l’école publique. Et dont le premier responsable est l’Etat.

La réponse du gouvernement : le tout-sécuritaire

Macron, s’est vite saisi du cas pour condamner l’acte, envoyer un message de fermeté et annoncer une réponse immédiate du gouvernement. Ainsi, à peine quelques heures après les faits, les deux adolescents ont été placés en garde à vue et il a été annoncé qu’ils seraient lourdement sanctionnés. Le lycéen de 15 ans encourt actuellement jusqu’à 40 mois de prison.

Ce dimanche, l’agenda politique faisant bien les choses, le nouveau ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, en s’appuyant sur la vidéo montrant des jeunes insulter des policiers à Champigny et sur celle de l’étudiant braquant sa professeure, a dévoilé sa "feuille de route" sur les question de "violences" et de "sécurité". Il a notamment déclaré que face à de tels actes il s’agira d’aller "mètre carré par mètre carré reconquérir la République", reprenant la ligne de Gérard Collomb, c’est-à-dire celle du tout-sécuritaire et de la militarisation de l’espace public. La solution du gouvernement est donc de répondre à la violence sociale qu’il produit par la répression et le renforcement des forces de police qui sont les premières à violenter les jeunes dans de nombreux endroits. Tout en organisant via de prochaines réformes la destruction de l’école publique.

... Et la destruction de l’école publique

La réponse du gouvernement ressemble peu ou proue aux déclarations de la droite et de l’extrême-droite qui ont suivi la publication de la vidéo. Valérie Boyer de LR a immédiatement posté un tweet pour déclarer qu’"un délinquant n’est pas un mineur perdu, c’est un délinquant qui doit être lourdement sanctionné. La voyoucratie doit être éradiquée, la République doit trouver toute sa place".

Blanquer comme Castaner, "solidaires" de la "communauté scolaire", n’ont rien d’autre à proposer qu’un "plan d’actions" pour renforcer la surveillance et la répression dans l’enceinte de l’école publique. Rien d’autre que des propositions directement empruntées à la droite et à l’extrême-droite. Et tout comme ces derniers, leur plan pour l’école publique est celle de la suppression de postes de fonctionnaires et de la mise en place de réformes, comme celle de ParcourSup, qui ne font qu’aggraver la sélection sociale, l’école à deux vitesses, et les violences sociales.

Ainsi, pour lutter contre les violences qui s’exercent dans l’enceinte des écoles, il s’agit de lutter ensemble (élèves, professeurs, personnels éducatifs) contre les plans de casse des services publics, de suppressions de postes, de précarisation du personnel enseignant et éducatif, et pour une école ouverte à tous et toutes avec une remise en cause du rôle de cette institution étatique et des savoirs qui y sont dispensés au service de l’ordre capitaliste. Une bataille contre le projet du gouvernement qui commence le 12 novembre dans la rue suite à l’appel à manifester des syndicats de l’éducation contre l’annonce des suppressions de postes dans les lycées et collèges.

 
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