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La Izquierda Diario
30 de octobre de 2018 Twitter Faceboock

« Ecole sans parti »
Brésil. Une députée bolsonariste incite les étudiants à dénoncer les enseignants « endoctrineurs »
Tatiana Lima

Juste après l’élection du candidat d’extrême droite, une députée alliée de Bolsonaro, Ana Caroline Campagnolo, a fait un appel pour que les étudiants filment et dénoncent « les professeurs et endoctrineurs » ayant un discours « politico-partidaire ou idéologique » et l’envoient à un numéro fourni dans sa page personnelle également avec le nom du professeur et de l’université.

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Crédit photo / Illustration : Zop

De son côté, Bolsonaro a réaffirmé la position de sa collègue et a menacé les professeurs. Cela fait partie du point phare du programme de Bolsonaro sur l’éducation, l’« école sans parti ». Il s’agit non seulement de l’usurpation de la liberté académique et de la persécution politique, mais cela montre aussi la vision obscurantiste dans laquelle ils veulent immerger les étudiants brésiliens pour mieux atteindre leurs intérêts.

L’« école sans parti » est un mouvement qui date de 2004 et qui a été repris par Bolsonaro et ses partisans, dans lequel on revendique la priorisation de l’enseignement de mathématiques, sciences et portugais « sans endoctrinement et sexualisation précoce ». Le mouvement a inspiré un projet de loi homonyme qui est en examen dans les chambres législatives.

Ce projet de loi a pour but de restreindre la liberté académique du professeur, puisque l’alinéa qu’ils veulent ajouter à la loi de directives et bases de l’éducation nationale vise, sous le prétexte de respect, à empêcher les enseignants de parler de tout ce qui va contre les croyances religieuses, philosophiques et politiques des étudiants et leurs parents. Les mots « genre » et « orientation sexuelle » seraient également interdits.

Et dans cette vague réactionnaire, la députée d’État du parti de Bolsonaro (PSL) à Santa Catarina, Ana Caroline Campagnolo, en a profité pour inciter les personnes à surveiller les professeurs sur sa page Facebook personnelle. Selon Campagnolo, « demain c’est le jour où les enseignants seront insatisfaits et révoltés (…) beaucoup d’entre eux ne tiendront pas leur colère et feront de la salle de classe un auditorium captif pour leurs plaintes politico-partidaires en raison de la victoire de Bolsonaro. Filmez ou enregistrez toutes les manifestations politico-partidaires ou idéologiques ».

Les syndicats des professeurs de Santa Catarina se sont prononcés dans un communiqué : « Ce type de menace publiée dans un réseau social est une attaque contre la liberté d’enseignement du professeur (liberté académique), généralement appliquée dans les régimes d’autoritarisme et de censure. (…) La suggestion de dénonciation des enseignants par les étudiants tient du harcèlement et de la persécution dans un milieu scolaire, quelque chose qui remonte à l’époque de la dictature civile-militaire brésilienne ».

La députée était déjà impliquée dans une situation polémique auparavant. Il y a quelques années, elle avait fait un procès à sa directrice de Master d’études de genre, Marlene de Faveri, car elle avait refusé d’être sa directrice après avoir appris qu’elle s’attaquait au féminisme dans sa chaîne YouTube. Depuis cette époque, elle enregistrait sans l’autorisation les cours et les rendait publics, ainsi que les e-mails échangés avec sa professeure dans le Congrès National sur l’endoctrinement idéologique dans les écoles et dans les audiences publiques de l’« école sans parti ».

Ce mouvement réactionnaire qui nie l’esprit critique et persécute les professeurs au Brésil partage beaucoup l’idée du maccarthysme, créant un ennemi interne pour pouvoir mieux imposer leur idée. Et dans le gouvernement Bolsonaro, non seulement le PT sera visé mais tous les mouvements de gauche ou un peu progressistes. Bolsonaro s’est prononcé récemment dans une vidéo réaffirmant les mots de Campagnolo et disant « on a le droit de savoir qu’est-ce que ces soi-disant professeurs font avec vous dans les cours ». Pour finir, il a menacé les professeurs qui utilisaient les recours à la justice pour se défendre : « Si la professeure veut vous coller un procès, entrez en contact avec nous, on aura aussi une petite surprise pour elle ».

Dans son programme de gouvernement, il y a des pages en accord avec ce que l’extrême-droite réactionnaire appelle « endoctrinement ». Telle que l’« école sans parti », il veut un enseignement conservateur et techniciste qui forme les enfants pour répéter, mais pas pour réfléchir. Un autre danger de son programme est le révisionnisme, qui prétend présenter la dictature comme une « révolution militaire » et nier la censure, la surveillance, la torture systématique, les emprisonnements et exécutions sommaires qui ont eu lieu. Aléssio Ribeiro Souto, son conseiller d’éducation défend également l’étude du créationnisme qu’il mettrait sur un pied d’égalité avec l’évolutionnisme.

Pour lutter contre la surveillance des écoles et de l’enseignement et les attaques contre les écoles publiques et l’esprit critique, professeurs et travailleurs de l’éducation doivent organiser des comités de lutte dans les écoles, reprendre les syndicats de la main de la bureaucratie, pour mettre en mouvement un plan capable de mettre en échec Bolsonaro, ses attaques et ses reformes.

 
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