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La Izquierda Diario
31 de octobre de 2018 Twitter Faceboock

Hôstérité
Hôpital Pinel : lettre ouverte d’un patient contre la fermeture du service de jour

Nous relayons ci-dessous, cette lettre ouverte d’un patient suivi en ambulatoire à l’hôpital Pinel, une lettre destinée "aux cœurs bienveillants qui auront le courage de la lire pour servir à une psychiatrie à visage humain."

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Lettre ouverte aux cœurs bienveillants qui auront le courage de la lire pour servir à une psychiatrie à visage humain.

Je m’appelle Simon Kervegan. 27 ans Je suis moi-même suivi en ambulatoire à Pinel, l’HP D’Amiens. Comme douze millions de français, j’ai a affronter le monde de la psychiatrie depuis quelques années. Un diagnostic a été posé au bout de 5 ans après mes errances. Il y à moins de 6 mois. Voilà aujourd’hui la difficulté de trouver un suivi adapté dans le monde psychiatrique. C’est le lot du patient. Mais c’est bien peu par rapport à la suite...

Les psychiatres, les manips, les infirmières, les aides-soignantes, les femmes de ménage, les agents de maintenance. Pour tous, c’est la souffrance omniprésente, dans le travail et jusque dans la vie privée, car ce ne sont pas des métiers qu’on laisse devant sa porte quand on travaille dans les conditions de l’Hôpital Pinel.

Ils connaissent leurs malades. Ils connaissent la société qui juge et qui est encore hégémoniquement psychophobe. Ils souffrent de ne plus pouvoir assurer les soins. De ne plus pouvoir prévenir des situations par manque de places, de devoir attendre la catastrophe pour que cela devienne une "urgence". Ils vivent sans cesse une politique de réduction du personnel, des budgets, de fermeture des services.

La psychiatrie est le parent pauvre de la médecine. Non seulement les citoyens sont très mal renseignés sur ces maladies invisibles, mais ils laissent leur patient dans ce zoo en connaissant les conséquences. Ils sentent que la politique de santé retour vers le XIXème siècle, vers des hôpitaux d’aliénés qu’on cache. Ils n’ont plus les moyens. Ils savent la souffrance de centaines de patients pour avoir fait des études qui leur donne ce savoir. Ils savent que tous les pires clichés existent dans le monde extérieur. Ils savent, mais ils ne peuvent plus soigner. Ils savent que l’enfance et la vie amènent ces gens dans les hôpitaux psychiatriques. Ils savent leur douleur. Mais avec l’impuissance de ceux à qui on ne donne pas les moyens de soigner.

Je suis en hôpital de jour, c’est à dire en ambulatoire. Je souffre aussi de mes propres erreurs, et je me bats grâce à ces gens formidables pour nettoyer mon entourage des gens toxiques, promouvoir la sagesse et le calme, combattre le jugement, favoriser la paix en moi-même pour réussir à engendrer une dynamique, cette théorie des petites victoires que les psychiatres vous apprennent, apprendre à savourer chaque mieux aller, même si on ne va pas encore bien.

Et bientôt, peut-être, ce service de jour qui permet d’accompagner sans hospitaliser, va fermer.

Parce que le monde financier, les exigences du capital exigent un marché libre, ouvert et "non faussé par la concurrence". Et exige de l’appliquer à la santé. Faire ce que nous faisons de nos politiques qui s’accélèrent à vitesse constante : ouvrir chaque secteur au marché privé. Et maintenant, le plus sanctuarisé des budgets français, celui qui nous rendait 1er au classement de l’OMS jusqu’en 1995 : ne plus en faire un budget sacré de l’état qui veut que sans la santé un pays ne produit plus, ne peut plus produire.

Voilà ce qui frappe Pinel et ses agents : l’impuissance, la souffrance, le désespoir. Et pourtant.

Pourtant après 130 jours de luttes, comment ne pas dire merci à ces gens qui se battent, perdent leur salaire, affrontent le mépris intolérable des institutions, voient depuis 20 ans leur hôpital psychiatrique se voir transférer dans des cliniques privées financées par l’Agence Régionale de Santé elle-même ! Cette même ARS qui les insulte en refusant de leur accorder le respect et l’honneur qu’il mérite, en refusant de respecter ses engagements le 25 septembre dernier.

Depuis toujours, la psychiatrie est le parent pauvre de la médecine, car la psychologie est un tabou. On peut le remarquer facilement Un grand chamboulement est nécessaire pour une société plus ouverte, pleine de justice sociale, plus tolérante et consciente des priorités d’un peuple que le gouvernement est élu pour servir. Et non pas servir ceux qui ont financé leur campagne.

Partout, rejoignez des partis, des associations, faites vos actions. La résistance commence par soi-même.

 
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