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7 de novembre de 2018 Twitter Faceboock

Education Nationale
Blanquer ou l’école du Bunker #1 : ces proviseurs en stage commando dans l’armée
Elise Lecoq, enseignante

Une quarantaine de chefs d’établissements ont commencé un stage de trois jours proposé par le rectorat de Versailles, intitulé « stage de gestion de crise » encadré par les gendarmes dans un camp militaire. Nous ne rêvons pas, nous sommes bien à l’Éducation Nationale.

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Les uniformes militaires enfilés, les 40 stagiaires sont prêts pour l’entraînement militaire. L’article publié par le Parisien révèle un programme chargé. La matinée est consacrée aux exercices physiques : pompes, course à pieds, tyrolienne, passage de ponts.. L’après-midi les chefs d’établissements sont confrontés à des mises en situation de crise : attentat, tuerie, intrusion de parent violent, élève violent. Voilà tout un programme pour « les sortir de leur zone de confort et souder les équipes » selon Barbara Guerineau, conseillère en sécurité de la rectrice de l’académie de Versailles.

A l’issue du stage, ces chefs d’établissements seront donc fin prêts pour faire face aux pires situations qui peuvent se produire dans les établissements scolaires. A priori, ces militaires humanistes dont la pensée et les idéaux ne manqueront pas d’inspirer ce stage destiné aux chefs d’établissements ont donc des compétences en matière d’éducation. C’est une première. La militarisation de l’éducation est donc en cours, celle des élèves comme des adultes. Et elle s’érige progressivement comme une norme... proprement effrayante.

Un stage qui intervient au moment où les personnels au lycée Utrillo à Stains en Seine-Saint-Denis sont en grève reconductible pour s’opposer à la nomination d’un proviseur-adjoint chargé de la sécurité. Les enseignants demandent du personnel pour l’éducation, pas pour la répression.

Un stage qui tombe à pic suite à l’agression filmée d’une enseignante par un élève muni d’un pistolet à billes. « Affaire » qui a pris une telle ampleur que le gouvernement a dû s’exprimer au plus vite. Une réponse tout sécuritaire qui renforce le tournant autoritaire et répressif du gouvernement. Castaner, ministre de l’intérieur et premier flic de France annonçait la présence de policiers et de gendarmes au sein des classes. Comme ces déclarations le laissaient entendre, cette mesure ne ferait pas l’objet d’un plan national mais se déclinera au cas par cas. Les établissements et les élèves qui seront fliqués et réprimés seront une nouvelle fois ceux issus des banlieues, considérés comme « difficiles ».

Le ministre de l’Education nationale devrait annoncer un plan de mesures complet d’ici le 15 décembre. Il a déjà dévoilé quelques mesures « urgentes » inspirées de l’armée et de l’univers carcéral pour les écoles.

Ces proviseurs qui se forment chez les soldats, ces proviseurs-gendarmes nommés dans les établissements n’annoncent rien de bon pour la suite des réformes du tout sécuritaire que Blanquer compte mettre en œuvre dans les écoles. En réalité, il s’agit d’imposer un modèle de peur permanente et une culture de la sécurité et de la répression permanente. Si le service militaire était jusqu’alors aboli, voilà qu’il s’invite directement dans les écoles.

Car il s’agit bien de commercer à faire accepter aux jeunes générations cet état d’urgence permanent, ce contrôle des corps et des esprits, pour enterrer toute velléité de rébellion d’une jeunesse en quête de justice sociale.

On veut nous faire croire que l’école serait ce « sanctuaire » situé en dehors de la société. Comme si les cours de récréation n’étaient pas déjà, au milieu des cités ségrégées, au milieu de la misère économique et sociale, ces espaces traversés par les contradictions, les inégalités, de toute la société dans son ensemble.

C’est pourquoi, cette réponse réactionnaire ne réussira pas à masquer les causes réelles des problèmes que rencontrent aujourd’hui enseignants et élèves, à savoir la violence sociale imposée par les gouvernements à travers leurs politiques de destruction de l’éducation publique : coupes budgétaires, suppressions de postes de fonctionnaires, sélection à l’université, réforme du lycée et du bac, remise en cause des politiques d’éducation prioritaires... qui ne font qu’aggraver les inégalités socio-spatiales et la sélection sociale.

 
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