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La Izquierda Diario
30 de novembre de 2018 Twitter Faceboock

Manifestation des gilets jaunes à Paris
Fouilles et contrôles systématiques d’identité aux Champs-Elysées, le gouvernement veut (encore) limiter notre droit à manifester !

Suite au soulèvement massif de la semaine dernière, le ministre de l’intérieur a concédé l’ouverture des Champs-Elysées ce samedi. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas au gouvernement de décider où et quand manifester !

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Après l’annonce d’un dispositif de répression encore plus important que la semaine dernière, 4.000 membres des forces de l’ordre étant prévus sur place, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a annoncé que l’avenue serait fermée à la circulation mais ouverte aux piétons... à condition de fouilles et contrôles systématiques de l’identité.

Nouvelle tentative – ratée – d’intimidation du gouvernement

5000. C’était le nombre de grenades lacrymogènes, et explosives pour certaines, lancées samedi dernier au cours de la manifestation. Le préfet de police le concède lui-même : « du jamais vu ».
Du jamais vu aussi en termes de répression, avec des mutilations, troubles respiratoires, blessures en tout genre et interpellations multiples.

Un niveau de répression exceptionnel qui vise à intimider les manifestants, les apeurer pour les dissuader de revenir. C’est que le gouvernement avait pourtant tout essayé, mais en vain, pour dissuader les manifestants de se rendre aux Champs-Elysées. Après sa propagande, relayée par des médias serviles, qui assimilent les gilets jaunes à des fachos, par un lot de fake news par BFM, le gouvernement a choisi la manière forte.

Voyant que le gouvernement a pour le moment perdu la bataille de l’opinion et du terrain et les manifestants s’étant rendus, contre l’avis de la préfecture, sur les Champs-Elysées, Castaner tente de la jouer autrement. Le ministre de l’intérieur a concédé l’ouverture des Champs ce samedi. Pour mieux réprimer ceux qui s’y rendront ?

Car tout porte à croire qu’il poursuivra demain sur la lignée de la semaine dernière, et même l’accentuera. Le gouvernement joue encore la carte éculée des « casseurs » pour justifier la répression. "Nous fouillerons les sacs pour éviter qu’il y ait des armes par destination et que nos forces de l’ordre soient des victimes, surtout que nous savons que l’ultra-gauche et l’ultra-droite se mobilisent pour venir une nouvelle fois casser" a ainsi déclaré le Ministre.
Pas de chance pour lui toutefois, car quand on regarde ne serait-ce que le profil des interpellés de la semaine dernière, on trouve en réalité un large échantillon des masses mobilisées : pères de famille, étudiant, conducteur d’engin de chantiers... pour la plupart inconnus des services police. Sans compter même le large soutien de la population au mouvement, qui atteint les 84%. On ne peut que constater que la propagande du gouvernent ne prend décidément pas.

En réalité, derrière cette offensive de répression et de propagande, il s’agit de remettre en cause, une nouvelle fois, le droit de manifester. Un droit acquis... dans la rue et par la manifestation justement !

Le droit à manifester se défend en manifestant !

La tentative du gouvernement n’est pas nouvelle. Elle s’inscrit non seulement dans l’histoire récente de lois réactionnaires et anti-démocratiques passées depuis Macron et encore avant sous Hollande, et s’inscrivent encore plus loin dans l’histoire de lois anti-sociales. Car le fait de devoir déclarer à la préfecture pour avoir le « droit » de manifester est issue en réalité d’une vielle « tradition » réactionnaire française qui date des années 30.

Déjà le 23 octobre dernier, le Sénat a adopté en première lecture un texte visant à restreindre le droit démocratique à manifester : fouilles systématiques à l’entrée des cortèges de manifestants, généralisation des interdictions à manifester, risque d’un an de prison et de 15 000 euros d’amendes pour dissimulation de visage, fusées d’artifice et matériel considéré comme un port d’arme passibles de 3 ans de prison et 45 000 euros d’amende, création d’un fichier national des personnes interdites de manifestations… Autant de mesures que Castaner compte effectivement mettre en place ce samedi.

Toujours sous le même prétexte fallacieux de s’attaquer au « black block », ce texte, proposé par le chef de file des sénateurs Les Républicains, Bruno Retailleau, s’inscrit dans une longue lignée de lois réactionnaires pour revenir sur le droit de manifester.

" Ce n’est plus au gouvernement de décider où est ce que nous allons manifester puisque le gouvernement est déjà incapable de répondre à nos premières préoccupations."

Si défendre le droit à manifester doit être défendu, et se fait dans la rue, à ce titre, pourquoi ne pas aller plus loin, et remettre en cause la nécessité même de devoir déclarer des manifestations ?

Car en réalité cette loi vise à empêcher les mouvements spontanés des masses en les encadrant. En effet, son origine remonte aux manifestations massives du 12 février 1934 et le 14 juillet 1935, où des énormes rassemblements ont lieu . Dans la foulée, les campagnes électorales pour les élections municipales de 1935 et les législatives de 1936 sont marquées par d’immenses cortèges, meetings, rassemblements populaires et ouvriers. C’est dans ce contexte que le gouvernement décide, par un décret d’octobre 1935, d’imposer la déclaration préalable des manifestants. Sous le prétexte de préserver l’ordre public, il cherchait en réalité à contrôler et limiter le mouvement ouvrier en pleine ébullition.

Cependant, malgré ces décrets antidémocratiques, le gouvernement sera incapable d’éviter la vague formidable de grèves de juin-juillet 1936, des millions d’ouvriers et d’ouvrières en grève, mobilisés, occupant des usines, dans le mouvement de grève le plus important de la France jusqu’à cette époque ; un mouvement gréviste qui a ébranlé l’Etat français, réussissant à arracher des concessions très importantes au patronat, même s’il aurait pu aller bien plus loin si les différentes bureaucraties syndicales, du PCF et de la SFIO ne l’avaient bloqué.

A ce titre, et depuis le début, la spontanéité et le caractère massif du mouvement ont débordé des cadres traditionnels d’autorité et de réglementation. De cette façon, le mouvement de gilets jaunes délégitime l’autorité du gouvernement, mais aussi de l’État et de Macron, déjà grandement affaiblie. Comme le déclarait la semaine dernière l’un des représentants des gilets jaunes interviewés par BFM : « Nous ne manifesterons pas au Champ-de-Mars parce que le lieu nous a été imposé (…) Il ne s’agit pas de créer des blocages ou des actions inattendus. Il s’agit juste de prendre notre droit de manifester comme nous l’entendons. Ce n’est plus au gouvernement de décider où est-ce que nous allons manifester puisque le gouvernement est déjà incapable de répondre à nos premières préoccupations. Nous allons arpenter la ville de Paris là où notre cœur nous emmènera au fil de la Seine, des centres commerciaux... ».

En cela, le mouvement des gilets jaunes doit être le moment de lutter, dans la rue, ce samedi, par la manifestation, non seulement contre toute tentative pour revenir sur ce droit, mais aussi contre le fait même que les opprimés doivent demander à leur oppresseur le « droit » de manifester !

Crédit photo : BERTRAND GUAY / AFP

 
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