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La Izquierda Diario
21 de décembre de 2018 Twitter Faceboock

Violences faites aux femmes
Bordeaux. Agressions sexuelles sur le campus, les étudiantes marchent pour protester
Correspondant.e.s Bordeaux

Ce mercredi 19 décembre s’est tenue une marche contre les « violences et agressions que subissent les femmes », tout au long du tram et plus particulièrement aux abords de Doyen Brus. La station de tram où une étudiante a été violée le mois dernier.

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Cette Marche a été organisée sous l’impulsion du groupe Campusciennes, groupe non mixte sur Facebook créé après qu’une étudiante ait posté un message sur le réseau social où elle informe sur les agressions au sein du campus dont elle était témoin. Ce groupe a lancé une pétition en ligne « Pour une vraie lutte contre les agressions sexuelles sur les campus Bordelais » réunissant plus de 11 000 signataires en une semaine, dans laquelle ces étudiantes portent comme revendication : « Nous voulons : Des cellules de veille de luttes contre les agressions sexuelles, des formations obligatoires contre la culture du viol, des moyens pour un meilleur aménagement du campus y compris en terme de lieux de vie et de soirées ».

D’autres organisations féministes bordelaises telles que : "S’exprimons-nous", "NousToutes 33 étudiant.e.s", "Stop harcèlement de rue Bordeaux" ou encore "Solidaires Étudiant.e.s" se sont alors mobilisées en soutien aux victimes et pour qu’il n’y en ait plus d’autres, appelant à manifester ce mercredi.
Le principe de la marche, qui était nocturne, était que chacun ramène de la lumière via des guirlandes, des lampes ou des fumigènes. Car la lumière est une revendication des Campusciennes, plus de lumières aux abords du tram et sur les chemins jusqu’aux appartements universitaires et dans les lieux commun du Campus.

Les étudiants se sont alors réunis à 18h devant l’école Science Po Bordeaux, puis ont rejoint d’autres étudiants à 18h30 à l’arrêt de Tram Montaigne-Montesquieu où des interventions ont eu lieu pour, à partir de ces derniers événements, s’organiser pour en terminer avec ces agressions sexistes, et réveiller la Direction de l’Université qui ne répond pas aux revendications. Plus de 400 étudiants ont alors marché aux rythmes de la Batucada jusqu’à la station Doyen Brus où une minute de silence a été faite en soutien aux victimes des agressions, et où symboliquement chacun a éteint sa lumière. Puis le cortège reprit jusqu’a la bibliothèque universitaire d’Arts et Métiers. Les slogans de la marche qui avaient de l’écho dans le cortège étaient principalement "Anti-Patriarcal", mais aussi des slogans contre la direction de l’université tels que « Tunon (ndlr : président de l’Université de Bordeaux), allume la lumière, un lampadaire ça coute pas cher ».

Car au-delà de la situation dangereuse sur le campus, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase est la position de la direction de la faculté qui, après les évènements des agressions, a décidé d’envoyer des mails aux étudiants et étudiantes les invitant à faire attention dans les rues sombres, ne donnant que des consignes culpabilisant les victimes : « nous vous rappelons les conseils de sécurité suivants :- Dans la mesure du possible, ne rentrez pas seul.e - Empruntez les chemins éclairés » rappelant les numéros d’urgence dans le corps du mail. Ainsi, la réponse que donne la Direction de la Faculté reste une mesure d’appel à la "prudence", ressemblant aux avertissements à ne pas s’habiller "trop court" ou de réfléchir avant de boire un verre. Ce que les Campusciennes évoquent dans leur pétition : « Hormis deux mails nous disant de faire attention, nous ne voyons pas réellement d’action concrète pour notre sécurité. Nous voulons des réponses et des actions PRÉCISES ET RÉELLES ». Ce mail a été perçu par les étudiantes comme une minimisation du problème et une culpabilisation des victimes sans recherche de réelle solution comme elles le décrivent sur l’évènement Facebook de la marche :
« Nous ne voulons plus de cartes, plus de mails faisant porter la responsabilité sur les victimes, plus de questionnaires, plus de promesses en l’air : nous voulons que plus aucune agression sexuelle ne soit possible sur ce campus, et nous le voulons maintenant ! »

Un nouveau mail, signé par les présidents de l’Université de Bordeaux, Bordeaux Montaigne, et de Science Po, a été envoyé à tous les étudiants de la métropole dans la soirée de vendredi, s’excusant de la maladresse du précédent mail "qui avait suscité une certaine émotion légitime". Celui-ci annonce les mesures immédiates qui ont été prises suite à ces agressions sexuelles et surtout suite à la mobilisation des 500 étudiants ce mercredi. Plus de lumières, de caméras de vidéo-surveillance, de rondes des agents de sécurité, et rondes nocturnes de la police sur l’ensemble du campus. Si ce n’est certainement pas avec une police sexiste et xénophobe que les agressions sexistes diminueront, il ne sera pas non plus suffisant – même si nécessaire - de dire qu’il faut faire des formations, aux étudiants et personnels, contre les agressions sexuelles : le vrai problème est structurel, c’est le patriarcat en tant que système, qui est en fait bien plus ancré dans nos mœurs que ces mesures semblent faire croire. Dans cette société patriarcale et capitaliste, où le viol est un sujet tabou, où les médias dominants relaient des discours sexistes, où la justice finit par approuver l’ordre existant, et où même l’Université n’est que la reproduction de cette idéologie dominante, le combat contre la culture du viol et pour l’émancipation de la femme est un combat bien plus global et structurel, contre le système de production qui exploite et précarise toujours plus les travailleurs, dont les femmes en première ligne.

S.A

Crédit photo : Ivan Torres

 
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