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La Izquierda Diario
2 de janvier de 2019 Twitter Faceboock

Socialisme du XXIeme siècle ?
Pathétique. Evo Morales salue l’investiture de son « frère » Bolsonaro au Brésil
Philippe Alcoy

Le président bolivien, soi-disant représentant du progressisme latino-américain, a salué chaleureusement l’investiture de l’ultraréactionnaire et raciste Jair Bolsonaro en tant que président du Brésil.

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Pendant des années, Evo Morales, arrivé à la présidence de la Bolivie fin 2005, est apparu comme l’une des principales figures de la vague de « gouvernements progressistes » qui a surgi en Amérique latine au début des années 2000 à la suite d’une décennie ultra néolibérale dans les années 1990.

Or, depuis quelques années, le sous-continent fait face à un retour de la droite néolibérale au pouvoir, résultat de la faillite de ces gouvernements qui, malgré quelques concessions partielles et fragiles faites aux masses, ont été incapables de changer structurellement la nature dépendante et soumise aux intérêts économiques des puissances internationales de leurs économies nationales. Dépendance et soumission économique à l’origine de la misère de millions de travailleurs et de paysans dans la région.

Le Brésil est le pays où ce tournant s’est exprimé de la façon la plus profonde : après un coup d’Etat institutionnel qui a renversé le gouvernement de Dilma Rousseff, l’emprisonnement arbitraire du principal candidat, l’ex président Lula da Silva, et le processus électoral le plus manipulé de l’histoire récente du pays, c’est l’ultra-réactionnaire Jair Bolsonaro qui a été élu président.

C’est pour cette raison que le message du président bolivien surprend d’abord, exaspère ensuite et enfin, se révèle pour ce qu’il est : pathétique. En effet, Evo Morales a publié sur son compte officiel Twitter un message à l’adresse de Jair Bolsonaro qui était investi président du Brésil ce 1er janvier. On y lit : « Nous accompagnons dans son investiture notre frère le président Jair Bolsonaro, avec la conviction que les relations entre la Bolivie et le Brésil ont des racines profondes de fraternité et de complémentarité entre nos deux peuples. Nous sommes des partenaires stratégiques qui regardent le même horizon de la Grande Patrie ».

Cette salutation est un scandale. Non seulement parce que Bolsonaro défend un programme réactionnaire et ultralibéral d’attaque contre les droits des travailleurs et les classes populaires au Brésil mais aussi car il participe à la légitimation du coup d’Etat institutionnel et des manipulations honteuses des élections brésiliennes.

Mais ce n’est pas tout. En effet, Evo Morales s’est construit l’image d’un président défendant les « droits des peuples indigènes » de son pays et de tout le continent. Or, au moment où il envoyait sa salutation à Bolsonaro, le nouveau président brésilien (qui n’a pas arrêté de faire des déclarations racistes contre les populations indigènes) signait un décret éliminant dans les faits toute limite à la déforestation, à la persécution des populations indigènes et descendantes d’esclaves et aux paysans sans-terre.

Les peuples brésiliens et boliviens, en tout cas les travailleurs, les paysans pauvres, les classes populaires des villes et des favelas, sont effectivement des peuples frères ; ce sont des peuples qui partagent une histoire d’exploitation et d’oppression commune. Or, Bolsonaro représente ces classes dominantes locales racistes, esclavagistes, destructrices des traditions des populations indigènes et ramenées d’Afrique pour être réduites en esclavage dans la région. Bolsonaro représente ces classes dominantes brésiliennes qui ont participé à des guerres fratricides et réactionnaires comme celle contre le Paraguay (1864-1870), aux côtés des gouvernements argentins et uruguayens soumis aux intérêts de l’impérialisme britannique. Bolsonaro représente aussi ces classes dominantes et parasitaires brésiliennes qui ont arraché une grande partie du territoire bolivien (la région d’Acre - 1899-1903).

La salutation chaleureuse d’Evo Morales à Bolsonaro, au nom de la « fraternité » entre les deux pays, sonne plus comme la confirmation de la banqueroute politique de ces projets prétendument « progressistes » en Amérique latine qui ont permis à des réactionnaires comme Bolsonaro de surgir et de se renforcer. Rien de plus éloigné de la vraie fraternité entre les peuples exploités et opprimés de la région.

 
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