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La Izquierda Diario
11 de janvier de 2019 Twitter Faceboock

« Cela ne devrait pas être un danger de manifester »
Victime d’un tir de flashball à la tête à Nantes, après 5 jours en réanimation, Adrien porte plainte
Lili B

Cinq jours en réanimation, fracture du crâne, hémorragie cérébrale, fracture de l’orbite, de la mâchoire droite, traumatisme psychologique... Voici les blessures d’Adrien, 22 ans, suite à un tir de flashball reçu en pleine tête, qui s’en est suivi d’un matraquage au sol par les forces de polices lors de l’acte VII de la mobilisation des Gilets Jaunes à Nantes. Ce jeudi, lui et sa famille, ainsi que 5 autres victimes de LBD, cette arme de répression qui a blessé et mutilé des centaines de manifestants depuis le début de la mobilisation, ont porté plainte contre X pour « violences volontaire avec arme par dépositaire de l’autorité publique ».

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« A ceux qui se posent la question : pourquoi nous l’avons laissé aller là-bas, il ne faut pas, c’est top dangereux, il faut être malade pour aller manifester en ce moment... Je leur dirais : cela ne devrait pas être un danger de manifester ». Voici les mots de Stéphanie, belle mère d’Adrien, à l’occasion de la conférence de presse organisée devant le palais de justice suite à la plainte déposée par la famille d’Adrien ainsi que 5 autres victimes de violences policières auprès du TGI de Nantes.

Alors qu’il participait pour la deuxième fois de sa vie à une manifestation, ce dernier a été frappé, le 29 décembre dernier lors de l’acte VII de la mobilisation des Gilets Jaunes, d’un tir de flashball en pleine tête. Opéré en urgence au CHU de Nantes et après 5 jours de réanimation, ce dernier vient de sortir de l’hôpital ce lundi 7 janvier. Mais ce dernier a lourdement été touché physiquement : fracture du crâne, fracture de la mâchoire, de l’orbite, hémorragie cérébrale.

Concernant les séquelles neurologiques, la famille indique qu’il est encore trop tôt pour en avoir connaissance. Les traumatismes psychologiques quant à eux sont présents comme le mentionne la belle-mère d’Adrien. Qui insiste également sur l’acharnement des forces de polices à l’encontre d’Adrien, qui, après lui avoir lancé un flashball en pleine tête alors qu’il leur tournait le dos et « ne représentait aucun danger », et alors que ce dernier se trouvait au sol, gisant dans son sang et inconscient, les policiers ont continué de le violenter et se sont acharnés sur lui : « Dites moi où est l’honneur quand on frappe en pleine tête, de dos, un jeune à terre ? Expliquez moi pourquoi lorsqu’il gisait à terre, dans son sang, inconscient, secoué par des convulsions provoquées par le choc et la fracture crânienne, on continuait à le battre ? »

Face au couplet médiatique sur la « violence des manifestants » et des « casseurs », qui sert, entre autre, au gouvernement à justifier les images de violences policières, qui blessent et mutilent des centaines et des centaines de manifestants - quand ces images ne sont tous bonnement pas dissimulées ou étouffées – la belle-mère d’Adrien précise que rien ne justifie les violences et mutilations commises par la police : « D’ailleurs j’en profite pour affirmer que les actes de personnes qui seraient décrites comme des casseurs ne justifient pas les mutilations et traumatismes causées par les armes de la police de manière irréversibles : je parle de flashball LBD 40 essentiellement et de grenades GLIF 4 par exemple ».

Les 6 manifestants qui ont déposé plainte ce jeudi 10 janvier au tribunal de grande instances de Nantes, contre X pour des faits de « violences volontaires avec arme par personne dépositaire de l’autorité publique », ont toutes été victime de tirs de ces flashballs LBD. Une arme de catégorie A, très dangereuse, comme le démontre le nombre conséquent de personnes grièvement blessées par ces flashballs. Ainsi, Guillaume, 32 ans, qui a eu la main fracturée par un tir de LBD, a une ITT de 45 jours et craint ne « pas retrouver l’usage complet  » de sa main. Philippe, 32 ans également, a été victime quant à lui d’une hémorragie interne consécutive à une fracture à la rate après un tir similaire, et encore sous le choc et affaibli, déclare « avoir vu la mort passée pas très loin  ». Caroline, souffre elle d’un hématome profond au genou. Une quatrième victime, touchée par un tir de flashball aussi, a une profonde cicatrice à la joue droite et une « paralysie faciale ».

L’Assemblée des blessés, qui a vu le jour en 2014 suite à la mort de Rémi Fraisse à Sivens dans le but d’appuyer les victimes de violences policières et leurs familles, qui était présente lors de la conférence de presse qui s’est tenue ce jeudi 10 décembre, aux côtés des 6 victimes ayant porté plainte, ont dressé un constat accablant : dans le contexte de la mobilisation des Gilets Jaunes, 14 personnes ont perdu un œil et 4 mains ont été arrachées, par des tirs de flashball LBD. De véritables engins à mutiler qui, dans le contexte d’une fuite en avant de plus en plus liberticide et répressive du gouvernement qui se retrouve profondément affaibli et acculé par l’ampleur de la mobilisation des Gilets Jaunes, risquent de continuer à faire de nombreux blessés côté manifestants.. D’autant plus au vu de la commande de 450 nouveaux fusils pouvant tirer en rafale, aussi bien des balles en caoutchouc que des grenades lacrymogènes ou explosives : jusqu’à 6 coups en quelques secondes.

Face à cette volonté du gouvernement d’éteindre coûte que coûte la mobilisation, Stéphanie a souhaité envoyé un message fort lors de cette conférence de presse : celui de continuer à manifester, se mobiliser, et ce malgré la répression policière et la peur que celle-ci engendre.

« Avec ces traumatismes hyper violent qu’ont subi Adrien, Philippe, et nous, je peux vous traduire le message que veulent nous faire passer les forces de l’ordre, en agissant de cette manière, tirer vers la tête avec un LBD 40 : Arrêtez de manifester, rentrez chez vous, soyez une population bien sage comme les élèves que nous avons maté à Mantes la Jolie. La justice nous protègera nous, et ne vous protègera pas... Ce message est entendu et pourtant nous continuons malgré les coups, malgré les menaces, malgré la peur (...) Nous n’arrêterons pas de manifester pour autant, nous continuerons à faire des actions pour dénoncer ce qui ne va pas dans notre pays et qui touche le monde entier.  ».

A Nantes, un rassemblement est prévu ce samedi 12 janvier, à 13h30 pour l’acte IX.

 
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