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La Izquierda Diario
11 de janvier de 2019 Twitter Faceboock

21e jour de Shutdown aux Etats-Unis : 800 000 fonctionnaires fédéraux ne sont plus payés
Jackson Leniwy

Les Etats-Unis vont égaler ce samedi un bien triste record. Le shutdown, résultat du conflit entre Trump et les démocrates sur la question du mur à la frontière mexicaine, va en effet connaître son 21e jour. Un rapide retour à la normale semble pour le moment difficile à envisager. Une situation aux conséquences dramatiques pour des centaines de milliers d’employés fédéraux.

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Samedi 22 décembre, minuit. Suite au refus du 45e président américain de négocier un accord avec les démocrates pour la construction du mur à la frontière mexicaine, le shutdown est décrété. Toutes les administrations non « essentielles » sont fermées jusqu’à nouvel ordre. Faute d’accord depuis, la situation n’a pas évolué. Donald Trump réclame 5,7 milliards de dollars pour construire le mur ; une promesse de campagne devenue un symbole de sa politique migratoire ultra-xénophobe et qu’il n’a pas l’intention d’abandonner après deux ans à la tête du pays. Une somme qui doit être votée par le Congrès, où les Républicains ne disposent plus de la majorité nécessaire depuis les élections de mi-mandat. Il faut donc, pour le gouvernement, négocier avec des démocrates qui n’ont aucunement l’intention d’accorder ce financement. Ce n’est pas la première fois que le conflit entre Trump et les démocrates conduit à cette situation : en janvier puis en février 2018, le pays avait déjà connu de courtes périodes de shutdown.

Il s’agissait d’une des principales promesses de campagne qui a contribué à son succès électoral en 2016. Il s’agit d’une mesure principalement démagogique, d’une part parce qu’il y a très peu de chances que la construction du mur aboutisse, mais surtout parce que la majorité des commentateurs s’accordent à dire qu’il s’agit d’un projet fantaisiste qui n’aurait quasiment aucun effet sur les migrations. La plupart des migrants rentrent aujourd’hui aux Etats Unis par le biais d’un visa de travail temporaire et se maintiennent sur place une fois la durée expirée.

Selon le site d’informations politiques The Hill, 47% des Américains imputent la responsabilité de la situation directement au président, qui pointe lui ses adversaires, arguant qu’il était « immoral » pour des « politiques de ne rien faire ». De son côté, la chef de file des démocrates à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi a affirmé que les démocrates ne cèderaient pas à ce chantage. Selon elle, le gouvernement prend les Américains « en otages ».

En réalité, la physionomie du débat est fonctionnelle aux deux blocs politiques et c’est ce qui explique la permanence du conflit. Pour Trump, cela lui permet de renforcer son profil xénophobe pour souder sa base sociale, dans un contexte où le rebond de la croissance américaine, qui avait fait les choux gras du président xénophobe depuis le début de son mandat, semble de plus en plus menacée. Pour les démocrates, cela leur permet de se construire une façade progressiste à peu de frais, alors que ceux-ci sont de plus en plus pressés sur leur aile gauche. Ils peuvent notamment faire oublier la politique xénophobe que ceux-ci avaient menés durant le mandat d’Obama.

En réalité, les deux camps sont d’accord sur l’essentiel : maintenir une main d’œuvre immigrée, toujours plus précaire et soumis à des conditions de travail, qui reste un secteur clé pour le patronat nord-américain. Tout le reste n’est que marketing politique, qui se fait sur le dos des fonctionnaires fédéraux.

Conséquences dramatiques pour 800 000 fonctionnaires fédéraux

En effet, cette situation qui n’est pas sans conséquences pour les Américains. Cela fait donc près de trois semaines que 800 000 fonctionnaires fédéraux sont privés de salaire (puisqu’un shutdown signifie le gel du fonctionnement normal de l’Etat, et en premier lieu de son budget). Les ministères concernés sont principalement ceux de l’agriculture et du commerce, de la justice, ainsi que plusieurs agences fédérales. 380 000 fonctionnaires sont invités à rester chez eux et interdits de travailler, sous peine de sanctions lourdes. Les 420 000 autres, jugés « essentiels » pour le fonctionnement de l’Etat continuent eux de travailler, mais sans le moindre revenu...

Des centaines de milliers de travailleurs se préparent donc à ne pas toucher le moindre centime de revenu au mois de janvier. Ils sont nombreux à avoir d’ores et déjà dénoncé cette situation sur les réseaux sociaux, notamment via le #shutdownstories. Un syndicat de fonctionnaires a quant à lui déposé plainte lundi dernier contre l’administration Trump, accusée de violer le code du travail puisqu’elle fait travailler ses employés sans les payer.

Beaucoup pensaient que les démocrates, majoritaires à la Chambre des représentants depuis le 3 janvier (date à laquelle les représentants élus lors des midterms ont pris leurs fonctions) allaient parvenir à trouver une sortie de crise. Pour le moment il n’en est rien. Donald a réaffirmé cette semaine qu’il était prêt à assumer un shutdown « de longue durée ».

 
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