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La Izquierda Diario
17 de janvier de 2019 Twitter Faceboock

Et l’ISF dans tout ça ?
L’immigration, thème « imposé » du Grand Débat par Macron, la droite et l’extrême droite

Une thématique que Macron aimerait proposer au débat, puisque la polarisation, largement construite, autour de l’immigration, lui permettrait, à lui et à sa meilleur ennemie Marine le Pen, de rejouer le scénario de la présidentielle sur le dos des Gilets Jaunes.

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« En matière d’immigration, une fois nos obligations d’asile remplies, souhaitez-vous que nous puissions nous fixer des objectifs annuels définis par le Parlement ? » C’est par cette question pour le moins équivoque qu’Emmanuel Macron évoque l’immigration, dans le volet « démocratie et citoyenneté » de sa lettre aux français. Si le mot « quota » n’est pas mentionné, l’intention est claire.

Pendant les élections présidentielles, seuls trois candidats s’engageaient à limiter l’immigration dans leurs programmes : François Fillon, Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen.

La majorité assume : interrogé par franceinfo, Gilles Le Gendre, président du groupe LREM à l’Assemblée nationale, répond que le président « n’a pas prononcé le mot de quotas », mais affirme cependant qu’« il n’y a pas de tabous ». Nous voilà fixés.

L’instauration de “quotas” était déjà irréalisable en 2007, quand Nicolas Sarkozy avait soulevé cette idée, et l’est encore aujourd’hui. La Constitution européenne des droits de l’homme interdit d’imposer des quotas à l’immigration familiale, qui constitue la part la plus importante de l’immigration légale en France. Le droit d’asile est lui aussi protégé par la Constitution française et par le droit international. Entre l’immigration familiale et l’immigration humanitaire, c’est presque 90% de l’immigration légale qui échappe à tout quota.

Quant à l’immigration illégale, elle ne peut par nature évidemment pas faire l’objet de régulations.

De fait, l’immigration est déjà fortement contrôlée en France. La loi asile et immigration a considérablement durci la répression contre les migrants et contre ceux qui leur viennent en aide. Et que dire de l’annonce de la hausse des frais d’inscription à l’université pour les étudiants étrangers ? Que sont ces politiques sinon des moyens de limiter le nombre d’étrangers dans le pays ?

En juin dernier, pendant les débats au Sénat, la droite avait proposé d’inscrire l’instauration de « quotas » dans la loi asile et immigration, ce à quoi LREM s’était opposé. Même le RN, qui défendait les quotas pendant la présidentielle, parle aujourd’hui de “fin de la politique migratoire” et de “relocalisation des migrants chez eux”. Pourquoi ce retournement d’Emmanuel Macron aujourd’hui ?
En réalité, il s’agit d’une manoeuvre d’Emmanuel Macron, qui cherche à devancer l’agenda de la droite et siphonner une partie de son électorat à moins de 5 mois des élections européennes. Discrédité, le président espère redresser la barre en polarisant le débat sur des questions bien éloignées des revendications des gilets jaunes. Grossière manoeuvre donc, pour esquiver les questions qui préoccupent vraiment les gilets jaunes : dans sa lettre, Macron ne répond pas à leurs aspirations démocratiques, à leur préoccupations sur leur pouvoir d’achat, ne parle pas des violences policières (qui ont fait 94 blessés graves depuis le début du mouvement), écarte totalement le rétablissement de l’ISF… D’autant que les préoccupations qui remontent des cahiers de doléance concernent massivement le pouvoir d’achat et des aspirations démocratiques. Comme le rapport Médiapart : "Et puis il y a cette surprise, constatée dans la demi-douzaine de cahiers de doléances ouverts dans plusieurs mairies depuis la fin du mois de décembre et que nous avons consultés à Nancy, à Toul, à Commercy (là, les « revendications » étaient collectées par le groupe de gilets jaunes de la ville), à Bar-le-Duc, soit près de deux cents contributions en tout : c’est l’absence de toute référence à l’islam. Dur camouflet pour tous ceux qui, à l’instar de Manuel Valls, de l’extrême droite et d’une large partie de la droite, ont voulu en faire le problème central du pays. De même, l’immigration, les générosités supposées de l’État envers l’étranger, le trop-plein ou la « submersion » ne sont que très marginalement évoqués : dans une dizaine de contributions seulement. Et l’on y retrouve alors quelques-uns des slogans classiques de l’extrême droite lepéniste. Les cahiers de doléances sont d’abord des propositions sociales et de réformes politiques."

Une thématique que Macron aimerait proposer au débat, puisque la polarisation, largement construite, autour de l’immigration lui permettrait, à lui et à sa meilleur ennemie Marine le Pen, de rejouer le scénario de la présidentielle sur le dos des Gilets Jaunes.
Comme l’écrit le politologue Jérome Fourquet : ”Le Rassemblement national comme Debout la France peuvent en outre jouer sur un effet de symétrie avec la ferveur véhémente d’Emmanuel Macron à l’égard de l’Union européenne. Ce sont eux qui sont visés à chaque fois que le président de la République stigmatise la « lèpre » nationaliste, populiste et réactionnaire ! Et ils profitent logiquement de la polarisation du débat public souhaitée par La République en Marche pour déstabiliser un peu plus le Parti socialiste et surtout désormais Les Républicains.” Une façon, comme le dit le journal l’Express d’ “amorcer sa campagne européenne en coupant l’herbe sous le pied de Marine Le Pen, qui en fait son cheval de bataille. “

Nouvelle preuve, s’il en est, que loin de s’opposer, LREM et RN, Macron et le Pen se complètent. Les deux faces d’une meme pièce : les meilleurs ennemis des Gilets Jaunes.

 
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