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La Izquierda Diario
18 de janvier de 2019 Twitter Faceboock

Acte 10
Le grand débat n’endort pas les Gilets Jaunes, la mobilisation se poursuit avec l’acte 10
Max Demian

N’en déplaise au gouvernement, non seulement l’acte 10 s’annonce très suivi, mais surtout le grand débat ne parvient pas à faire vaciller le mouvement.

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 Photo : O Phil des contrastes

Cette mobilisation constituera l’épreuve du feu pour Macron qui, avec son grand débat, tente de mener une véritable guerre de tranchée. Pourtant, cette stratégie d’asphyxie n’endort pas les Gilets Jaunes : au cours de son déplacement vendredi dans le Lot, pour « l’acte II » de son grand débat, Macron a été attendu, comme lorsqu’il s’était déplacé dans l’Eure, par des Gilets Jaunes, dans une ville encore une fois en état de siège. Tout au contraire, le soutien au mouvement a connu ces derniers jours un net rebond, les médias étant même contraints de parler, pour la première fois à cette échelle, des violences policières.
 

« Manu arrête tes macronneries tu ne vas pas réussir à nous endormir avec ton grand débat »

Comme lors de son dernier déplacement, le niveau de sécurisation de la ville avait été impressionnant. La ville de Souillac, petite commune de 3750 habitants, avait été mise en état de siège : centre bouclé, marché annulé, manifestations interdites de 8 heures à 23 heures. Dans la matinée, la police a ainsi procédé à deux interpellations pour contenir et repousser le comité de Gilets Jaunes qui s’était formé pour accueillir Macron, banderoles à l’appui portant l’inscription, plutôt explicite quant à la réception du grand débat au sein des Gilets Jaunes : « Manu arrête tes macronneries tu ne vas pas réussir à nous endormir avec ton grand débat ».

Plus encore, trois ministres – Jacqueline Gourault (Cohésion des territoires), Sébastien Lecornu (Collectivités territoriales) et Didier Guillaume (Agriculture) – ont été interpellés par une trentaine de Gilets Jaunes, qui ont notamment scandé « Rendez l’ISF ! ». Comble de l’ironie : quelques instants plus tard, dans l’antre policé du grand débat, où Macron a fait son show face aux maires, on pouvait entendre ce dernier insister encore une fois sur le fait qu’il ne rétablira pas cet impôt : « L’ISF, ce n’est pas un sujet entre riches et pauvres pour moi, c’est un sujet sur : est-ce qu’on veut aider nos entreprises ou pas ? »

Tout un symbole. En effet, l’enjeu pour le gouvernement avec ce grand débat est de parvenir à faire diversion, et mener une véritable guerre de tranchée pour opposer, aux actes successifs des Gilets Jaunes, ses propres « actes », en l’occurrence des débats dans de multiples villes. Une stratégie au demeurant explicitée par un ministre dans les pages du Figaro : « Désormais, chaque week-end, l’attention médiatique ne portera plus seulement sur les Gilets jaunes, mais sur la question de savoir qui va participer ou non au grand débat. Ça déplace le sujet. »
 

Une mobilisation massive qui connait un regain de soutien dans l’opinion

Pourtant, n’en déplaise au gouvernement, non seulement l’acte 10 s’annonce très suivi, mais surtout le grand débat ne suffit pas à faire vaciller le mouvement. Cette semaine, le soutien aux Gilets Jaunes a ainsi connu un net rebond. En effet, selon un sondage Elab pour BFM TV, l’approbation au mouvement culmine désormais hauteur de 67% – soit 7 points de plus en une semaine seulement. Dans le détail, ils sont 31% à considérer le mouvement avec « sympathie » (soit 2 points de plus), 36% le soutiennent (plus 5 points). Démonstration que la guerre de tranchée pour occuper l’espace médiatique par Macron est loin d’être gagnée – malgré un gouvernement qui s’enorgueillit de débats fleuves et d’audiences records. Pour l’acte 10, on compte ainsi deux manifestations déclarées à Paris, ainsi que de nombreux appels à travers la France.

Un niveau de mobilisation, avec un soutien massif et qui continue de rester important, qui a poussé certaines directions syndicales, notamment la CGT, à revoir leur position, contrainte aussi par une conscience à la base de plus en plus forte de la nécessité de se lier aux Gilets Jaunes. Ainsi de l’union départementale Seine-Maritime CGT, qui a appelé à « manifester aux côtés des Gilets Jaunes » pour l’acte 10 dans un communiqué en date du 18 janvier 2019, le syndicat déclarant en effet qu’il « ne participera pas au grand débat, à quelque niveau que ce soit ». Martinez s’est également vu contraint d’appeler à une journée de grève et d’action le 5 février. Si les contours sont encore incertains, cela montre un changement de position de la part de celui qui avait à discréditer le mouvement… puis à se faire oublier pour mieux abandonner les Gilets Jaunes. 
 

Des violences policières que même les grands médias ne peuvent plus passer sous silence

Preuve, s’il en est, que le gouvernement n’a pas remisé le mouvement des Gilets Jaunes, le dispositif policier mis en place à Paris s’annonce encore élevé, avec près de 5000 policiers mobilisés pour la seule capitale.

Cet acte 10 qui se tiendra dans un contexte où, pour la première fois, les violences policières ont dû, tant leur niveau est exceptionnel, être prise en compte par les grands médias, qui en ont pour la première fois fait le sujet de leurs JT. Depuis le début on ne compte plus le nombre de blessés et mutilés – 17 personnes ont perdu un œil depuis le début du mouvement – à tel point que le Défenseur des Droits de l’Homme a remis en cause l’utilisation des lanceurs de balle, arme principale de « maintien de l’ordre » par les forces de police.

Un niveau inédit de répression qui, semblerait-il, ne suffit pas à faire ciller le ministre de l’intérieur, Christope Castaner, qui se disait « sidéré » par les accusations de violences policières, poussant même l’ignominie à déclarer qu’il y aurait certainement... plus de blessés si les lanceurs de balle n’étaient pas utilisés : « Si vous supprimez les moyens de défense de nos forces de l’ordre, il leur reste quoi ? Le contact physique, et il y aura certainement beaucoup plus de blessés. Ou il reste les armes de poing, qui est la solution ultime. »

Un niveau de répression qui non seulement n’est pas suffisant pour éteindre le mouvement, mais contribue en retour, comme on le voit, à tourner des franges importantes de la population contre l’institution policière, produisant des élans massifs de solidarité pour les Gilets Jaunes réprimés ou blessés – du succès de la cagnotte de Christophe Detttinger au soutien apporté aux victimes des violences policières.

Grand débat ou pas, le gouvernement est loin d’en avoir fini avec les Gilets Jaunes.

 
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