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La Izquierda Diario
10 de juillet de 2015 Twitter Faceboock

Crise Grèce-Troïka
La trahison de Tsipras. Du non au référendum au oui aux créanciers

Courant Communiste Révolutionnaire du NPA

Comme nous le disions depuis la publication des résultats du référendum de dimanche dernier, le Premier ministre grec s’apprêtait à transformer le « OXI ! » massif du monde du travail, de la jeunesse et des classes populaires, en un nouveau « oui » aux exigences des créanciers du pays. A la suite du chantage systématique mais vain exercé par la Troïka pour peser sur les urnes, c’est Alexis Tsipras lui-même qui vient de trahir le mandat qui lui a été donné le 5 juillet. Peu avant la date butoir fixée à minuit, jeudi, l’équipe de négociateurs grecs a détaillé à 22h le plan présenté à Bruxelles.

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/Tsipras-une-trahison-en-forme-de-oui-a-l-austerite

Une capitulation sur toute la ligne, une aggravation des mesures austéritaires exigées par la Troïka

Le gouvernement se plie complètement aux exigences des créanciers en vue de 50 milliards d’euro sur trois ans, dans le cadre d’un « troisième plan d’aide ». Il reprend ainsi, à la lettre et en les aggravant, les propositions rejetées dimanche dernier. Dans le plan dévoilé jeudi soir, écrit sous la houlette d’un groupe de conseillers français dépêchés par François Hollande, censés servir de garants au nouvel accord et convaincre Berlin de renoncer à son intransigeance, Tsipras choisit d’aggraver les propositions du 22 juin dernier.

Le plan d’austérité est, en effet, évalué à 13 milliards d’euros sur trois ans contre 8 milliards précédemment. Parmi les différentes mesures annoncées, on retrouve l’engagement à réaliser un excédent primaire (avant paiement des intérêts de la dette) de 1% en 2015, 2 % en 2016, 3 % en 2017 et 3,5 % en 2018, soit les exigences de la Troïka ; une augmentation massive de la TVA et la fin des exemptions pour les îles de la Mer Egée ; des coupes dans les dépenses publiques, réduites de 0,25 à 0,5% en 2015, 1% en 2016, ainsi que dans les pensions, dont le système sera, au bout du compte, « réformé », avec, notamment, la suppression des retraites anticipées et un âge de départ fixé à 67 ans en 2022 ; une intensification du programme de privatisations pour l’année 2016 et plusieurs engagement sur la flexibilisation du marché et sur la réduction de la masse salariale dans le secteur public. Pour ce qui est des mesures « d’équité », à savoir celles censées viser les plus riches, elles sont allégées par rapport à la dernière proposition grecque : le taux de l’impôt sur les sociétés passerait de 26% à 28% (et non 29%) en suivant là aussi les exigences des créanciers.

Les fausses concessions « arrachées » par Tsipras pour justifier sa trahison

Tsipras a justifié cette trahison au nom de deux concessions ou promesses avancées par les créanciers. La première est un plan d’investissement de 35 milliards d’euros, en réalité déjà prévu par la Commission Européenne, et qui ne consiste qu’à un déblocage des fonds structurels et agricoles européens actuellement gelés par Bruxelles. La seconde concerne la restructuration de la dette. Alors que le prédécesseur de Tsipras, Antonis Samaras, avait obtenu une décote sur la dette, Tsipras serait, lui, prêt à se contenter d’un simple engagement à la restructurer, là où les analystes financiers les plus lucides, à commencer par ceux du FMI, estiment que la dette grecque devrait, de toute façon, être allégée de 30%.

Malgré cette trahison, il n’est pas assuré, pour l’heure, que les créanciers vont concéder à Tsipras tout ce que ce dernier demande par rapport à une décote de la dette grecque en échange de l’application d’un plan austéritaire copié-collé sur celui qui avait été avancé par la Troïka fin juin. Néanmoins, dans le cadre de la crise politique profonde du système grec, avec une perte de crédibilité ultérieure des partis traditionnels et pro-européens après le référendum du 5 juillet, il est certain que les créanciers pourraient se satisfaire de disposer, à Athènes, d’un nouvel agent prêt à appliquer le gros de leurs exigences pour les prochains mois.

Combattre et empêcher la mise en place du nouveau Mémorandum

L’accord n’est rien d’autre qu’un nouveau Mémorandum aggravé, ces textes austéritaires appliqués par les prédécesseurs de Tsipras depuis 2010. Il s’agit d’une sorte de « Traité de Versailles » appliqué, cette fois-ci, au peuple grec, et mis en place non plus après un conflit, comme cela avait été le cas de l’Allemagne après 1918, mais à la suite d’une guerre économique et sociale totale, couplée d’une capitulation sur toute la ligne de Tsipras et de ses partisans au sein de Syriza.

La gauche de ce parti ne peut plus, désormais, se cacher derrière son petit doigt. Il ne suffira pas de voter contre le Plan proposé par Tsipras à la Vouli, ce à quoi a appelé, dès hier soir, un certain nombre d’intellectuels de gauche grecs, à l’instar de Stathis Kouvélakis. Il faut que l’aile gauche du parti, à commencer par la Plateforme de Gauche de Panagiotis Lafazanis, encore ministre aujourd’hui, rompe immédiatement avec le gouvernement.

Contre ce nouveau coup de poignard dans le dos du peuple grec, il faut organiser, immédiatement, la résistance sur les lieux de travail et d’étude, dans les quartiers, et descendre dans la rue. La gauche de la direction d’ADEDY, la confédération syndicale des travailleurs du public, a exigé une réunion immédiate du comité exécutif du syndicat, et appelle d’ores et déjà à la mobilisation vendredi, samedi, et dimanche. Des rassemblements sont prévus aujourd’hui à Athènes, à Thessalonique ainsi que dans toutes les grandes villes du pays.

Les travailleurs ont déjà fait l’expérience des grèves générales de 24, 36 ou 48 heures qu’a connu le pays en 2010-2012 mais qui ne se fixaient pas pour but de faire reculer les gouvernements austéritaires précédents. Pour empêcher la mise en place de ce nouveau Mémorandum, piloté, cette fois-ci, par Tsipras, il faudra que la mobilisation s’élargisse et se structure, jusqu’au retrait du Plan. Pour ce faire, l’ensemble des organisations politiques et syndicales du mouvement ouvrier et de la jeunesse, à commencer par le Parti Communiste Grec (KKE) et sa tendance syndicale (PAME), doivent mettre en place le front unique de combat le plus large possible pour faire reculer celui qui, désormais, est l’homme de la Troïka au pouvoir à Athènes.

A bas l’accord avec les créanciers ! Rupture avec la Troïka !
Annulation de la dette publique grecque !
Nationalisation sous contrôle des travailleur/se-s des banques et des entreprises stratégiques !

 
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