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La Izquierda Diario
28 de janvier de 2019 Twitter Faceboock

Cinéma
Sorry to bother you, une fable révolutionnaire haletante
Tristan Samathan

D’une réalisation exemplaire, servi par des acteurs brillants, Sorry to bother you propose une critique joyeuse du capitalisme, et présente, sous la forme a priori innocente d’une comédie, la méthode pour en venir à bout.

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Mercredi prochain sort dans quelques salles de cinéma en France Sorry to bother you, premier long métrage du réalisateur américain Boots Riley. L’artiste était jusqu’alors connu pour son parcours musical en tant que chanteur des groupes The Coup et Street Sweeper Social Club, au sein desquels il compose un hip-hop politique engagé, sans concession vis à vis des dérives du capitalisme. D’une réalisation exemplaire, servi par des acteurs brillants, Sorry to bother you propose une critique joyeuse du capitalisme, et présente, sous la forme a priori innocente d’une comédie, la méthode pour en venir à bout.

Une critique radicale du projet capitaliste

Dans l’Amérique - à peine uchronique - de Sorry to bother you, les membres du congrès sont à la solde des industriels, et les familles, aliénées par la télévision sont incitées à s’entasser dans les WorryFree, des camps où tout est gratuit : l’hébergement, la nourriture, les loisirs et surtout le travail, pour le plus grand bénéfice des industriels.

On suit avec délectation les aventures du couple de trentenaires Cassius Green (Lakeith Lee Stanfield) et Detroit (Tessa Thompson), qui décident de travailler dans un call center pour subvenir à leurs besoins. Alors qu’une grève est organisée pour obtenir de meilleurs conditions de rémunération, Cassius se voit proposer de rejoindre les PowerCallers, l’élite de la vente à distance, et est tiraillé entre la perspective de sortir enfin la tête de l’eau, et celle d’être solidaire avec ses collègues et amis. Au fur et à mesure de son ascension au sein de la multinationale, inspirée d’Amazon, il découvre petit à petit la réalité de l’exploitation des travailleurs...

Un film subversif, qui prône la lutte pour la conquête des droits sociaux

La résistance s’organise pourtant, à travers la grève et le blocage des lieux de travail, alors qu’artistes et activistes tournent en dérision le marketing et la publicité des entreprises, et tentent de démontrer qu’une autre organisation sociale est possible.

De la prise de conscience individuelle à l’émancipation collective, le film enseigne dans un format joyeux les vertus de l’organisation, et recense les étapes clés de toute lutte victorieuses : la politisation des travailleurs, l’organisation en syndicat, la grève, le blocage des moyens de production, la résistance face à la répression, la solidarité... et finalement la convergence des luttes pour atteindre le changement de société. La description systématique de chaque étape de la séquence vers la victoire fait du film un véritable manuel d’action syndicale.

Film engagé sur tous les fronts, Sorry to bother you réussit le pari d’aborder avec subtilité et exhaustivité l’ensemble des oppressions, rapports de domination et enjeux contemporains : racisme, colonialisme, (afro)féminisme, protection de l’environnement, ventes d’armes...

Un casting d’acteurs connus pour leur engagement

Au delà de la réalisation, Sorry to bother puise sa force dans un casting, associant un grand nombre d’acteurs talentueux et connus pour leur engagement politique et leur activisme.

Le rôle de Cassius Green est ainsi tenu par Lakeith Lee Stanfield, qu’on a notamment vu dans l’excellente série Atlanta, qui fait avec humour le récit de la violence sociale et du déclassement à l’œuvre dans les banlieues noires américaines. Tessa Thompson (Detroit dans le film) incarnait en 2014 le rôle principal féminin de la satire antiraciste Dear White People, acclamée par la critique.

Citons enfin le brillant Steven Yeun, notamment connu pour son interprétation de Glenn dans la série The Walking Dead. Steven Yeun incarne cette fois avec talent le personnage de l’activiste et militant Squeeze, inlassable cheville ouvrière de l’organisation de la lutte au sein de l’entreprise.

Seulement 4 salles en France

Révolutionnaire dans le fond et par sa forme, Sorry to bother you tire son pouvoir subversif de sa capacité à synthétiser en 2 heures, de manière accessible, un message d’espoir pour tous les dominés et les exploités : la victoire est possible.

On en ressort galvanisé et prêt à organiser les prochaines luttes, ou rejoindre celles en cours. Peut être est-ce la raison pour laquelle, malgré les qualités évidentes du film, on ne le trouve pour l’instant que dans une poignées de salles en France ?
Nous vous encourageons en tout cas sans réserve à aller le voir si par chance il est programmé près de chez vous. Dans le cas contraire, vous pouvez aussi contacter votre salle pour demander à ce qu’il y soit diffusé.

 
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