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La Izquierda Diario
29 de janvier de 2019 Twitter Faceboock

Négociations ?
Assurance chômage : le patronat quitte les négociations pour faire pression sur le gouvernement
Aléko Korovine

Énième manœuvre d’enfumage : Macron, mis sous pression par le mouvement des Gilets Jaunes, a tenté d’édulcorer, sur la forme en tout cas, l’attaque sociale qu’est la réforme de l’assurance chômage. Les organisations patronales, le Medef notamment, ont fait savoir leur désaccord en annonçant qu’elles suspendaient leur participation aux négociations.

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Crédit photo : Photo d’archives EPA-EFE

Quelques heures à peine après l’annonce, dans un communiqué de presse de la Confédération des Petites et Moyennes Entreprises (CPME), l’Union des Entreprises de Proximité (U2P) et le Medef ont suivi la même direction et annoncé qu’elles suspendaient leur participation aux négociations en cours sur la réforme de l’assurance chômage, à trois jours d’une nouvelle rencontre entre les partenaires sociaux.

Ces négociations, ouvertes en novembre dernier, marquent la volonté de l’exécutif d’économiser entre 3 et 4 milliards d’euros en 3 ans sur le dos des chômeurs. Revoir les règles autorisant les chômeurs à cumuler une activité réduite et une allocation chômage, revoir à la hausse le seuil minimal de temps de travail effectué pour recharger ses droits, le tout justifié comme une manière de favoriser le retour de l’activité à temps plein : voilà la feuille de route que Macron avait donné aux partenaires sociaux.

Ce dernier avait tenté un coup de com’ le 9 novembre en déclarant qu’il comptait pénaliser les entreprises qui abuseraient des contrats courts si aucun accord n’était trouvé entre le patronat et les syndicats. Cette mesure semblait particulièrement difficile à mettre en application compte tenu notamment de deux éléments. Premièrement, le caractère profondément réactionnaire et anti-social de l’ensemble des mesures prises par Macron depuis le début de son quinquennat. Secondement, le fait que cette soi-disant pénalisation, sur la base d’un système de bonus-malus à l’attention des entreprises – une promesse de campagne d’Emmanuel Macron soit dit en passant – , ne figurait tout simplement pas dans la lettre de cadrage des négociations fournie par le gouvernement.

Par ailleurs, François Asselin, patron de la CPME avait qualifié cette mesure de bonus-malus de « délire », et Geoffroy Roux de Bézieux, chef du Medef, avait déclaré s’y opposer.

« On a mis la proposition bonus-malus et moi, je souhaite qu’on aille au bout, branche par branche, parce que c’est vertueux » a pourtant insisté Macron dans la Drôme. La raison de ce jusqu’au boutisme coïncide avec la situation politique actuelle : Mis sous pression par le mouvement des Gilets Jaunes, Macron cherche à apparaître un tant soit peu « social », histoire de ne pas souffler sur les braises, alors qu’une journée de grève nationale est appelé pour le 5 février prochain.

A la suite de l’intervention du président, qui n’en est pas à son coup d’essai médiatique au sujet de cette mesure, le Medef a dénoncé la prise de parole présidentielle en faisant la déclaration suivante : « le président de la République vient d’intervenir publiquement, semblant indiquer que le bonus-malus se mettra en place et ce, quel que soit le résultat de la négociation ».

La surenchère ne s’est pas faite attendre du côté de la CPME qui a simplement déclaré : « Tous les efforts menés par les négociateurs pour “déprécariser” les contrats courts ont ainsi été balayés d’un revers de main ». Cette organisation patronale alliée du Medef s’interroge par ailleurs sur : « la volonté réelle du président de la République de laisser une chance d’aboutir à une autre solution, par le dialogue et la négociation sociale »

Côté Medef la même interrogation existe puisque pour la plus importante organisation patronale française : « Cet accord aurait permis de montrer que les partenaires sociaux ça a encore un sens. »

Les organisations patronales sont promptes à quitter le navire, même si elles prétendent être prêtes à y retourner. Les représentants du patronat suspendent leur participation au dialogue social dès lors qu’un changement de virgule ne leur convient pas et conditionnent leur retour au respect d’un cadrage des négociations allant dans leur seul intérêt.

Ainsi, compte tenu de tous ces éléments, que font les syndicats de travailleurs qui participent encore à cette mascarade ?

Certes, Denis Gravouil, représentant de la CGT pour ces négociations, avait déchiré la feuille de route du gouvernement devant les caméras et a récemment annoncé que ces négociations sont une « course de lenteur qui va dans le mur ». Pourtant, la construction d’un plan de bataille sur cette question, en lien avec le mouvement des Gilets Jaunes, ne semble pas à l’ordre du jour pour la centrale de Montreuil.

Quoi qu’il en soit, derrière les symboles et les belles paroles il est important d’agir sur le terrain de la lutte et non sur celui de la compromission.

Si le patronat entend démontrer sa force et faire pencher la balance en sa faveur en sortant des négociations ce ne sont pas les seuls à pouvoir faire usage de cette stratégie.

Afin de démontrer leur force et d’obtenir la victoire, sur cette question comme sur tant d’autres, les organisations syndicales doivent elles aussi quitter les négociations et mettre leurs moyens matériels et logistiques à la disposition des travailleurs afin de construire la grève générale d’ici le 5 Février prochain et de la reconduire tant que nécessaire.

 
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