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La Izquierda Diario
6 de février de 2019 Twitter Faceboock

Samedi dans la rue, et après ?
Gilets jaunes et Gilets rouges : 5 février, une convergence naissante en quête de perspectives
Claude Manor

Plus de 300 000 manifestants, une participation massive pour cette journée de grève. Le pari de la jonction Jaunes/rouges a montré ses potentialités ce mardi. Mais le résultat n’est pas que numérique, il est surtout politique. Des premiers éléments de convergence ont eu lieu tandis que les aspirations de la base à aller plus loin sont bien présentes. Pour l’heure, la prochaine date de mobilisation à l’appel de la direction confédérale de la CGT est... mi-mars !

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Une poussée à valeur symbolique

Le 5 février fait date. Les Gilets jaunes ne sont plus seuls à affronter la Macronie. A Paris, quelque 30 000 manifestants ont battu la semelle pendant de longues heures avant que la queue du cortège ne puisse quitter l’Hôtel de ville en direction de la Concorde. La rue de Rivoli, peu habituée à voir défiler les manifs, n’arrivait pas à contenir le flux. Impossible de dépasser les cortèges sur les côtés.

A Lille également, le parcours négocié a été couvert en moins d’une heure, frustrant d’ailleurs les participants d’une manifestation suffisamment conséquente à leurs yeux. Ils ont fini par faire sauter le verrou des limites du parcours autorisé, ce qui a d’ailleurs entraîné des affrontements avec les forces de l’ordre. Le même phénomène s’est produit à une échelle plus ou moins grande dans d’autres villes.

Cette journée de grève du 5 février, à l’appel de la CGT et Solidaires, ainsi que plusieurs autres syndicats et partis, a donc permis aux militants du mouvement ouvrier de sortir de la réserve dans laquelle ils étaient depuis le début du mouvement des GJ et d’être très nombreux à répondre présents. De leur côté, les gilets jaunes n’ont pas boudé l’appel. Les manifestations conséquentes qui se sont déroulées en ce 5 février, mêlant syndiqués, non syndiqués et gilets jaunes, les actions communes de blocage qui se sont tenues en plusieurs endroits sont, en elles-mêmes, une victoire et le signe d’une convergence jaunes-rouges.

Une responsabilité face au devenir du mouvement social

Toutefois, on peut penser, au regard de ce premier succès, que les directions syndicales ne sont pas vraiment à la hauteur des aspirations des Gilets jaunes à aller plus loin. Une manif « carrée » de 24 h réussie, certes, mais rien d’annoncé pour le moment pour prolonger l’appel à la grève illimitée et aux actions de blocage lancé par nombre de Gilets jaunes, avec un large écho favorable.

Interviewé par Europe 1, le 6 février, Martinez apporte une perspective qui, pour être sans doute juste, n’en apparaît pas moins comme très minimaliste. Selon lui, Il s’agirait, pour répondre à un reproche fréquent des Gilets jaunes, d’être « plus présents dans les TPE et PME ». Il ajoute : le syndicat (CGT) a « des solutions pour rectifier le tir » ; Il faudrait « montrer que ce ne sont pas uniquement des gens qui râlent », « C’est un syndicat qui propose ».

Syndicat de proposition ? Il semble que l’on ait déjà entendu ça et la place est fort bien tenue par Laurent Berger et la CFDT. Quant à avoir peur « des gens qui râlent », ce n’est sûrement pas le profil des Gilets Jaunes qui conspuent Macron à longueur de samedis. Au-delà des déclarations de principe, il est clair que le plan de lutte proposé par Martinez, à savoir une prochaine date de mobilisation à la mi-mars, ne suffira pas à entraîner le mouvement dans une dynamique expansive à même de défaire Macron. Seule une perspective de généralisation et de reconduction de la grève le permettra.

Quant à Solidaires, ils avaient déjà dessiné des perspectives pour la suite, il y a plusieurs jours, en déclarant : « Nous appelons à manifester les prochains samedi et à poursuivre la construction des convergences qui sont en cours dans un nombre de plus en plus important de villes, entre les gilets jaunes et le mouvement social ». Quant à la mobilisation du 5 février, « il ne peut s‘agir d’une date isolée ». « Elle doit servir de point d’appui pour être toujours plus nombreuses et nombreux dans les manifestations, sans les opposer et pour amplifier encore le mouvement en débattant ensemble d’une grève générale reconductible ».

Restons donc en veille sur les initiatives qui devraient logiquement découler de cette orientation de Solidaires pour ne pas simplement en rester à des déclarations d’intention.

Les syndicats enseignants, Sud Educ et FSU ont, de leur côté, un réel travail de convergence à mener, non seulement envers les autres secteurs que l’éducation nationale - et leur participation au 5 février allait dans ce sens - mais aussi au sein du corps enseignant, face à l’émergence des « stylos rouges ». Ce collectif, né dans la mouvance des GJ présente beaucoup de similitudes avec le mouvement à ses débuts. Défiance vis-à-vis des syndicats, recherche d’autres modes de lutte, attractivité du 2.00… Les taux de grévistes, très importants dans certaines régions comme à Nantes, ou dans le Nord, ailleurs, avec une certaine constance, montre qu’une jonction a dû se faire avec une frange des « stylos rouges », dont certains sont d’ailleurs syndiqués.

Et puis il faudra probablement compter sur le retour, dans le mouvement, des lycéens et des étudiants qui, après une période d’attentisme, ont participé de manière significative à la mobilisation du 5 février.

Le train n’attend pas…

Et pendant ce temps-là…. Macron poursuit son grand débat. Même si cette mascarade est, à juste titre, largement décriée dans les rangs des Gilets Jaunes et surtout de ceux qui étaient à la manifestation mardi, il n’en demeure pas moins possible qu’elle offre un débouché politique à Macron, notamment dans la perspective des élections européennes.

La suite de cette journée de grève, n’est pas à attendre dans les semaines et mois qui viennent. Ce n’est pas mi-mars qu’une dynamique nouvelle s’enclenchera, elle est impérative tout de suite. Elle suppose que les lanceurs d’appel n’abandonnent pas Gilets Jaunes et Gilets rouges au milieu du gué. Elle suppose surtout qu’à la base, et sans attendre des mots d’ordre venus d’en haut, partout où il existe ne serait-ce qu’un embryon de convergence, jaunes et rouges de tous secteurs poussent à un acte XIII …… qui dure et qui aboutit

 
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