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8 de février de 2019 Twitter Faceboock

Répression
Violences policières : depuis le début du mouvement des gilets jaunes, 132 enquêtes ont été ouvertes et ont peu de chances d’aboutir
Tyshka Rostov

A la veille de l’Acte XIII, le bilan des violences policières est lourd de plusieurs mutilés. Depuis le 17 novembre, 132 enquêtes ont été ouvertes pour présumées violences policières pendant les samedis des gilets jaune. Malheureusement les procédures judiciaires sont, le plus souvent, au désavantage de la victime.

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Le bilan des manifestations de gilets jaunes est lourd. Des centaines de blessés, des milliers d’interpellés, des dizaines de mutilés. A ce jour, plus de 9 000 tirs de LBD 40 ont été recensés, sans compter l’utilisation massive de lacrymogènes, de grenades de désencerclement et de canons à eau. Cela explique le chiffre de 132 enquêtes ouvertes pour violences policières depuis le début du mouvement des gilets jaune, loin cependant de la réalité tant il est difficile d’entamer une procédure.

Ce mardi 5 février, Castaner s’est livré dans une interview donnée par Konbini à propos des dites plaintes. Il reconnaît alors que les policiers qui visent à la tête « font une faute et toute faute sera sanctionnée ». Difficile d’accorder du crédit à une telle déclaration quand son auteur banalise la répression et la renforce même, lui qui avait déclaré n’avoir « jamais vu de policier attaquer un manifestant ».

Des enquêtes qui risquent d’être englouties

Les premiers dossiers de plaintes vont parvenir aux procureurs dans trois ou quatre semaines. Ils peuvent alors, soit renvoyer l’accusé devant le tribunal correctionnel pour être jugé, soit estimer qu’il faut davantage de preuves et donc demander l’ouverture d’investigations approfondies. Dans ce cas-là, -qui est le plus courant- cela peut prendre jusqu’à plus de quatre ans pour éventuellement aboutir… En parallèle, les magistrats se réservent le droit de conclure à un non-lieu et de classer le dossier sans suite. En bref, même s’il reste la possibilité de faire appel, on voit que les dossiers ont vite fait de finir aux oubliettes.

Les enquêtes sont délicates à résoudre pour une raison : CRS et gendarmes mobiles ne sont pas signalés pour chaque tir. Notamment lors des samedis les plus violents où les unités se déplacent constamment et tirent sans arrêt. Dans ce contexte de guérilla urbaine, impossible de savoir qui tire quoi, et donc d’identifier son tireur. Même quand un témoin réussit à prendre une vidéo, la qualité est souvent jugée trop faible pour pouvoir donner suite. Bref, tout est fait pour préserver l’impunité des policiers.

La carte de la « légitime défense » : une excuse pratique

Malgré la gravité des faits, les violences policières et la répression radicale ne figurent toujours pas au JT de 20h. Rappelons qu’il est normalement interdit pour les CRS et gendarmes de viser le haut du corps -et, a fortiori, la tête. Pourtant on recense des dizaines de blessés à la tête.

Il serait apparemment facile de prouver que, dans le feu de l’action et au vu de la menace imminente, ils n’ont pas le temps de viser le bas du corps, et qu’il s’agit donc de légitime défense. Ce n’est pas la première fois que l’IGPN (Inspection Générale de la police nationale) justifie des tirs de LBD 40 par une habile manipulation de la loi. Finalement, le mouvement des gilets jaune soulève le problème majeur du maintien de l’ordre. On ne parle d’ailleurs plus de « gardiens de la paix » mais de « forces de l’ordre ». En vérité, cette face sombre des autorités policières a toujours existé, notamment dans les cités, et se révèle aujourd’hui à plus large échelle. On comprend en tout cas que ce problème ne se réglera pas au tribunal.

Castaner, lui, garde le cap de la répression en enchaînant les déclarations en faveur des violences policières et des armes utilisées. Sa dernière en date est lors de son interview à Konbini le 5 février -mentionnée plus tôt- où il affirme que « dans toute profession on peut faire des bêtises ». Il parle de mains arrachées et d’ yeux crevés comme si un stagiaire avait cassé la machine à café.
[Le Conseil d’État a d’ailleurs officiellement refusé les nombreuses demandes visant à interdire l’utilisation du LBD 40.→http://www.revolutionpermanente.fr/Flashball-le-Conseil-d-Etat-confirme-le-droit-des-policiers-a-mutiler]. L’hypocrisie et la mauvaise foi de Macron et son gouvernement sur ces questions de violences policières n’aident pas à envisager des perspectives d’une meilleure justice.

Plusieurs personnes ont interpellé Castaner pour dénoncer son aveuglement face à la gravité de la situation. Un étudiant de la Sorbonne l’a d’ailleurs interpellé sur ces questions, alors même que le ministre donnait un discours lors d’un colloque à la Sorbonne.

Crédit photo : FEFERBERG / AFP

 
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