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La Izquierda Diario
13 de février de 2019 Twitter Faceboock

Le proc réclamait 2 ans ferme
12 mois ferme en "semi-liberté" pour Dettinger : le procureur a perdu

La décision vient de tomber : Christophe Dettinger est condamné à 12 mois de prison ferme, en régime de semi-liberté ainsi que 18 mois de sursis, avec mise à l’épreuve pendant deux ans. Une peine lourde mais plus légère que les réquisitions du procureur qui demandait 2 ans ferme. D’ici 5 jours, Dettinger pourra retrouver sa famille qui est soulagée. Les avocats ne feront pas appel. Une défaite pour le gouvernement qui demandait une peine exemplaire due à l’immense soutien dont bénéficie le boxeur. Quoi qu’il en soit, une sanction indigne, à l’heure où Benalla et les flics qui mutilent courent toujours.

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Photo : Thomas SAMSON / AFP/Archives

13h30, Tribunal correctionnel de Paris. Flambant neuf, fait de grandes fenêtres et de murs qui arborent fièrement des articles de la Constitution, c’est dorénavant ici que l’on voit défiler les manifestants victimes de la répression judiciaire. Comparutions immédiates ou procès ordinaires, les peines sont souvent très lourdes à l’encontre des Gilets Jaunes à l’image des 4 mois fermes retenus pour ce jeune de 18 ans ayant participé à une manifestation.

Après des semaines de détention arbitraire, c’est au tour de Christophe Dettinger de comparaître devant la justice, celui qui pour défendre une femme au sol face aux forces de l’ordre a boxé à mains nues un CRS avant de se rendre quelques jours tard à la police. Malgré la campagne de propagande menée par le gouvernement et les médias dominants, le geste de Christophe qui se défend seul face à plusieurs CRS armés est vite devenu un symbole de la détermination, de la colère et de la résistance des Gilets Jaunes. On entend depuis régulièrement dans les manifestations des slogans qui réclament sa libération. Dès lors, ce procès est d’une importance capitale pour le gouvernement. Sa terreur : que Christophe devienne un exemple pour tous ceux qui veulent se révolter contre les violences policières qui sévissent depuis le début du mouvement. Après avoir suspendu sa cagnotte de soutien, terrifié par l’écho qu’elle rencontrait, c’est au tour de la justice de trancher.

Ainsi, la salle était évidemment beaucoup trop petite pour accueillir la foule de soutiens qui souhaitait assister à l’audience : 80 places seulement. Pourtant, la famille, les amis, les Gilets Jaunes étaient nombreux à attendre devant la salle 23. Jérôme Rodrigues, accompagné d’Antonio Barbetta, sont tous deux arrivés au Tribunal après être sortis de l’hôpital Cochin. Car en effet, c’est également le jour où Jérôme a appris qu’il ne retrouverait jamais l’usage de son œil. Révolté, il explique que c’est Christophe qui est dans le boxe des prévenus, alors que Benalla court toujours et que celui qui a pris son œil est libre. La police va même jusqu’à contester le tir et BFMTV à suggérer que le sang retrouvé "ne serait pas le sien".

Le procureur est à l’offensive : "il ne s’agit pas de simples violences mais de barbarie", "nous avons aussi là un pilleur", "il est virulent, invective". Affirmer éhontément que Dettinger est un barbare alors qu’une 4ème personne a perdu sa main samedi dernier révèle à quel point la justice est du côté de ceux qui nous dirigent. Les réquisitions du procureur sont lourdes : 3 ans dont un avec sursis pour violences envers personnes dépositaires de l’ordre public. L’avocat du syndicat Unsa police soutient ainsi qu’on "ne touche pas aux personnes qui sont dépositaires de l’ordre public" avant que Maitre Léger, avocate de Dettinger rappelle l’impunité du commandant Andrieux, libre alors qu’il est filmé en train de frapper à la tête un manifestant collé au mur. Maitre Leclerc, autre avocat du boxeur renvoie quant à lui au massacre de Charonne, "9 morts, pas une poursuite, rien". Les flics qui se sont constitués partie civile ne parviennent pourtant pas à prouver plus d’un hématome.

Ce soir, le juge ne suivra pas les réquisitions du procureur et prononce une peine moins lourde : Christophe doit faire un an de prison ferme mais continuera à voir sa famille et à travailler. S’il mérite bien évidemment la relaxe, cette peine, relativement légère par rapport à la fermeté affichée au cours du procès et dans le contexte général de la répression colossale des Gilets Jaunes, exprime le soutien massif dont le boxeur a bénéficié. Hérigé en véritable héros, le gouvernement n’aura pas pris le risque de mettre de l’huile sur le feu.

Le procès de Christophe est surtout celui de ceux qui continuent à se battre malgré la répression, de Jérôme Rodrigues à Franck Didron en passant par Antonio Barbetta, de ceux qui se défendent quand on les attaque, et de ceux qui pour être descendus dans la rue, risquent la prison ou ont perdu à vie l’usage d’un oeil. Tous ont Benalla en tête : "4 passeports, des coups place de la Contrescarpe" rappelle Jérôme. "Aucun de ceux qui nous dirige ne sera condamné".

 
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