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La Izquierda Diario
16 de février de 2019 Twitter Faceboock

Féminisme lutte de classe
« Les femmes en première ligne » : salle comble pour la conférence d’Andrea d’Atri à Toulouse
Correspondant-e Toulouse

A Toulouse, près de 200 personnes ont assisté vendredi soir au débat « De l’argentine à la France, de la grève des femmes aux Gilets jaunes, les femmes en première ligne ? », avec Andrea D’Atri, féministe révolutionnaire reconnue en Amérique latine.

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Féministe socialiste et révolutionnaire, figure de Ni Una Menos en Argentine et fondatrice de Pan y Rosas, collectif de femmes travailleuses et étudiantes, Andrea D’Atri était à Toulouse ce vendredi 15 février pour la première fois. La veille, elle animait un débat à Bordeaux, et Andrea D’atri sera le 22 février à Paris pour clôturer son cycle de conférences en France. Sa tournée en Europe a pour but de présenter son ouvrage Du Pain et des Roses, récemment traduit en français et en allemand ; un livre militant, revenant sur l’histoire des différents courants du féminisme et son imbrication avec la lutte des classes. Mais ces échéances visent aussi à mettre en lumière l’entrelacement morbide entre capitalisme et patriarcat, et de poser la question stratégique de l’émancipation de toutes, et de tous. Un objectif militant, pour l’organisation des femmes travailleuses et étudiantes. Ce sont précisément ces sujets qui ont été abordés par Andrea d’Atri devant près de 200 personnes réunies pour l’occasion à Toulouse ce vendredi.

« La moitié de la population mondiale sont des hommes, l’autre moitié sont des femmes. Mais si on mettait tout le monde en ligne en commençant par la première personne qui a le plus d’argent et en finissant par la dernière qui en a le moins, on se rendrait compte que les 8 personnes qui se situent du côté des personnes les plus riches possèdent autant que les 3,5 milliards les plus pauvres. 3, 5 milliards de personnes qui vivent avec moins de 2,5$ par jour : c’est la moitié de la population mondiale. C’est la brutalité du système capitalisme.

Par contre, parmi les 8 personnes les plus riches 100 % sont des hommes. Mais dans les 3,5 milliards de personnes les plus pauvres, 70 % sont des femmes. Voilà l’alliance brutale du capitalisme et du patriarcat. Est-ce que nous les femmes de Pan y Rosas qui sommes révolutionnaires, on va lutter pour que parmi ces 8 personnes les plus riches de la planète, il y ait autant d’hommes que de femmes ? Non, on va lutter pour détruire ce système qui permet ces inégalités brutales. »

Si les démocraties bourgeoises, surtout dans les pays « d’occident », ont pu accorder un certain nombre de droits aux femmes, comme l’accès à l’avortement, il ne s’agit en rien d’un progrès linéaire vers plus d’égalité. Ce sont au contraire des acquis de hautes luttes, issus d’un rapport de force, de la lutte des classes. Des acquis sur lequel les classes dominantes peuvent toujours revenir.

Ce qu’a également pointé Andrea D’Atri, c’est l’un des nœuds de l’alliance entre capitalisme et patriarcat : celui de l’invisibilisation de tout le travail domestique, toutes les tâches visant justement à reproduire la force de travail de salariés (nourriture, entretien, etc) effectuée gratuitement par les femmes en très grande majorité : « Ceux qui en bénéficient, ça peut-être le mari ou les enfants […] mais le vrai bénéficiaire économique de ce travail, c’est le capitaliste qui, le lendemain, retrouve un travailleur qui a mangé, dormi, s’est bien vêtu, sans que le patron ait eu à dépenser un centime. »

Le collectif Pan y Rosas, présent en Argentine, en Uruguay, au Chili, au Pérou, au Costa Rica, au Brésil, aux États-Unis, en Allemagne et dans l’État Espagnol milite ainsi au sein du mouvement ouvrier, du mouvement étudiant et dans le mouvement des femmes, pas uniquement pour acquérir plus de droits démocratiques pour les femmes, mais aussi pour renverser ce système d’exploitation et d’oppression.

« Nous voulons lutter pour une société qui en finisse véritablement avec toutes les chaînes qui oppriment et exploitent la majorité de l’humanité. Et c’est pour cela que nous luttons non seulement pour le pain, mais aussi pour les roses. »

Revoir l’intégralité de la conférence et des débats :

À l’approche du 8 mars, nos combats sont devant nous, organisons-nous !

Après l’introduction d’Andrea, le débat s’est ouvert dans la salle. Un débat riche où de nombreuses personnes ont pu revenir sur les luttes des femmes à l’international : la lutte massive pour le droit à l’avortement « libre, sûr et gratuit » ayant secoué l’Argentine l’année dernière et refusé par le Sénat sous la pression de l’exécutif et de l’Église, le mouvement contre les violences faites aux femmes Ni Una Menos très fort en Amérique latine, mais aussi le fait que le mouvement des femmes utilise aujourd’hui les méthodes du mouvement ouvrier telles que la grève, montrant la porosité existant entre classe ouvrière et mouvement des femmes.

« Ce n’est pas un hasard que le mouvement des femmes reprenne aujourd’hui les méthodes de lutte de la classe ouvrière, de la grève, parce qu’aujourd’hui, pour la première fois dans l’histoire, la classe travailleuse est composée à près de 50 % de femmes. Cette séparation, qui a été établie entre les droits démocratiques qui concernent les femmes et de l’autre les questions économiques qui concernerait la classe ouvrière a de moins en moins de sens. » a ainsi ajouté Andrea.

À Toulouse, une Assemblée générale organisée par le collectif « Toutes en Grève 31 » aura lieu mercredi soir à 18 h pour préparer la date du 8 mars sur la ville, à la salle Ernest Renan.

Dans ce contexte, à échelle internationale, la journée internationale de lutte des femmes du 8 mars prend une dimension particulière. Face aux gouvernements néolibéraux attaquant toujours plus nos droits et nos conditions de vie et de travail ; face à la montée de régimes toujours plus réactionnaire ; mais aussi avec l’émergence de toute une génération qui refuse cette société, qui voit la crise historique que connaît la classe dominante, la lutte et l’organisation des femmes se pose avec d’autant plus d’urgence et d’importance.

Il est aujourd’hui nécessaire de s’organiser pour lutter, loin de toutes les variantes bourgeoises d’un féminisme qui ne propose que plus de précarité et qui véhicule l’idée que notre émancipation ne peut se penser qu’à l’échelle individuelle. Pour ce faire, il faut nous inspirer des milliers de luttes des femmes – de l’Argentine au mouvement des Gilets jaunes, en passant par les expériences de grève des secteurs les plus précarisés et féminisés comme les grévistes d’Onet. Des femmes travailleuses, ayant publié des témoignages sur Révolution Permanente (réunis dans une brochure intitulée « Voix et témoignages de femmes travailleuses » ont ainsi appelé, dans la continuité de ces débats, à se réunir, à discuter et à avancer dans l’organisation collective et militante autour de la conception d’un féminisme lutte de classe. Avec comme prochaine étape la construction du 8 mars, pour avancer dans la constitution d’un collectif de femmes révolutionnaires, contre le capitalisme et le patriarcat !

« Parce qu’on ne demande pas, on exige notre droit au pain, et aussi aux roses ! »

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