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La Izquierda Diario
19 de février de 2019 Twitter Faceboock

Nos vies valent plus que leurs profits
Les grèves locales pour exiger une augmentation des salaires se multiplient
Flo Balletti

On voit depuis quelques semaines se multiplier des grèves locales.Une série de conflits offensifs s’inscrivant dans le contexte explosif des Gilets Jaunes.

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Crédit Photo : NR, Sébastien Gaudard - Piquet de grève des salariés du site Poulain, près de Blois

« Tous les grands groupes vont distribuer des primes, parce qu’ils ont vraiment eu peur à un moment d’avoir leurs têtes sur des piques. Ah oui, les grandes entreprises, quand il y avait le samedi terrible, là, avec toutes les dégradations, ils avaient appelé le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, en lui disant : « Tu lâches tout ! Tu lâches tout, parce que sinon... ». Ils se sentaient menacés, physiquement. » Cette déclaration provient d’une journaliste du quotidien patronal L’Opinion et fait suite à l’annonce du 10 décembre de Macron d’encourager les entrepreneurs à fournir une « prime exceptionnelle » de fin d’année. Un moyen évidemment de ne pas pousser vers une augmentation de salaires, seule mesure à même d’offrir durablement de meilleures conditions de vie à tous les travailleurs.

Cette prime facilitée par le gouvernement, car défiscalisée et désocialisée, a effectivement souvent été proposée par le patronat comme mesure du moindre mal face à la perspective de mouvements de grèves massifs. Hier nous écrivions dans un article consacré aux dividendes records pour les actionnaires, « c’est avec empressement que le Medef, terrifié dans ce climat de révolte, a saisi la main tendue par l’Élysée. Les plus grands groupes français ont ainsi concédé, sous pression de la lutte des classes, à leurs salariés la « prime Macron, » à l’image de Total (1.500 euros de prime pour l’ensemble de ses salariés), SFR (1.000 euros pour 12.000 de ses salariés), L’Oréal (à hauteur de 1.000 euros), suivis par de nombreux industriels : « ArcelorMittal, Renault, PSA, Vinci, Airbus, Safran, EDF ou encore Sanofi, qui ont tous indiqué qu’ils avaient accordé une prime à leurs salariés. » (Les Échos). Pourtant dans de nombreuses entreprises, les primes ont été beaucoup plus faibles, voire absolument inexistantes. C’est le cas de la grande distribution où Carrefour ou Auchan n’ont donné qu’une prime avoisinant les 200€ suite à la mobilisation des gilets jaunes. A Castorama, plusieurs syndicats ont ainsi appelé, le 31 janvier dernier à une journée de grève et de débrayages dans toute la France estimant que la prime de 300€ destinée aux 20 000 salariés du pays était insuffisante. 



Mouvements de grève pour des hausses de salaire et jonction avec les gilets jaunes

A Blagnac, près de Toulouse, environ 200 salariés de l’entreprise Derichebourg Aéronautique, un sous-traitant d’Airbus ont débuté un mouvement de grève, ce mardi 19 février devant le siège social de l’entreprise. Des gilets jaunes sont venus en soutien alors qu’une première grève avait été entamée le 12 février avec 120 salariés. En pleines NAO (négociations obligatoires annuelles), les ouvriers veulent une augmentation de salaires de 50€/mois, une prime Macron de 1000€, et
« la renégociation des primes sur l’intéressement et la participation ». Ils prévoient de reconduire le mouvement si leurs revendications ne sont pas satisfaites.

Lundi 18 février 2019, dès 7 h du matin, des salariés du site Poulain, à Villebarou près de Blois, ont quant à eux entamé une action de débrayage, répondant à une décision, prise vendredi dernier, des représentants des salariés de plusieurs sites du groupe Carambar and Co (qui appartient notamment au fonds Eurazeo). Puis, une cinquantaine de salariés ont tenu un piquet de grève devant les grilles de l’usine, passant la nuit sur place. Mardi, la grève s’est poursuivie alors qu’une majorité des 130 salariés ont participé au mouvement. La revendication est claire : une revalorisation salariale générale et pérenne. Pour les délégués syndicaux Ludovic Garnier (CGT), Pascal Chollet (FO) et Aurélien Lambert (CFDT), interrogés par La Nouvelle République : « La direction nous indique que les négociations NAO sont terminées… pas pour nous ! On nous propose des primes, mais pas d’augmentation pérenne. ».

Dans l’agro-industrie, les salariés de l’usine Saipol de Grand-Couronne (Seine-Maritime) se mobilisent depuis plusieurs semaines pour revendiquer des hausses de salaires. Le site de Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique) est par ailleurs bloqué. Les grévistes veulent une augmentation générale des salaires de 7% après qu’ils aient été gelés pendant 4 ans. Le versement d’une prime exceptionnelle de 1500 euros et l’ouverture anticipée des NAO font également partie des revendications.

Dans la chimie, à Villefranche-sur-Saône (Rhône), les salariés de Bayer sont quant à eux entrés dans leur onzième semaine de grève contre le licenciement du délégué CGT et pour de vraies augmentations de salaire. Une grève tournante est mise en place depuis le 10 décembre, jour de la dernière réunion des NAO. Ekrem, membre du CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) et syndiqué CGT explique à L’Humanité : « On avait fait des propositions de 100 euros pour tous les salariés, mais la direction n’a pas voulu en discuter. Et, à la place, notre délégué revient avec une mise à pied ». Gaétan Cornut-Chauvinc, délégué CGT, secrétaire du CHSCT et membre du comité central d’entreprise de Bayer, aurait « intimidé » des cadres du groupe. L’intéressé affirmant que c’est « un dossier monté de toutes pièces ». Un cas de répression sur une figure syndicale qui rappelle l’acharnement et la répression que subissent de nombreux syndicalistes combatifs à l’instar de Gaël Quirante de Sud Poste Hauts de Seine.

Dans l’Hérault et le Gard, 30 chantiers seraient touchés par une grève des ouvriers de Sogea sud bâtiment. 90 des 140 salariés de la filiale de Vinci seraient en grève pour des augmentations de 3% sur les salaires, 2€ supplémentaires sur la prime quotidienne pour l’habillement, le paiement des jours de carences mais plus généralement une amélioration des conditions de travail et une réduction des inégalités salariales.

Cette multiplication des conflits à échelle locale s’inscrit dans la continuité du mouvement des gilets jaunes qui a donné des sueurs froides au patronat. Bien que la journée du 5 février n’ait pas débouché sur une dynamique de grève générale dans tout le pays, ces luttes offensives pour une amélioration des conditions de vie se multiplient à échelle locale. Le mouvement des gilets jaunes n’est certainement pas étranger à ces luttes ouvertes face au patronat. Alors que celui-ci a eu des sueurs froides, c’est le moment pour s’engouffrer dans cette brèche, et passer à l’attaque en réclamant une hausse des salaires pour tous les travailleurs.

 
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